Article 5 – La création et la providence divine
Nous croyons que Dieu a créé les cieux et la terre et tout ce qui s’y trouve1. Nous croyons que, dans sa providence, il protège et renouvelle tout ce qui a été créé. Toute création trouve son origine en dehors d’elle - même et appartient au Créateur. Le monde a été créé bon car Dieu est bon2 et il pourvoit à tout ce qui est nécessaire à la vie.
Nous croyons que l’univers existe comme expression de la liberté souveraine de Dieu et de sa bienveillance. La création témoigne de la puissance éternelle et de la nature divine de Dieu, lui qui donne un sens et un but à la vie et qui est seul digne d’adoration et de louange3.
Nous reconnaissons que Dieu soutient la création dans sa continuité autant que dans ses changements. Nous croyons que Dieu maintient de l’ordre dans la création et qu’il limite la puissance du péché et du mal afin de protéger et renouveler l’humanité et le monde4. Dieu agit également pour sauver l’être humain et le monde de la mort et de la destruction et pour vaincre les forces du péché et du mal.
C’est pourquoi nous sommes appelés à respecter la création et à nous confier en la bienveillance de Dieu dans l’abondance comme dans l’adversité. Aucune œuvre humaine, aucune force naturelle, aucune puissance des peuples n’est digne de la confiance et de l’honneur dus au seul Créateur à l’origine de tout5.
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Enjeux
• La doctrine de la création est une source fondamentale d’espérance. Tout ce qui existe, y compris notre propre vie, vient du Dieu qui nous aime. Le bien précède le mal et rien ne peut contrecarrer le projet de Dieu pour sa création. En dépit du mal et des dérèglements de la nature (qui viennent de la chute et non de la création) nous pouvons tout simplement faire confiance et vivre notre vie en sachant que l’univers dans son ensemble est l’expression du Dieu d’amour.
• La doctrine de la création interdit toute idolâtrie. Tout prend sa place légitime seulement par rapport à Dieu. Chaque chose n’est que « chose » par rapport au Créateur. Rien du domaine créé ne peut être l’objet d’une adhésion inconditionnelle ou d’un culte : ni le « moi », ni le « nous » de ma famille, de ma race ou de ma nation, ni le sexe, ni la santé, ni l’argent, ni le travail. Seul Dieu est à l’origine de tout et l’objet légitime de notre adoration.
• La doctrine de la création nous pousse à nous engager dans le monde, dans le travail, dans la vie de famille. Puisque Dieu a créé le monde, l’espace et le temps, nous devons prendre notre vie ici - bas au sérieux. C’est aussi ici et maintenant que le projet de Dieu se réalise et non seulement dans ma vie intérieure ou dans la vie au - delà de la mort. Nous ne pouvons donc mépriser ni le temps qui nous est accordé ni le cadre créationnel dans lequel nous vivons.
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Commentaire
I- Lorsque nous confessons Dieu comme Créateur, nous nous référons au seul Dieu trinitaire qui, selon les Écritures, est Père, Fils et Saint - Esprit. La création devrait donc être perçue comme l’œuvre du Dieu trinitaire, et non comme celle du Père ou du Fils ou du Saint - Esprit (Hé 1,2 - 3 ; Col 1,16 ; 1 Co 8,5 - 6 ; Jn 1,3.14 - 18).
Certains discours sur Dieu peuvent amoindrir la pleine confession du Dieu trinitaire en tant que Créateur. Ne parler par exemple de Dieu que comme « Créateur, Rédempteur et Protecteur » plutôt que comme « Père, Fils et Saint - Esprit » peut donner la fausse impression que le « Père » seul est « Créateur », le « Fils » seul est « Rédempteur » et le « Saint - Esprit » seul est « Protecteur ».
