DE MON SMARTPHONE AUX FEMMES DU CONGO
La tradition veut que l’on s’échange des cadeaux à Noël. Voici une « petite » réflexion sur notre village mondial, pour nous aider à mûrir nos choix !
J’ai finalement décidé de renouveler mon téléphone portable puisque mon abonnement le permet et que l’opérateur m’y pousse (j’ai 5 000 points !). J’ai manqué de foi. Foi en moi tout d’abord, puisque, malgré l’aide de You Tube et de eBay partenaires incontournables du consommateur moderne de gadgets électroniques que je suis presque malgré moi, je ne suis pas parvenu à changer l’écran endommagé de mon portable. Manque de foi aussi en l’avenir : il en faut pour croire que ce « non-renouvellement » du téléphone changerait quoi que ce soit à la situation de la planète ainsi épargnée d’une micro-dose de produits toxiques ou de métaux rares.
CONVOITISES
Mais je garde foi en Dieu. De l’anecdote de mon portable, mes pensées et mes prières s’élèvent de mon cœur pour aller vers ces femmes de la région de Goma dans l’Est du Congo, arrachées à leur terre par les guerres de mafias avides. Cette terre, que d’aucuns auraient crue « bénie des dieux », tant elle recèle de richesses à sa surface et dans son sous-sol, est maudite par la convoitise effrénée des commerçants de tous temps, convoitise attisée par ces richesses qui servent à fabriquer de nouveaux téléphones… !
COMMERCES MONDIAUX
Dans son livre atypique, croisant (pré)histoire, sociologie, anthropologie et politique, David van Reybrouck1 brosse un tableau saisissant et effrayant des souffrances subies de mémoire d’homme par les occupants de cette partie du globe. Il fait remonter ce pillage à la première forme de commerce mondial connue : la traite des esclaves. Une fois interdit, l’esclavage sera bientôt suivi par d’autres formes de ponction alimentant les échanges mondiaux : caoutchouc, ivoire, cuivre – jusqu’à aujourd’hui, uranium – celui de la bombe de Hiroshima !, mais aussi le coltan de mon portable et du vôtre. Ce dernier commerce cache, en fait, une guerre stratégique entre pays européens et USA pour l’accès, non seulement aux 80 % des réserves mondiales de ce minerai que recèle le sous-sol congolais, mais aussi à l’électronique des portables et surtout aux industries d’aéronautique et de défense.
CINQ MILLIONS DE VICTIMES
La guerre à l’Est du Congo compte à ce jour plus de cinq millions de victimes ! Depuis une quinzaine d’années, les mouvements armés de la région terrorisent les femmes et les populations pour permettre l’accès de nos multinationales au précieux mélange de métaux rares. Combien faudra-t-il encore de ces victimes ignorées pour que le monde s’émeuve de leur situation et fasse respecter un semblant de droit des femmes dans cette partie du monde ?
En saisissant mon portable, je prie pour elles et je me décide à soulager un peu l’énorme souffrance causée par l’égoïsme des hommes.