ARTICLE 24 – LE RÈGNE DE DIEU
Nous plaçons notre espérance dans le règne de Dieu et en son accomplissement lorsque le Christ, notre Seigneur ressuscité, reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Alors il manifestera le règne dans sa plénitude. Il rassemblera son Église qui s’efforce, aujourd’hui déjà, de vivre selon le modèle de Dieu et sous son autorité. Nous attendons la victoire finale de Dieu, la fin de ce temps présent de lutte entre le mal et le bien, la résurrection des morts et l’apparition de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre. C’est là que le peuple de Dieu régnera avec le Christ dans la justice, la vérité et la paix.
Nous croyons que Dieu a créé l’univers et continue de s’y manifester avec sagesse, patience et justice, même si beaucoup de personnes, à cause du péché, ne reconnaissent pas son action. Le reste fidèle d’Israël a reconnu Dieu comme roi et en même temps s’attendait au plein accomplissement de son règne1. Nous affirmons que par le ministère, la mort et la résurrection de Jésus, le règne de Dieu a fait irruption dans le monde2. Jésus a proclamé à la fois l’imminence et la réalisation future du Royaume de Dieu, avec ses dimensions de guérison et de jugement. Par sa vie et son enseignement, il a montré que la proclamation du règne de Dieu s’adresse à tous, et notamment à ceux que le monde méprise et rejette3. C’est Jésus - Christ que Dieu a établi Roi et Seigneur de ce royaume4.
Nous croyons que l’Église est appelée à vivre aujourd’hui selon les principes du règne de Dieu et à connaître de la sorte comme un avant - goût du royaume que Dieu établira un jour dans toute sa plénitude. L’Église est une réalité spirituelle, sociale et économique5 qui doit illustrer aujourd’hui la justice, l’équité, l’amour et la paix du monde à venir. Elle obéit ainsi à son Seigneur, anticipant de la sorte le jour où le royaume de ce monde deviendra le royaume de notre Seigneur6.
Nous croyons que, tout comme Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts, nous serons nous aussi ressuscités d’entre les morts7. Lorsque le Christ glorieux reviendra pour le jugement, tous ceux qui sont morts se lèveront – « ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection qui mène à la vie ; ceux qui auront pratiqué le mal, pour la résurrection qui mène au jugement »8. Les justes ressusciteront pour la vie éternelle avec Dieu et les injustes pour l’enfer et la séparation d’avec Dieu (Mt 25,37 - 46). Par là, Dieu fera justice à tous ceux qui ont souffert la persécution à cause de son nom et confirmera la victoire sur le péché, le mal et la mort elle - même.
Nous attendons de Dieu la venue de nouveaux cieux, d’une nouvelle terre et d’une nouvelle Jérusalem, la cité sainte où le peuple de Dieu ne connaîtra plus ni la faim, ni la soif, ni les larmes9 mais entonnera des chants de louange : « A celui qui siège sur le trône et à l’agneau soient louange, honneur, gloire et puissance pour toute éternité ! Amen ! »10
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Enjeux
• Par cet article, conformément à notre compréhension de la Parole de Dieu, nous avons cherché à ne pas séparer l’enseignement sur le règne à venir des exigences de l’éthique chrétienne pour aujourd’hui. La doctrine du règne de Dieu est en mesure de nous éclairer par rapport à ce que nous avons à vivre aujourd’hui. Ce que Dieu donne à voir par rapport à ce monde et au monde à venir (voir l’Apocalypse) apporte dès à présent consolation et joie, une force que même la mort ne peut éteindre.
• Le véritable sens de l’eschatologie (= la doctrine des « fins dernières ») n’est pas dans l’établissement d’une liste d’événements prédits, mais dans la promesse du retour de Jésus - Christ, qui, ultimement, apportera un terme définitif à la question du mal et de ses conséquences.
• L’article souligne que, quels que soient le lieu et le moment, tant que ce règne n’est pas venu dans sa plénitude, la fidélité à Jésus - Christ a un coût. La perspective de l’espérance promise nous aide à persévérer dans le témoignage de Jésus et à accepter l’éventualité d’une souffrance en lien avec lui.
• Une telle perspective nous paraît saine : elle évite les spéculations et elle centre sur l’essentiel : Jésus - Christ et la vie nouvelle. Elle nous aide à ne pas nous évader, ni dans ce monde - ci, ni dans celui à venir. Elle nous permet de vivre l’aujourd’hui de Dieu dans la confiance.