II- Nous disons de la création qu’elle est une « expression », une « manifestation » de Dieu en raison de plusieurs textes bibliques (Ge 1 ; Ps 148,5 ; Jn 1,1s ; Rm 4,17). Bien des récits sur la création venant d’autres religions des temps bibliques représentent la création du monde comme une émanation d’un ou de plusieurs dieux. Dans ces récits, le monde appartient au divin, ou est lui - même divin. Par contraste, le récit biblique de la création, accomplie par la Parole de Dieu, dissocie clairement Dieu, le Créateur, de ce qui a été créé. Ce refus biblique de confondre la notion de créature avec celle de Créateur ou de donner un quelconque attribut divin au monde est conforme au rejet biblique de l’idolâtrie sous toutes ses formes (Es 45,12 - 21 ; Ac 17,22 - 29).
En confessant Dieu comme Créateur de l’univers, nous refusons l’idée que le monde est apparu sans Dieu. Nous rejetons également les points de vue selon lesquels Dieu aurait créé le monde à partir de quelque chose existant avant le temps de la création ou que la matière serait co - éternelle avec Dieu. Les Écritures sont claires : Dieu a existé avant toute chose. Par conséquent, le terme « créer » de l’Ancien Testament et le témoignage des Écritures dans leur ensemble expriment ce que les théologiens appellent « créer à partir du néant » (ex nihilo).
Créateur du monde, Dieu en est donc le propriétaire. Il a confié la terre aux êtres humains afin qu’ils en soient les gérants. Voir les articles 6 (« La création de l’humain et sa vocation ») et 21 (« La gestion chrétienne des biens »).
III- Dieu ne laisse pas le monde livré à lui - même. Il continue de le maintenir. S’il est vrai que le péché et le mal ont porté atteinte à la création originelle, Dieu continue de se servir des structures établies avant la chute – familles, cultures et sociétés – pour préserver la vie et limiter les puissances du mal (Ge 4,15 ; Ps 34 ; Es 19,12‑25 ; Mt 6,25 - 30 ; Jn 5,17 ; Col 1,15‑17). Même si des catastrophes naturelles causent des ravages dans le monde, il ne cesse de protéger la création et l’humanité d’une destruction totale (Ge 8,21 - 22). C’est pourquoi nous n’avons pas à craindre les forces naturelles et les hommes qui pourraient causer la souffrance, la persécution et même la mort.
Au lieu de rechercher la sécurité dans la technologie, dans les éléments du monde naturel ou dans les nations, nous sommes invités à nous placer entre les mains de Dieu. Nous sommes reconnaissants des ressources offertes par la nature, la société et la technologie, dans la mesure où elles améliorent et conservent la qualité de la vie humaine et du monde environnant, conformément aux intentions divines et qu’elles ne changent en rien notre confiance en la providence divine.
IV- Non seulement Dieu veille sur le monde, mais il est intervenu afin de sauver son peuple du mal et de bénir toutes les familles de la terre et le reste de la création. Il a lui - même utilisé des éléments naturels pour libérer les Hébreux de l’esclavage en Egypte, pour les nourrir, leur révéler sa loi au mont Sinaï et leur procurer un lieu où ils puissent habiter (Ge 12,1 - 3 ; Col 1,16 - 20 ; Ex 6 - 16 ; 19 ; Ps 124 ; Ps 136).
Parce que Dieu est libre d’agir de manière nouvelle et surprenante, la création peut être amenée à changer. Pour le bien du peuple de l’alliance et de toutes les nations, Dieu amène de la nouveauté dans la création (Es 42,5 - 9 ; 44,21 - 28). Les articles 8 (« Le salut ») et 24 (« Le règne de Dieu ») évoquent plus longuement le renouveau de la création en Jésus - Christ par l’œuvre continue du Saint - Esprit dans l’Église et dans le monde.
Notes
1- Ge 1,1 ; Es 45,11s ; Jn 1,3
2- Ge 1,31 ; 1 Tm 4,4
3- Ps 19,1 - 6 ; Rm 1,19 - 23
4- Ge 9,8 - 17 ; Ps 104 ; Ep 3,9 - 11
5- Ps 33 ; Mt 6,25 - 33 ; Mt 10,26 - 31