« COME ON » fête ses 40 ans !

 Dans Christ Seul, Connecter

Come On est un ensemble de 7 chanteurs – dont une femme – et 3 musiciens, à l’oeuvre depuis 40 ans, essentiellement dans le registre des Negro Spirituals. Interview de l’un des fondateurs à l’occasion de la sortie d’un nouveau CD, Etienne Sommer, également responsable musical.

CHRIST SEUL : Comment se portent les tout jeunes quadragénaires?

[b]Etienne Sommer :[/b] Come On a 40 ans. Ses membres fondateurs un peu plus. Forcément. Des quinqua, des sexa. Mais aussi un presque trentenaire. Et puis, le benjamin de l’équipe qui a 23 ans ! Comment tout ça peut-il tenir ensemble ? Je n’ai pas de réponse à cette question. Ça tient, c’est tout. Come On doit en partie sa longévité à la volonté tenace de ses membres de garder le cap et à leur passion commune pour une musique bien particulière. Mais c’est surtout l’effet d’un miracle renouvelé, quasi permanent qui fait que ce groupe est encore vivant ! Aussi, le premier sentiment qui nous effleure dès que nous évoquons l’aventure Come On, c’est la surprise. L’étonnement d’être encore là. Et, immédiatement après, une immense reconnaissance à Celui qui donne un à-venir aux entreprises humaines les plus improbables ! Alors, comment nous portons-nous ? Eh bien, au bout de ce voyage de 40 ans, un peu fatigués bien sûr. Mais nos yeux brillent encore et nous avons des étoiles plein la tête quand nous nous trouvons à l’unisson avec un public tour à tour porté par le rythme et la joie explosive de nos chants et ou infiniment recueilli, ému, touché par une musique qui semble venir de loin, très loin…

[c]CHRIST SEUL :Pourriez-vous nous raconter en quelques lignes votre parcours ?[/c]

[b]Etienne Sommer :[/b] Je me souviens de ce dimanche après-midi où mon beau-frère Etienne Stroudinsky et moi-même avons partagé notre désir de créer un groupe. Tous deux, nous avions fait du Negro Spiritual, lui à Toul avec les Ambassadeurs, moi au sein du groupe de jeunes de l’Eglise mennonite de St Genis. En novembre 1972, ce sont les premières répétitions, puis quelques mois plus tard le premier concert, que j’accompagnais de ma simple guitare. Deux ans passent, le groupe perd alors trois de ses cinq membres, mais en gagne six autres, dont une pianiste. Les répétitions mais aussi les concerts et autres célébrations commencent à s’enchaîner (aujourd’hui, nous en avons fait près de mille). Pendant un temps, la moitié de notre répertoire est francophone : Brel, Leclerc, Bécaud, mais aussi Akepsimas, Mannick, Noël Colombier et quelques morceaux originaux. Un tournant important est pris lorsque nous faisons le choix de nous concentrer sur la musique noire, avec un groupe réduit. Un peu de gospel – ces chants nés dans les Eglises afro-américaines après l’abolition de l’esclavage (1863), mais surtout du Negro Spiritual, plus ancien, issu de la période de l’esclavage elle-même (1820-1860). Comme le dit si bien Marguerite Yourcenar : « Ce torrent de poésie a coulé tout entier à l’intérieur du XIXe siècle. » Des chants qui ont traversé les modes tout en étant, chaque fois, un peu façonnés par elles.
Au départ, et cela reste en partie vrai aujourd’hui, notre style est passablement inspiré de celui des années 30 du siècle passé, notamment du Golden Gate Quartet. Bien sûr, les apports de nos différents musiciens ont aussi fait évoluer notre musique. Plus old jazz ou plus classique selon les moments, plus blues parfois. Plus a capella ou plus instrumental. Plus soul, plus gospel… et puis retour à la case départ. Le goût des origines, peut-être. Celui de saisir l’état d’une musique à un temps donné, avant qu’il ne soit mâtiné de toutes les influences possibles et imaginables, jusqu’au rock, au rap ou au reggae. Aujourd’hui, le groupe est accompagné d’un orchestre assez classique : piano, guitare électroacoustique, contrebasse, batterie et saxophone.