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Commentaire
I- L’Église est appelée à vivre aujourd’hui selon les principes du règne de Dieu, et ainsi d’en témoigner. Notre vie communautaire actuelle doit également prendre pour source d’inspiration celle que nous aurons dans le temps à venir. Cela signifie que l’Église devrait chercher à vivre l’éthique de ce règne dans le monde actuel sans attendre sa réalisation dans un monde uniquement futur. Cependant, l’Église n’est pas assimilable au royaume ou au règne de Dieu. Elle ne doit pas croire qu’elle peut incarner le règne de Dieu dans sa plénitude dès aujourd’hui, ni par un changement brutal, ni par une amélioration graduelle des conditions de ce monde.
II- L’idée du jugement dernier pose problème à certains, car elle semble mettre l’accent sur la colère de Dieu au détriment de son amour et de sa miséricorde. La patience bienveillante de Dieu est si grande qu’il n’impose une relation d’alliance à personne, mais laisse libres ceux qui, refusant cette alliance, ne pourront que reconnaître amèrement leur égarement lors de la venue en gloire du Christ. Ceux qui commettent le mal sans se repentir ne resteront pas impunis. Ceux qui souffrent pour la vérité peuvent s’attendre au règne de Dieu comme à un temps de justice et de délivrance du mal (Ps 37 ; Ap 6,9 - 11). Dans le temps à venir, nous assisterons à de surprenants renversements de statuts, lorsque les puissants seront abaissés et les humbles élevés (Lc 1,52 - 53 ; voir aussi Lc 3,5).
Cette justice inclut la résurrection des morts et la vie éternelle pour ceux qui croient en Jésus - Christ (Jn 6,40 ; 11,25 - 26). De la même manière que Dieu a ressuscité Jésus - Christ d’entre les morts, ceux qui lui appartiennent passeront de la mort à la vie (1 Co 15,15 - 21). Aujourd’hui, nous suivons le Christ dans nos corps mortels ; nous nous réjouissons à l’idée de vivre en Christ avec des corps nouveaux et ressuscités (1 Co 15,35 - 57).
Le Nouveau Testament parle souvent de la résurrection. Il aborde moins fréquemment et clairement la question de l’état des personnes entre le temps de leur mort et de la résurrection. Mais nous qui sommes en Christ, nous sommes assurés que même la mort ne peut nous séparer de l’amour de Dieu (Rm 8,38 - 39)
III- La dimension politique et sociale de l’Église est une réalité aujourd’hui et le restera dans le temps à venir. L’Église est une réalité collective que gouverne Dieu par le Christ. Même dans le temps à venir, l’Église ne sera pas une entité spirituelle désincarnée ; elle s’inscrit dans la nouvelle terre et les nouveaux cieux (voir l’article 23, « Les relations de l’Église aux autorités et à la société »).
Jésus recommanda à ses disciples de ne chercher à savoir ni l’heure ni le jour de la venue du Fils de l’homme (Mt 24,36). Il nous a également enseigné à être prudents (Mc 13,5.23.33) et à ne pas identifier de manière exclusive des peuples, des endroits et des événements de la fin des temps avec des peuples particuliers, des endroits précis et des événements actuels. Le peuple de Dieu devrait au contraire toujours vivre dans la justice, louer Dieu, suivre le Christ et se laisser conduire par l’Esprit en attendant le retour de notre Seigneur et Sauveur Jésus - Christ. Ce n’est qu’ainsi que nous veillerons et serons prêts, suivant l’enseignement de Jésus (Mt 24,42 - 44). « Les derniers jours » sont, selon les auteurs du Nouveau Testament, une réalité qui a débuté par la première venue du Christ sur la terre et s’achèvera lors de son retour (Jl 3.1 - 5 cité à la Pentecôte en Ac 2,17, etc.).
IV-Notre décision pour ou contre Jésus est déterminante en matière de jugement (Jn 3,18). Néanmoins la notion de rétribution est présente dans l’Écriture, en sachant que c’est le Christ qui présidera au jugement. Le principe de rétribution doit être connu par les croyants, avec ses gradations dans la condamnation (2 Co 5,10) et dans les récompenses (1 Co 3,14 - 15 ; Jc 2,12 ; Ap 14,13 ; etc.). Il s’agit d’un effet à la fois de la bonté et de la sainteté divines.
Notes
1- Ex 15,18 ; Jg 8,23 ; Za 14,9
2- Mc 1,15
3- Mt 5,10 ; 8,10 - 12 ; 21,31 ; Lc 6,20
4- Ps 2,7 ; Mc 1,11 ; Ph 2,9
5- Ac 2,41 - 47
6- Ap 11,15 ; 15,4b
7- 1 Co 15,12 - 58
8- Jn 5,28 - 29
9- Ap 21,1 - 4 ; 7,9 - 17
10- Ap 5,13 - 14