CHRÉTIENS CARNIVORES OU VÉGÉTARIENS ?
La question du végétarisme agite certains cercles, mais assez peu le monde des chrétiens évangéliques.Qu’en penser ? Point de vue d’un mangeur de viande qui examine les textes bibliques, et témoignage d’un végétarien.
Un chrétien doit-il être végétarien ?
Reconnaissons que cette question s’est assez peu posée dans l’Histoire. Car peu de choses, dans la révélation ou la tradition judéo-chrétiennes, semblent aller dans ce sens. Mais il est vrai que, dans le premier chapitre de la Genèse, après avoir créé l’être humain, Dieu lui dit : « Je vous donne toute herbe à graine sur toute la surface de la terre, ainsi que tout arbre portant des fruits avec pépins ou noyau : ce sera votre nourriture » (Gn 1.29). Notons au passage que les animaux eux-mêmes doivent, selon le verset suivant, se nourrir d’herbe verte.
Que dit la Bible ?
Ce n’est que plus tard, après le déluge, que Dieu autorisera les hommes à manger les animaux (Gn 9.3). On retrouve également cet aspect dans une dimension eschatologique. En effet, en Es 11.6-9, des temps nous sont annoncés où les animaux ne se mangeront plus entre eux. (Mais un peu plus loin, en Es 25.6-10, le Seigneur annonce qu’il préparera lui-même un banquet composé de mets succulents, pleins de graisse ou de moelle, et bien des traductions parlent assez naturellement de « viandes grasses »).
On peut donc comprendre, de la part de certains chrétiens, un désir de suivre une volonté de Dieu d’« avant la chute » qui les pousserait à s’abstenir de viande.
Mais reconnaissons que, de l’autre côté, il y a tout le reste de la révélation. En effet, si la loi distingue entre animaux purs et impurs, elle n’envisage aucunement qu’il serait « mal » de manger de la viande.
Et cela semble encore plus évident pour les chrétiens. En effet, Jésus affirme que tous les aliments sont purs (Mc 7.15-19) et, dans le livre des Actes, Pierre aura une vision qui lui manifestera très explicitement que Dieu déclare purs – et donc mangeables – tous les animaux (Ac 10.10-15). Plus tard, il y aura des discussions dans l’église primitive autour des viandes sacrifiées aux idoles, mais ce n’était nullement la viande qui était en question, mais la dimension spirituelle qui lui était liée. Ajoutons que Jésus a mangé du poisson, qu’il a nourri la foule en multipliant des poissons et qu’on imagine qu’il a dû manger de l’agneau lors de la Pâque…
Un choix personnel
Mais cela n’empêche pas un chrétien de faire le choix personnel d’être végétarien. Il pourrait le faire pour plusieurs raisons : la lutte contre les souffrances imposées aux animaux dans les élevages actuels, le souci du coût écologique de l’élevage des animaux, le souci des personnes des pays les plus pauvres, voire la volonté d’être solidaire avec elles. Certains pourront également insister sur des arguments plus diététiques : il n’est certainement pas sain de manger trop de viande…
Les arguments pour au moins limiter notre consommation de viande ne manquent pas, mais nous devons reconnaître qu’ils ne sont ni « bibliques », ni même, à proprement parler « théologiques ». Contrairement à d’autres religions, le christianisme n’interdit en rien la consommation de viande. Il souligne, au contraire, la liberté qui est la nôtre, pourvu que nous agissions pour la gloire de Dieu (1 Co 10.31). Le chrétien qui fera le choix d’être végétarien le fera en conscience, mais ne pourra pas le présenter comme une obligation ni l’imposer à quiconque. « L’un a la conviction de pouvoir manger de tout ; l’autre, qui est faible dans la foi [cette parenthèse de Paul, pertinente dans le débat auquel il participait, ne me semble pas concerner les végétariens d’aujourd’hui], ne mange que des légumes. Que celui qui mange de tout ne méprise pas celui qui ne le fait pas, et que celui qui ne mange pas de tout ne juge pas celui qui le fait, car Dieu l’a accueilli. » (Rm 14.2-4)
La portion congrue au végétarisme
Les abattages représentent 35 200 000 tonnes de viande chaque année en France. Chaque Français consomme 88,6 kg de viande par an. 2 à 3 % des Français seraient végétariens (1,2 à 1,8 million de personnes).
Le pire élève de l’Europe est le Portugal, avec seulement 0,3 % de la population végétarienne. Cependant, les statistiques sont encore très approximatives ; beaucoup de gens se définissent comme végétariens, alors qu’ils consomment occasionnellement de la viande, voire fréquemment du poisson.
Vegactu.com, Arte