ACTES DES APÔTRES : LES QUATRE BASES DE LA VIE COMMUNAUTAIRE
L’Eglise primitive de Jérusalem et son vécu (Ac 2.37-47) sert de référence à toute église qui se respecte… Invitation joyeuse à puiser à cette source !
En Actes 2.37-41, nous apprenons qu’un nombre considérable de personnes (3000 !) ont accueilli la prédication de Pierre lors de la Pentecôte, se convertissant et se faisant baptiser (2.41). Les versets suivants (2.42-47) décrivent la vie communautaire de cette Église naissante, et le moins que l’on puisse dire est que ce tableau peut évoquer en nous des sentiments équivoques : nous faire envie, comme nous faire peur. Envie, parce que ce qui y est décrit est très beau. Mais peur, parce que nous savons bien que la grande majorité de nos communautés ne lui ressemblent pas beaucoup : et si nous étions pourtant censés lui ressembler ? Cette toute jeune communauté était unie et elle était heureuse. Elle vivait quelque chose de fort, elle était attirante (2.47). Alors, pourquoi ne pas nous laisser séduire par elle ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour lui ressembler ? Notre texte met en lumière quatre dimensions de la vie communautaire chrétienne au v. 42, quatre « bases » sur lesquelles il est bon de s’attarder pour réfléchir à leur force d’interpellation pour aujourd’hui.
L’enseignement des apôtres
Cette première Église avait comme pasteurs et enseignants ni plus ni moins que les apôtres : pas facile de rivaliser aujourd’hui ! Mais ne passons pas à côté du fait que les chrétiens étaient « assidus » à leur enseignement. C’est un terme fort. On pourrait aussi le traduire par « ils s’attachaient fermement » à l’enseignement des apôtres. L’image qui se dégage ici est celle d’une communauté qui voulait, avant toutes choses, se former. Une Église qui désirait ardemment connaître, comprendre, vivre, appliquer cet enseignement dans sa vie. Elle avait soif de connaissance, soif de la parole de Dieu, soif de croître en maturité chrétienne. Et si ce texte nous invitait, nous aussi, à retrouver ce désir, ce sentiment d’admiration pour Dieu, cette recherche, cette soif de sa parole ? Ne soyons jamais satisfaits, repus. Comment pourrions-nous être repus de Dieu ?
La communion fraternelle
La deuxième dimension, la koinônia, indique le « fait d’avoir part à quelque chose avec quelqu’un ». Les chrétiens ont part à Christ et à ses bénédictions, et parce qu’ils ont ensemble part à tout cela, ils sont nécessairement en communion les uns avec les autres. Cette communion pourrait s’exprimer de bien des manières, mais dans notre texte, elle semble se rapporter spécifiquement au partage des biens matériels. C’est ce que nous lisons aux v. 44-45 : « Tous les croyants étaient ensemble et avaient tout en commun. Ils vendaient leurs biens (ou leur propriété) et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. » Les premiers chrétiens avaient donc un sens aigu de leurs responsabilités réciproques : ils prenaient soin les uns des autres, concrètement, généreusement. Quand un besoin se faisait sentir, ils étaient prêts à sacrifier une partie de leurs possessions pour le bien commun. L’autre, le frère, la sœur, avait bien plus de valeur à leurs yeux que leurs plus précieuses possessions.
Ce principe, à l’œuvre dans leur « communion fraternelle », est toujours aussi pertinent aujourd’hui. En prenant part à Christ, notre système de valeurs doit changer. Les possessions, l’argent, ne sont plus des droits, mais des outils à la gloire de Dieu et au service de son peuple. Que sommes-nous prêts à abandonner pour le bien commun ? Combien de temps, d’énergie, de disponibilité, d’argent, sommes-nous disposés à partager avec nos frères et sœurs ? Jusqu’où laisserons-nous Christ transformer nos systèmes de valeurs ?
Le partage du pain
Troisième caractéristique de cette jeune communauté : le partage du pain. Étonnant, n’est-ce pas ? Les croyants aimaient se retrouver, et ils le faisaient souvent (tous les jours, comme l’indique le v. 46), notamment autour de la table. Leurs maisons étaient ouvertes aux uns et aux autres, et ils partageaient leurs repas « avec allégresse et simplicité de cœur ». Le repas est un temps privilégié pour apprendre à vraiment se connaître, s’apprécier et s’aimer authentiquement, autour de conversations profondes et vraies, par exemple. En un sens, cette hospitalité mutuelle reflète l’essence même de l’Évangile : d’étrangers que nous étions, Dieu nous a invités à manger à sa table. Ce n’est d’ailleurs pas anodin si Dieu lui-même nous convie régulièrement à un repas, à la Sainte Cène, lors de laquelle il nous nourrit et nous aime.
Et nous, désirons-nous vraiment apprendre à mieux nous connaître les uns les autres ? Sommes-nous prêts à nous dévoiler ? Jusqu’où ? Sommes-nous disposés à vivre des relations fraternelles, dans la communauté, toujours plus vraies, toujours plus profondes ? Le meilleur moyen de le savoir, n’est-ce pas justement de s’inviter les uns les autres et de passer du temps ensemble ?
Les prières
Finalement, « les prières ». Tout au long des Actes, nous découvrons que la première Église était une Église « priante », individuellement et communautairement. C’était là une attitude normative pour l’Église primitive comme elle doit l’être encore pour nous. D’une certaine manière, la prière est le ciment de la communauté, mais aussi le ciment des trois autres piliers qui sont mentionnés dans le texte. L’enseignement ne suffit pas pour maintenir et faire croître l’Église. Le partage ne saurait, à lui seul, répondre à tous les besoins des membres de la communauté. Et les repas, aussi importants soient-ils à la cohésion de l’Église et à la fraternité, ne remplacent pas les temps que nous prenons pour prier les uns pour les autres.
En tant que communautés, nous avons besoin des prières de chacun et chacun a besoin des prières de la communauté. Ne cessons donc jamais de lui redonner la première place dans nos vies communautaires. Elle nous changera, elle nous donnera de la profondeur, de l’entrain, de l’envie et beaucoup de joie.