ARTICLE 18 – LA SPIRITUALITÉ CHRÉTIENNE
Nous croyons qu’être disciple de Jésus, c’est connaître la vie dans l’Esprit Saint. Alors que nous vivons notre relation avec Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus - Christ prennent forme en nous et nous croissons à l’image du Christ. Aussi bien dans le culte individuel que communautaire, le Saint - Esprit est présent, nous conduisant à une connaissance plus profonde de la sagesse de Dieu.
La conversion à Jésus - Christ nous amène à une nouvelle relation avec Dieu par son Esprit. Par étapes et pas encore de manière entière, notre vie est libérée, transformée, remise en ordre et renouvelée dans l’amour de Dieu. En aimant et en connaissant Dieu, nous expérimentons la communion avec lui, ce qui nous permet d’être toujours plus conformes à l’image de Jésus – sa vie, sa mort et sa résurrection. Dans la soumission à Dieu, nous nous laissons façonner par l’Esprit Saint à l’image du Christ1. Nous sommes appelés à vivre en relation avec Dieu en tant qu’individus et en tant qu’Église, à refléter l’attitude du Christ et à être remplis du Saint - Esprit. Nous avons à grandir à tous égards en celui qui est le chef de l’Église, le Christ, et par qui l’Église s’affermit dans l’amour2.
Tout comme le sarment d’une vigne tire sa vie du cep, nous vivons la vie de l’Esprit par Jésus - Christ. L’Esprit ne peut nous remplir que si nous demeurons en Christ et que le Christ demeure en nous. Nous portons alors du fruit et sommes ses disciples3. De ce fait notre comportement extérieur s’harmonise avec nos convictions intérieures.
La pratique individuelle et collective des disciplines spirituelles, telles que la prière, l’étude des Écritures, la méditation, l’adoration, la louange, le chant, le témoignage, le service, un style de vie simple, est un apprentissage de la sainteté4. Ces disciplines nous ouvrent à une meilleure relation avec Dieu. Elles nous préparent également à faire face à l’épreuve et à la souffrance. Si nous vivons dans la présence de Dieu dans les périodes faciles, il nous sera plus aisé de l’expérimenter dans les temps difficiles.
Nous sommes convaincus que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus - Christ notre Seigneur5, car Dieu peut employer la joie aussi bien que la souffrance pour nous faire grandir spirituellement6. Pendant notre vie terrestre, le Christ en nous est l’espérance de la gloire7. Nous nous réjouissons du jour où nous le verrons face à face et où notre connaissance partielle de Dieu sera complète8.
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Enjeux
• Notre époque est avide de spiritualités de toutes sortes. Cet article nous rappelle plusieurs choses importantes :
Il n’y pas de spiritualité chrétienne sans conséquence pratique dans la vie. Notre relation avec Dieu a pour but de lui rendre gloire mais aussi de nous transformer en l’image du Christ.
Le culte et nos activités de louange doivent entrer dans une telle perspective. Ce que nous faisons ensemble dans nos rencontres est un moyen fondamental que Dieu utilise pour nous transformer et pour faire de nous des disciples. Un culte qui ne va pas dans ce sens n’est pas un culte biblique.
Le souvenir et l’expérience du légalisme, ainsi que l’individualisme ambiant, nous rendent les « il faut » et les « tu dois » insupportables. En même temps, beaucoup de pratiques spirituelles contemporaines visent essentiellement la réalisation de soi et la recherche du bien - être personnel. La vie spirituelle présentée dans cet article cherche à éviter à la fois le légalisme et une spiritualité déconnectée de l’éthique.
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Commentaire
I- Le terme « spiritualité » est employé depuis peu dans nos milieux pour se référer à la vie dans l’Esprit et à l’expérience de Dieu. Les anabaptistes et les Mennonites ont employé plusieurs termes pour décrire la spiritualité, tels que piété (Frömmigkeit), crainte de Dieu(Gottesfurcht), humilité (Demut), confiance (Vertrauen), abandon (Gelassenheit), et suivre Christ (Nachfolge). Ces concepts reflètent tous une recherche constante de la connaissance de Dieu et de l’accomplissement de sa volonté. Ils ne dissocient ni l’éthique de la spiritualité, ni la réflexion de l’action. C’est pour cette raison que cette Confession de foi inclut la spiritualité dans la section qui traite de la vie de disciple. Jésus enseigne que ceux qui ont un cœur pur verront Dieu.
Etant donné le légalisme bien présent dans l’histoire mennonite, il est important de souligner le fait que l’éthique s’enracine dans une relation profonde avec Dieu. Notre vie de disciple est une réponse de reconnaissance à la grâce salvatrice de Dieu.
II- Plusieurs traditions religieuses parlent de spiritualité ou d’expérience du divin. D’aucuns prétendent que toutes ces expériences se valent.
On peut identifier au moins deux courants distincts dans l’histoire de la spiritualité chrétienne :
Dans le courant influencé essentiellement par la philosophie grecque, le but est l’union avec Dieu au sens d’une fusion de l’individu en Dieu. Aimer son prochain et suivre le Christ ne sont alors que des sous - produits de cette union avec Dieu.
Le second courant est davantage influencé par la pensée biblique. Ici, action et contemplation ont pour but la communion avec Dieu, la relation d’alliance avec lui. Il est davantage centré sur Jésus - Christ – sa vie, sa mort et sa résurrection – comme la voie à suivre pour les croyants. Les anabaptistes du 16e siècle ne furent pas les seuls à admettre que connaître le Christ et le suivre de manière pratique vont de pair ; plusieurs dissidents, ainsi que certaines traditions monastiques, avaient déjà par le passé perçu le lien étroit entre spiritualité et éthique.
Cette Confession de foi se rattache davantage au deuxième courant en affirmant, en accord avec les Écritures, que la spiritualité est définie par le Christ et le chemin qu’il a montré.
III- Le Saint - Esprit est présent au milieu du peuple de Dieu ; d’après le Nouveau Testament, le croyant et la communauté sont chacun temple et demeure du Saint - Esprit (1 Co 3,16 - 17 ; Ep 2,21 - 22 ; 1 Co 6,19). Par la piété personnelle et le culte communautaire, l’Esprit travaille en nous, parmi nous et au travers de nous.
IV- La liste des pratiques spirituelles mentionnées dans cet article n’est pas exhaustive. On aurait pu inclure le jeûne, la tenue d’un journal de vie spirituelle, l’aumône, etc.
La pratique de ces diverses disciplines spirituelles est bonne car elle produit divers effets bénéfiques, au - delà ce que nous en attendons parfois.
L’étude des Écritures nous permet d’accroître notre connaissance de Dieu.
Lors du culte, nous offrons ouvertement notre louange et déclarons notre appartenance à Dieu. Ce même culte contribue à nous faire grandir spirituellement.
L’offrande et la libéralité nous aident à rechercher le Royaume de Dieu, en solidarité avec les démunis, et à ne pas nous attacher aux biens matériels.
Notes
1- 2 Co 3,17 - 18 ; Ph 3,21
2- