LE POUVOIR ET SES MISES EN SCENE

 Dans Christ Seul, Explorer

Vous aimez le style US ou le style France ?Exemple avec la question de l’image donnée par les pouvoirs en place.Pour prendre un peu de recul…

Vous aimez le style US ou le style France ?Exemple avec la question de l’image donnée par les pouvoirs en place.Pour prendre un peu de recul…

Que fait ce groupe d’écoliers emmitouflés devant cette demeure de style néo-classique ? Les uns regardent la maison, mais la plupart ont l’air de discuter entre eux, gaiement, sans trop se préoccuper de ce qui les entoure. Personne ne me regarde, alors que les photographes, en pleine rue, suscitent souvent inquiétude ou curiosité.
Mais il faut dire que faire des photos en cet endroit n’a rien d’extraordinaire. Si je vous dis que nous sommes à Washington, vous devinerez de quel bâtiment il s’agit. En effet : cette maison blanche est la Maison-Blanche, la résidence des présidents des États-Unis d’Amérique. Passant par là, je suis frappé par la proximité entre la rue et le bâtiment. On longe un jardin public tout simple, où l’on découvre cette demeure, certes cossue, mais qui n’a rien, non plus, d’exceptionnel. Elle est là, à portée de main, au bout d’une pelouse ordinaire.

Maison-Blanche et Elysée

Je ne peux m’empêcher de penser, par comparaison, au palais de l’Élysée qui est un bâtiment que l’on ne voit pas depuis la rue. Il constitue un pâté de maisons, clôturé derrière de hautes murailles. L’architecture du palais lui-même est bien plus tarabiscotée. Elle est censée rappeler les palais royaux d’autrefois. Devant le perron, il y a une cour à laquelle on accède en voiture et il faut monter plusieurs marches avant de pouvoir être admis à entrer. Il existe un jardin, de l’autre côté du bâtiment, mais l’avant du bâtiment est placé dans une ambiance minérale et inséré dans une cour carrée qui impose ses pierres superposées de tous côtés.

Deux conceptions du pouvoir

Ces deux bâtiments témoignent de deux conceptions différentes du pouvoir. La France est toujours marquée par l’aristocratie, puis la monarchie absolue, dont la république est sortie. Le pouvoir doit en imposer. Il faut marquer une distance entre le président et l’homme de la rue. Les ors de la république sont là pour souligner que l’on se trouve dans un lieu hors du commun. Le ballet des voitures noires avec chauffeur évoque un univers réservé à quelques privilégiés qui vivent dans une sphère éthérée, loin des contingences du quotidien. De l’autre côté de l’Atlantique, le président doit être « cool ». Gare à lui si on le trouve arrogant ! Il est d’abord un homme ordinaire, arborant, certes, le costume avec cravate, mais sachant évoluer aussi, à l’occasion, en tenue « casual ».
On retrouve parfaitement l’opposition qui avait déjà frappé Alexis de Tocqueville, au 19e siècle, entre une France ayant vécu la révolution, mais étant restée, en son fond, aristocratique, et des États-Unis où la démocratie se vit à tous les coins de rue, dans toutes les communautés locales et où celui qui est élu ne se sépare pas de ceux qui l’ont porté au pouvoir.

Style brutal ou dépassé ?

Mais cette proximité de façade correspond-elle à la réalité ? Sur le toit de la Maison-Blanche, des gardes armés sont en faction. À toutes les portes du jardin qui cerne le bâtiment, des voitures de police montent la garde. Je ne vous conseille pas de vous laisser abuser par la fausse proximité qui émane de cette image. Il pourrait vous en cuire ! De là où je prends ma photo, si je me retourne, je vois le campement de militants pacifistes qui sont installés sur le pavé, depuis des années, pour protester contre l’investissement militaire (et en particulier nucléaire) des États-Unis. Un bloc de maisons plus loin et je découvre des sans-abri sur leur carton. La société américaine est là, avec toute sa brutalité. Aucune distance n’est marquée dans le décor, mais les rapports sociaux, pour directs qu’ils soient, n’en sont pas moins durs et sans états d’âme.
Les Français reprochent volontiers aux Américains leur style brutal et sans nuances, tandis que les Américains sont mal à l’aise avec la société française (et même anglaise) faite de classifications, d’étiquettes et de manières désuètes.

Amour du prochain version France ou US

Mon propos n’est d’ailleurs pas de comparer les mérites respectifs des deux systèmes, mais plutôt de souligner que l’appel à l’amour du prochain n’a pas la même portée dans les deux cas. Malgré tous les discours tenus sur l’intégration, il reste toujours difficile, en France, d’échapper à ses origines : nationales, sociales, puis scolaires. L’égalité des chances y est largement un vœu pieux. En revanche, il nous paraît normal d’organiser des circuits de financement lourds et complexes pour venir en aide à ceux qui sont moins riches. C’est le bon côté, si l’on veut, de l’aristocratie : le « noble » se sent investi d’une mission de protection des « roturiers » placés sous sa responsabilité.
Dans le contexte actuel de la mondialisation, il est intéressant de comparer les sociétés les unes aux autres, pour se laisser inspirer par les éléments positifs qu’elles parviennent à mettre en œuvre. Mais la possibilité de copier les fonctionnements les plus égoïstes des autres pays existe aussi ! Et on en voit de nombreux exemples, autour de nous, aujourd’hui.

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