Un village de tentes

 In Blog, Paraguay 2009

En ce début de la première journée complète du rassemblement mondial (15 juillet), j’installe quelques éléments typiques de notre culture (vins, petits gâteaux) et de nos Eglises de France (photos de bâtiments, dépliants sur les œuvres) sur des tables du  village mondial. C’est un modeste ensemble de tentes assez grandes pour recevoir une exposition des Eglises réparties par continent.

Pour ce qui concerne l’Europe, nous manquons de place ; plus tard, en faisant le tour du « village », je remarque que l’espace réservé aux Européens, berceau historique des mennonites est… identique à celui des autres continents. L’Amérique du nord même a perdu sa primauté qui revient au sud du continent et au Paraguay, pays hôte. Le restant de la journée, cette idée me rejoint : depuis la dernière conférence à laquelle j’assistais il y a 25 ans, l’évolution amorcée devient patente:
les chignons couverts d’une bonnette ont fait la place aux coiffures modernes, les visages blancs aux teints cuivrés ou noirs, l’allemand ou l’anglais à l’espagnol et au guarani. Extrême diversité.

Alors que les « signes extérieurs » qui caractérisaient les mennonites s’estompent, l’identité de cet ensemble se déplace vers des valeurs partagées qui sautent moins aux yeux : la centralité de Christ, la clarté de la Parole lue ensemble, l’importance de la vie communautaire, la foi comme vie sans défense mais luttant activement contre le mal, le service concret comme annonce de l’Evangile… Voilà ce qui unit et attire des chrétiens de tous les continents et de toutes les cultures.

En Amérique du Sud, où les mennonites ethniques sont relativement rares, on se définira alors plus volontiers comme « anabausistas ».  Le Paraguay résume cette évolution dont on rêve qu’elle s’étende à la « vieille Europe » : les quelques 30 000 mennonites rassemblés en colonies se mettent au service de leurs concitoyens et leur témoignage concret modifie le paysage du pays dans toutes sortes de domaines : l’ouest du pays (le « Chaco ») où ils sont économiquement très actifs ne connait pas la crise, le microcrédit se développe, les médecins et soignants mennonites proposent des prises en charge nouvelles (maladies psychiatriques, lèpre, ophtalmologie…). Une chose me frappe : dans chaque conversation avec jeunes ou plus âgés, je ressens le sens d’une mission au service des pauvres de leur pays d’adoption. C’est ce que proclame sans fausse pudeur, la stèle gravée qui trône à l’hôpital pour lépreux : « L’amor de Dios nos obliga », « L’amour de Dieu nous presse/motive» (d’après 2 Cor 5,14).

Les mennonites du Paraguay sans renoncer à leur langue, leurs cantiques ou leur cuisine élargissent « l’espace de leur tente » (cf. Es 54,2). Cela reste une tente, fragile, précaire mais assez large pour accueillir ceux qui ont besoin de l’amour de Christ.

Daniel Goldschmidt

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Not readable? Change text. captcha txt
0

Start typing and press Enter to search

Share This