ARTICLE 13 – LE LAVEMENT DES PIEDS
Nous croyons que Jésus - Christ nous appelle à nous servir mutuellement dans l’amour comme il l’a fait. Au lieu de chercher à dominer les autres, nous sommes appelés à suivre l’exemple de notre Seigneur qui préféra le rôle de serviteur en lavant les pieds de ses disciples.
Juste avant sa mort, Jésus lava les pieds de ses disciples puis leur dit : « Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres, car je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait »1. Par cet acte, Jésus fit preuve d’humilité et d’esprit de service, se donnant ainsi pour ceux qu’il aimait. En lavant les pieds de ses disciples, il mit en scène une parabole de sa vie offerte pour eux, et leur montra comment ils devaient vivre dans le monde.
Les croyants qui se lavent mutuellement les pieds, témoignent qu’ils ont part au Christ2. Ils reconnaissent ainsi la nécessité d’être purifiés régulièrement, ils renouvellent leur désir d’abandonner tout orgueil et tout besoin de domination et mettent leur vie au service des autres dans l’humilité et l’amour qui va jusqu’au sacrifice3.
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Enjeux
• L’amour est la marque distinctive d’une vraie spiritualité chrétienne. Le symbole du lavement des pieds, associé à celui de la cène, montre la véritable libération ou purification qui nous est nécessaire. Apprendre à se libérer de la volonté de domination sur autrui nous ouvre au service du prochain.
La pratique de cette ordonnance du Seigneur, même si elle n’est prescrite que par un seul Évangile, rappelle le cœur même de la Bonne Nouvelle : le Christ donnant sa vie, alors que nous étions pécheurs.
Le lavement des pieds est le symbole de la purification dont chaque chrétien a besoin dans sa marche de tous les jours. Il incite à un recentrage sur l’humilité et le service.
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Commentaire
I- Au premier siècle, lorsqu’un invité arrivait dans une maison après avoir marché sur des routes poussiéreuses, pieds nus en sandales, son hôte lui apportait de l’eau afin qu’il se lave les pieds avant qu’ils ne prennent le repas ensemble. Si l’hôte avait des esclaves, ce geste était fait par eux. L’acte de s’incliner devant un autre pour lui laver les pieds témoignait de la servilité ou, plus rarement, d’un amour profond. Le fait que Jésus lave les pieds de ses disciples était un renversement de toutes les normes sociales. Le Maître, le plus grand, au lieu de mettre en avant son statut et ses droits, se courbe devant le plus petit pour le servir. Ce geste, cet abaissement inouï de Jésus, dévoile un aspect profond de la nature même de Dieu.
II- Parmi les évangélistes, seul Jean raconte que la veille au soir de sa crucifixion, Jésus lave les pieds de ses disciples pendant le repas dans la chambre haute (Jn 13.1 - 5). Cet acte est suivi d’un dialogue entre Jésus et Pierre, qui suggère une première signification du geste (v. 6 - 11) : le lavement symbolise la purification continuelle dont chaque chrétien a besoin dans sa marche spirituelle de tous les jours. Cette purification est acquise par la vie offerte de Jésus et reçue par la foi, ce que les disciples ne pouvaient comprendre avant sa passion (13.7).
Vient ensuite un monologue de Jésus qui révèle un deuxième sens (v.12 - 17) : pour lui, ce geste doit être aussi le signe visible d’une vie vécue dans l’humilité au service des autres. C’est le symbole d’un renoncement à l’esprit de domination et à l’orgueil. Ce sens aurait dû être immédiatement compréhensible pour les disciples de Jésus (13.12).
III- Dès le début du mouvement anabaptiste, le lavement des pieds était pratiqué dans certains groupes comme un acte communautaire à exercer les uns envers les autres. Ceci contrastait avec l’usage de l’époque selon lequel seul le prêtre lavait les pieds de quelques personnes le jeudi saint. Après le schisme amish (1693 - 1697), la grande majorité des assemblées alsaciennes a suivi la pratique recommandée par Menno Simons et Dietrich Philips, ainsi que par la Confession de foi néerlandaise de Dordrecht adoptée en 1660. Cette Confession de foi a été celle des assemblées mennonites françaises jusqu’en 1969. Elle souligne la double signification de ce geste, à savoir la purification par le sang de Jésus et l’esprit d’humilité. Aujourd’hui, certaines de nos assemblées pratiquent le lavement des pieds tandis que d’autres ont cessé de le faire ou ne l’ont jamais observé.
IV- Ceux qui suivent Jésus sont appelés à vivre la réalité des deux significations du lavement des pieds. Celles - ci ne peuvent pas être réduites à la pratique d’un rite une ou deux fois par an. Elles sont à vivre tous les jours. Toutefois, il est bon de pratiquer ce geste ancien, car il nous aide à garder présentes ces deux réalités spirituelles : par l’abaissement physique, il exprime le service et l’humilité ; par l’eau qui lave, il exprime aussi la nécessité de la purification de nos péchés.
Notes
1- Jn 13,14 - 15
2- Jn 13,8
3- Mt 20,20 - 28 ; Mc 9,30 - 37 ; Lc 22,25 - 27