L’édito : Mensonges
L’actualité médiatique a révélé plusieurs cas de mensonges. Le plus frappant est celui de l’ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui avait solennellement « promis-juré » devant les députés français ne pas avoir de compte bancaire en Suisse. La crise de confiance envers les politiques s’est aggravée, car après cet épisode, le soupçon va rester : qui dément ment-il ? Le « tous pourris » a de beaux jours devant lui, et risque de faire le lit des extrêmes…Quelque temps auparavant, le mensonge généralisé de la viande de pur boeuf pas si pur que cela a défrayé la chronique et fait ricaner dans les chaumières (p. 11). Si, malgré les étiquetages de plus en plus sophistiqués, la nourriture dans nos assiettes n’est plus digne de confiance, faudrait-il tous cultiver un coin de jardin quelque part ?J’ai été peiné par l’accusation envers le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, accusation de plagiat dans des livres et de mensonge à propos d’un titre universitaire. Si la parole publique des religieux n’est pas digne de confiance, comment le Dieu dont ils parlent peut-il l’être pour nos contemporains ?Ne pensons pas que le monde « évangélique » soit à l’abri de ce genre de dérapages. Aux Etats-Unis (c’est vrai, ce n’est pas « chez nous… »), un enseignant d’une université fondamentaliste, Ergun Caner, a bricolé sa biographie et ses compétences pour donner de la crédibilité à son discours antiislam, attiser les peurs après le 11 septembre 2001 et… stimuler la vente d’un livre.
LEÇONS
De ces mensonges, je retiens quelques leçons. 1. Une fois installé, le mensonge devient une spirale, une culture, un système : comme un virus, plus il diffuse, plus il est difficile de l’arrêter. 2. A court terme, le mensonge peut sembler payant, mais pas à long terme. 3. La course à l’argent et à l’influence devient un redoutable piège à mensonges. 4. Le mensonge détecté sème la méfiance dans les relations et fragilise la cohésion d’une société ou d’un groupe. 5. Citoyens, consommateurs, croyants, nous oscillons entre crédulité et cynisme : nous croyons parfois trop facilement sans vérifier, nous sommes d’autres fois désabusés car dans l’impossibilité de pouvoir vérifier. Le sage de Nazareth avait décidément tout compris, dans une formule à la simplicité divine (Mt 5. 37) : « Que votre parole soit «oui, oui», «non, non» plus qu’un slogan !