L’édito : Municipales

Le spectacle que nous offrent les hommes et les femmes politiques au niveau national, de tout bord, est souvent démoralisant pour quiconque garde le souci du bien commun. L’actualité politicienne surfe d’un scandale à un autre, d’une malversation supposée à une corruption avérée, chaque parti en profitant pour décrédibiliser l’adversaire. Alors que des élections municipales sont en vue ou en cours,une double tentation guette tout citoyen – et le citoyen chrétien aussi.

DOUBLE TENTATION

D’une part, le « tous pourris ». Même si 99 % des politiques l’étaient, il s’agirait de soutenir le 100e. Même si les « magouilles » y existent, on trouve vraisemblablement à l’échelon communal un niveau d’honnêteté inversement proportionnel à la taille des municipalités. « Small is beautiful » dit-on parfois.D’autre part, l’attente de l’homme, de la femme, du parti providentiels : l’espoir fou qu’une personne ou un parti incarne une rectitude sans faille et remette enfin de l’ordre dans le désordre ambiant. Même si cette attente est moins forte au niveau communal qu’au plan national, elle est également dangereuse, car elle accorde trop de crédit à une personne ou à un parti qui aurait la solution simple aux problèmes les plus complexes…La Fédération Protestante de France a diffusé un appel intitulé « Pour ma commune, je vote, à l’occasion des municipales de 2014 ». Le texte invite à « voter pour dire non à la peur et au repli, pour dire oui à l’intérêt général et au dialogue respectueux ». Il en appelle à la responsabilité citoyenne lors de ces élections qui sont l’occasion d’élire des personnes « pour exercer le pouvoir et gérer en notre nom » et pour « décider de la manière de vivre ensemble dans la commune ».

ESPÉRER CONTRE TOUTE ESPÉRANCE

Face à la double tentation mentionnée, on pourrait souhaiter aux chrétiens de savoir « espérer contre toute espérance », manière de ne pas s’illusionner face aux hommes et aux femmes politiques – même quand ils revendiquent une étiquette chrétienne (p. 22- 23) – tout en cherchant le bien de la cité et en soutenant celles et ceux dont on peut cueillir ici ou là de bons fruits. Le souhait de Dieu de tout réconcilier nous invite à nous préoccuper du bien commun… et à faire des Églises des bandes-annonces du monde nouveau que nous espérons. Un autre « spectacle ».