[c]CHRIST SEUL : Souhaitez-vous transmettre un message à votre public à travers vos chansons ?[/c] [b]Etienne Sommer :[/b] Je ne dirais pas ça. Plutôt que nos chants sont traversés d’une histoire tragique, désespérée au coeur de laquelle surgit, comme un cri, une foi bouleversante. En outre, à la mémoire collective du peuple noir arraché à son continent et réduit en esclavage, se superpose le récit biblique fondateur de la délivrance d’Israël qui fut tiré de l’oppression égyptienne par la main-forte de Dieu. Enfin, nombre de Spirituals s’inspirent de la figure non-violente de Jésus et surtout, de sa mort injustifiée, sur la croix. Tout comme un esclave. Pour notre part, nous aimons ces chants. Bien qu’ils soient sous-tendus par une théologie naïve et à peine formulée, nous les aimons pour leur adéquation à la réalité humaine. Ils collent totalement à l’humain, à ses idéaux les plus profondément enracinés, de liberté, de dignité, d’espérance, de solidarité, d’égalité… Alors, quand nous sommes sur scène, nous ne cherchons pas à délivrer un message, moins encore à « faire de l’évangélisation ». Mais nous constatons qu’un message passe, avec une force qui nous dépasse ! Les récits de détresse comme les explosions de joie des noirs se superposent à ceux des Hébreux, à ceux des premiers croyants de Jésus et aux nôtres, ce que nous exprimons parfois mais avec une certaine retenue, une certaine discrétion… Et l’on constate souvent, à la fin des concerts, que nombre de spectateurs se sont identifiés à ces histoires de malheur, de combat, de deuils mais aussi d’espoir, de courage, de force recouvrée. De foi.

[c]CHRIST SEUL : Vous venez de sortir un album dans lequel Michaël Stroudinsky, un jeune homme talentueux, a apporté sa touche.[/c] [b]Etienne Sommer :[/b] Michaël, une de nos dernières recrues, est le plus jeune d’entre nous. Fils d’Etienne Stroudinsky, il a été immergé dans notre musique depuis son enfance. Musicien créatif aux talents multiples, il aime aussi chanter. Et chanter ces vieux Gospel et Negro Spirituals, même si son bagage est bien plus large comme on peut le constater en écoutant un autre groupe (Metropolitan Parc) avec lequel il fait actuellement le tour du monde. Mais, juste avant de s’embarquer pour une petite année de pérégrination, il a mis à profit les mois de février et mars de cette année pour réaliser notre nouveau CD « Just a little while », en collaboration avec un jeune technicien talentueux, Ben Tixon .

[c]CHRIST SEUL : Pouvez-vous nous parler de cette aventure ?[/c] [b]Etienne Sommer :[/b] Le principe est à contre-courant de notre pratique quarantenaire fondée sur la recherche, dans une écoute mutuelle, d’une harmonie fragile qui est à recomposer à chaque moment. Ici, en tout premier, une piste « basique » de piano, parfaitement cliquée rythmiquement, a été enregistrée. Cette piste a ensuite été effacée, mais c’est sur cette base que la première voix a été mise en boîte. Puis la deuxième, laquelle pouvait se référer aussi à la première voix, etc. Les parties musicales ont été enregistrées à la fin. Michaël a supervisé l’ensemble de ces opérations, et réalisé – en collaboration avec le technicien – le long et important travail de finition du produit. Il a ainsi effectivement mis sa patte personnelle, avec une intuition sûre et des idées précises sur le produit qu’il voulait obtenir. Ecoutez notre nouveau CD, offrez-le autour de vous ! Il n’est pas mal du tout.

[c]CHRIST SEUL : Que pourrions-nous vous souhaiter ?[/c] [b]Etienne Sommer :[/b] Avoir encore du plaisir à jouer, chanter et partager cet enthousiasme avec d’autres. Chercher de nouvelles pistes pour nous améliorer. Parvenir à traverser les crises qui sont le lot de tous les groupes musicaux. Et, pourquoi pas, réussir le redoutable processus de passage du témoin. Mais cela n’est pas véritablement un objectif. Plutôt une curiosité de voir comment Dieu
s’invite dans nos histoires et suscite, par la dynamique de son être vivant, des alliances inattendues, inouïes et porteuses d’espoirs parmi les plus fous.

Propos recueillis par Nathalie Werner

[c]Pour aller plus loin…[/c]« Just a little while – Great Spirituals and Gospel Songs » , CD de Come On, 2012.
Contact : Etienne Stroudinsky, tél. 04 50 40 59 60.
Commandes : etienne.stroudinsky @freesbee.fr au prix de 15 € ou 18 CHF.

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Illisible ? Changez le texte. captcha txt
0

Commencez à taper et appuyez sur Enter pour rechercher