Urgent de prendre le temps…

Les Journées nationales de la Fédération de l’Entraide Protestante, à Montbéliard les 5 et 6 avril, portaient sur le thème « Face à l’urgence, prendre le temps ». Nombreux sommes-nous à vivre l’urgence sur le plan professionnel, mais aussi personnel ! Bien sûr, l’urgence se justifie parfois : devant un blessé grave, par exemple. Certains sont même plus productifs dans l’urgence. Mais lorsque la pression de la hiérarchie impose des tâches dans la précipitation ou l’urgence, il est alors difficile de mener une réflexion à long terme.
L’urgence qui s’impose crée une sorte de « tyrannie du présent ». Dans l’urgence, faut-il encore réfléchir ? Ne faut-il pas plutôt privilégier la réactivité ? Vivre dans l’urgence génère du stress. Cependant, cela a aussi un côté rassurant : même s’il ne s’agit pas de long terme, ce qu’on vit est dense et gratifiant.
Comment situer le présent dans la ligne d’un passé et d’un avenir et tisser entre eux une continuité ? Morcelé en instants successifs, notre présent perd de sa valeur. Sans histoire, perdus dans notre hyperactivité, nous semblons souvent abandonnés à nos propres émotions qui rythment nos vies.
Dans son roman intitulé « La lenteur », Milan Kundera écrit : « Il y a un lien secret entre la vitesse et l’oubli… un homme qui marche dans la rue, et qui veut se rappeler quelque chose ralentit son pas. Par contre, quelqu’un qui essaie d’oublier un événement pénible accélère à son insu sa marche. » Notre société peine à se souvenir. Lorsque l’instant prime sur la durée, cela a aussi des conséquences sur la vie spirituelle…
Depuis 2001, le Québec tente d’instaurer une Journée internationale de la lenteur le 21 juin, jour le plus long de l’année…
Prendre le temps d’écouter Dieu, prendre le temps de rencontrer l’autre et de l’écouter, prendre le temps d’être avant de faire… A chacun d’adapter la liste ! Alors le 21 juin 2013, mais pas seulement, face à l’urgence, saurons-nous prendre le temps ?