Paix et réconciliation en Côte d’Ivoire déchirée par la guerre
Alors que le gouvernement de la Côte d’Ivoire avance prudemment dans un processus d’unification du pays après 10 ans de guerre civile, marquée par la crise post-électorale qui a coûté la vie à au moins 3 000 personnes, une envoyée du Mennonite Mission Network, avec une équipe d’Ivoiriens, recommande aux chrétiens d’être des témoins vivants de paix, d’amour et de réconciliation dans la société.
Dans le cadre d’une formation « Guérison et Réconciliation », les responsables d’Eglise apprennent à conseiller ceux qui ont été traumatisés par la guerre, à pardonner pour guérir les relations et à aider le pays à avancer sur le chemin de l’unité. Martine Audéoud qui, avec son mari, Gary Wittig, travaille avec Mennonite Mission Network et la Faculté de Théologie Evangélique de l’Alliance Chrétienne à Abidjan, a coordonné ce projet de formation.
Guérison et réconciliation
Des séminaires ont eu lieu en juin, juillet et début août, à raison de trois ou quatre heures par jour, pendant trois ou quatre jours. Une équipe de deux personnes est allée à Duékoué où le conflit a été très dur, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire pour former, pendant une semaine, environ 25 conseillers à intervenir au sein de la population.
« Ils apprennent à identifier leurs blessures », explique Martine Audéoud. « Ils apprennent qui est le Christ, mort pour nos blessures ; par sa mort et de sa résurrection, ils peuvent obtenir le pardon. Ils apprennent que le pardon peut être accordé une fois pour toutes, mais qu’il faut y revenir encore et encore lorsque reviennent les souvenirs douloureux. »
Ces séminaires apportent les résultats suivants.
Résultats
« Tout un village avait été brûlé et les puits empoisonnés, pour que les gens d’une ethnie n’y reviennent pas. Le pasteur de ce village, après avoir suivi une formation en vue de la guérison et de la réconciliation, a dit qu’il était maintenant prêt à rentrer au village et à saluer de nouveau ses voisins. »
« Un pasteur et sa famille se trouvaient chez eux quand leurs voisins ont décidé de brûler leur maison. Il a emmené sa famille dans la chambre à coucher et s’est mis à prier. Le Seigneur a soudain arrêté le feu et la maison n’a pas brûlé. Cependant, le pasteur a quitté le village avec sa famille et a demandé sa mutation pour un autre endroit. Après avoir assisté au séminaire « Guérison et Réconciliation », il a annulé sa demande de mutation et a déclaré vouloir retourner au village et rester au service des personnes qui avaient été ses ennemis. »
Musulmans – chrétiens
Martine Audéoud, originaire de France, dit que les différences de religion auraient pu attiser la guerre (le Nord est en majorité musulman, alors que le Sud est surtout chrétien), mais cela n’a pas été le cas parce que les musulmans n’ont pas riposté en général aux agressions de chrétiens pour soutenir l’ancien président. Beaucoup de chrétiens avaient peur que le nouveau président, musulman, persécute les chrétiens, bien que l’épouse du président Ouattara, Dominique Nouvian Folloroux soit catholique et ses enfants des chrétiens évangéliques.
Le projet, basé sur la foi, ne fait pas partie des efforts de réconciliation du gouvernement, mais il est respecté et bien accueilli par la population, parce que la Faculté de Théologie Evangélique de l’Alliance Chrétienne est connue pour ne pas avoir pris parti au moment du conflit.
Martine Audéoud dit que l’équipe espère étendre la formation dans d’autres régions du pays, y compris les camps de réfugiés qui hébergent des personnes de différentes nationalités et confessions.
Mennonite Mission Network, traduction Louise Nussbaumer