ARTICLE 12 – LA CÈNE
Nous croyons que la cène est un signe par lequel l’Église commémore avec reconnaissance la nouvelle alliance en Jésus établie par sa mort. Par ce repas de communion, les membres de l’Église renouvellent leur alliance avec Dieu et entre eux. Comme un seul corps, nous participons à la vie de Jésus - Christ donnée pour le salut de l’humanité. Nous annonçons de cette manière la mort du Seigneur et ceci jusqu’à son retour1.
La cène fait porter nos regards sur Jésus - Christ qui a donné son corps pour nous et dont le sang a coulé pour établir la nouvelle alliance2. Lorsqu’un croyant prend le pain et la coupe, il se rappelle la mort et la résurrection de Jésus - Christ. Alors que nous vivons cet événement, nous rendons grâces à Dieu pour tout acte de délivrance dans le passé et le présent. De même, nous le remercions de pardonner nos péchés et de nous accorder sans cesse sa grâce.
Dans l’Église, la cène exprime la présence du Christ ressuscité. Lorsque l’assemblée des croyants partage ce repas de communion, elle participe au corps et au sang du Christ3. Elle reconnaît à nouveau que sa vie est nourrie par le Christ, le pain de vie.
En nous rappelant comment Jésus a donné sa vie pour ses amis, nous, ses disciples, nous nous réengageons sur le chemin de la croix. Nous nous présentons à la table du Seigneur comme un seul corps, confessant nos péchés les uns aux autres et nous les pardonnant. Nous renouvelons notre alliance baptismale avec Dieu et avec nos frères et sœurs, et nous reconnaissons notre unité avec les croyants du monde entier et de tous les temps.
Sont invités à partager le repas du Seigneur tous ceux qui ont été baptisés dans la communauté de foi, ceux qui vivent en paix avec Dieu et avec leurs frères et sœurs dans la foi et qui veulent s’engager dans leur assemblée.
En célébrant ainsi le repas du Seigneur, l’Église anticipe, dans la joie et l’espérance, le festin que les rachetés partageront avec le Christ dans le Royaume à venir4.
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Enjeux
• L’article et le commentaire soulignent bien les diverses dimensions de la cène :
- rappel de l’œuvre de salut du Christ ;
- reconnaissance pour cette œuvre ;
- engagement envers Jésus et envers les frères et sœurs ;
- expression de l’unité du corps du Christ ;
- espérance de l’avenir glorieux qui nous attend.
• L’article et le commentaire insistent sur la dimension de réconciliation des croyants avec Dieu d’une part, mais aussi des croyants entre eux d’autre part. La notion d’alliance rassemble ces deux dimensions.
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Commentaire
I- La nuit où il fut livré, Jésus et ses disciples s’étaient rassemblés pour célébrer la Pâque. Par cette célébration annuelle, le peuple d’Israël se rappelait comment Dieu l’avait délivré de l’esclavage en Egypte (Ex 12). Par ce dernier repas, le Seigneur indiquait qu’il allait conduire ses disciples dans un nouvel exode hors de l’esclavage du péché et vers la rédemption. Au travers de la mort et de la résurrection de Jésus, Dieu a délivré les croyants du péché et du mal et les a introduits dans une nouvelle alliance. Ce nouveau peuple de Dieu succède au peuple de l’ancienne alliance. Tous ceux qui confessent Jésus - Christ comme leur Sauveur et Seigneur font partie du peuple de la nouvelle alliance.
II- Le pain de la cène représente le corps de Christ, et la coupe la nouvelle alliance en son sang (Lc 22,19 - 20). Lorsque les chrétiens mangent le pain et boivent de la coupe, ils vivent la présence du Christ au milieu d’eux. La cène représente la mort et la résurrection du Christ, et manifeste sa présence dans l’Église. Par ce repas, l’Église réaffirme son alliance qui fait d’elle le corps du Christ dans le monde.
La cène est le repas de communion qui témoigne de l’unité des croyants en Jésus - Christ. Celle - ci est déjà réalisée puisqu’ils sont un seul corps avec Christ (1 Co 10,17). La cène témoigne d’une dynamique de croissance dans l’unité (Ep 4,1 - 4 ; Jn 17,22 - 23). Les croyants en Jésus - Christ sont invités à s’approcher de la table du Seigneur d’une manière digne, sans qu’aucune division ne subsiste entre eux (1 Co 11,17 - 22,27 - 34).
Les Églises sont invitées à sensibiliser leurs membres à la nécessité de la réconciliation et à se préparer à ce temps de communion. Cette alliance établie entre les croyants implique des manifestations concrètes d’amour et de responsabilités mutuels, dans l’Église locale et universelle : confession et pardon des péchés, partage des ressources spirituelles et matérielles selon les besoins, etc.
Ce partage joyeux mais toutefois solennel du repas du Seigneur est un avant - goût de la joie plus grande encore de tous les croyants qui fêteront avec le Christ le règne de Dieu (Ap 19,9 ; cf. Es 25,6 - 8).
III- Tout comme le baptême, la cène est un signe de l’intervention de Dieu et de son engagement à nous délivrer du péché et de la mort, et de notre engagement renouvelé envers Dieu et son alliance.
IV- Parce que la réponse de l’Église à l’action salvatrice de Dieu par Jésus - Christ implique la reconnaissance, la cène est parfois appelée « eucharistie », ce qui signifie « action de grâces ». Elle est parfois appelée « communion », parce qu’elle représente un événement par lequel Jésus invite ses disciples à partager la coupe et le pain, en communion avec lui et les uns avec les autres.
V- L’Église primitive avait pour habitude de célébrer fréquemment la cène (Ac 2,42.46). Au XVIe siècle, les anabaptistes partageaient eux aussi souvent le repas du Seigneur, comme un signe de leur alliance renouvelée avec Dieu et entre eux. Nous encourageons nos Églises à célébrer régulièrement la cène, afin de goûter pleinement à la richesse de sens de cet événement pour le culte et la vie de l’Église.
Notes
1- 1 Co 11,26
2- Jr 31,31 - 34 ; 1 Co 11,24 - 25
3- 1 Co 10,16
4- Lc 22,15 - 20.28 - 30