Mennonites et Catholiques: où en est le dialogue au niveau mondial ?

 Dans Christ Seul, Explorer

Les relations entre catholiques et mennonites varient beaucoup selon les contextes.Etat des lieux des contacts officiels au plan mondial. Pour prendre un peu de hauteur.

Depuis la Réforme au 16e siècle, catholiques et mennonites ont eu des relations difficiles. Nos ancêtres anabaptistes ont quitté l’Eglise catholique romaine, à cause de sa mondanité et de sa corruption. Il était presque impossible pour les anabaptistes puis pour les mennonites de voir quoi que ce soit de bon dans le catholicisme romain qui (comme les Eglises protestantes d’Etat) les persécutait. Plus tard, même en l’absence de persécutions, les mennonites se sont sentis opprimés par la domination catholique qui s’exprimait dans la vie publique et culturelle.
Les historiens modernes ont confirmé qu’une bonne part du catholicisme du 16e siècle correspondait à la description qu’en a fait la Réforme. Mais ils ont aussi montré qu’il y avait un autre type de catholicisme à l’époque : les mouvements monastiques et de laïcs qui critiquaient la mondanité et la corruption de leur Eglise.

Vatican II

Lors du concile Vatican II dans les années 1960, l’Eglise catholique romaine a mis en place une réforme profonde et étendue. L’Eglise catholique romaine est devenue plus humble et plus critique envers elle-même. Les célébrations furent davantage centrées sur Christ et sur la Bible. Un accent plus grand fut placé sur la prière et la lecture de la Bible personnelle et en groupe. Les catholiques s’engagèrent de manière risquée en faveur des peuples opprimés et appliquèrent des méthodes non-violentes dans les conflits.
En apprenant à mieux connaître les catholiques et les autres protestants, les mennonites sont aussi devenus plus humbles et plus critiques envers eux-mêmes. Historiquement, l’un de nos péchés a été celui de la propre justice. Nous avons pris conscience que d’autres Eglises appliquaient des aspects de l’Evangile de manière plus fidèle que nous-mêmes. Nous avions à apprendre des autres Eglises, comme elles pouvaient apprendre de nous.

Dialogue mondial entre catholiques et mennonites

Dans les années 1990, au vu des relations entre catholiques et mennonites à divers niveaux, le souhait a grandi d’examiner ensemble le passé et d’aller vers une meilleure compréhension mutuelle. Ce processus a conduit à la mise en place du Dialogue catholique-mennonite au plan mondial qui a eu lieu de 1998 à 2003. Un rapport intitulé « Appelés à être des artisans de paix » en a résulté (disponible sur www.mwc-cmm.org). Le but de ce dialogue était de « surmonter les conséquences de près de cinq siècles d’isolement et d’hostilité réciproque », pour aller vers une guérison des mémoires. On n’y a pas évité de nommer franchement les désaccords et de reconnaître les blessures, ce qui a permis de dégager des engagements communs.

Les luthériens demandent pardon

En France, en Allemagne, aux Etats-Unis et au Canada, mennonites et luthériens ont entrepris des démarches similaires. Cela a débouché, au niveau mondial en 2009 à Stuttgart, sur une demande de pardon des luthériens aux mennonites, pour avoir, sous peine de mort, contraint des mennonites à devenir luthériens. Nous avons vu l’humilité et la repentance des luthériens comme des marques du Saint-Esprit et nous avons entendu l’Esprit nous demander de répondre de la même manière. Nous avons aussi été touchés par la volonté de l’Eglise catholique romaine, la plus grande Eglise numériquement dans le monde, à apprendre de l’une des plus petites.

Le baptême au coeur des divergences

Cette vulnérabilité mutuelle a conduit les représentants des trois Eglises à proposer un dialogue à trois sur le baptême, différence la plus grande entre nous et les deux autres Eglises. Les mennonites croient que le baptême symbolise l’oeuvre de la grâce de Dieu et notre réponse à celle-ci : nous mourons avec Christ et ressuscitons à une vie nouvelle comme membres de son corps, l’Eglise (Rm 6). Catholiques et luthériens ont exprimé le fait que notre rejet du baptême des enfants implique un rejet de leur caractère pleinement chrétien, parce que pour eux le baptême est la marque du chrétien. Nous avons répondu en disant que nous partageons une foi commune avec eux et avec toutes les Eglises qui croient dans le Dieu trinitaire, qui suivent Christ comme Sauveur et Seigneur et qui acceptent la Bible comme autorité ultime.
En décembre 2012 à Rome, une première rencontre a eu lieu. Nous avons découvert que, dans certains pays, catholiques et luthériens sont devenus une sorte d’ « Eglise libre » : ils y sont des minorités au sein de sociétés sécularisées, ils désirent y vivre une vie de disciples et veulent élever leurs enfants baptisés de manière chrétienne. Nous avons aussi découvert que, dans d’autres pays, catholiques et luthériens fonctionnent comme Eglises nationales et baptisent les enfants « sans distinction » (selon leurs dires).
Nous avons écouté nos partenaires exprimer leur souci que notre accent sur la réponse humaine à l’Evangile place trop de poids sur notre décision et notre obéissance, au point de négliger l’oeuvre préalable de la grâce de Dieu qui rend notre réponse possible.

Comment avancer ?

Nos trois Eglises pourraient-elles se rapprocher un peu dans leur pratique de l’Evangile en se mettant d’accord sur le fait que de venir au Christ implique à la fois l’action première de Dieu et notre réponse ? Pourrions-nous faire un pas supplémentaire en nous mettant d’accord sur le fait que la grâce de Dieu est à l’oeuvre dans la vie d’un enfant avant qu’il ne puisse y répondre et que, en même temps, le travail du Saint-Esprit en chaque enfant n’est pas achevé tant qu’il ne vient pas à la foi et à l’obéissance au Christ ? Cela n’impliquerait pas de renoncer à notre conviction que, selon le Nouveau Testament, le baptême est sur confession de foi. Mais pourrions-nous fonder notre conviction à propos de notre rôle dans la conversion et le baptême de manière plus profonde dans l’action première de Dieu ?
Le dialogue entre les Eglises n’implique pas que mennonites ou catholiques abandonnent des convictions qui leur sont chères et vers lesquelles leur découverte de l’Evangile les a conduits. Mais, par le ministère du Saint-Esprit, ces convictions peuvent tous nous rendre davantage semblables au Christ. Prions et vivons pour qu’il en soit ainsi !

Pour aller plus loin…
« Appelés à être des artisans de paix – Rapport du dialogue international entre l’église catholique et la Conférence Mennonite Mondiale (1998-2003) », www.mwc-cmm.org

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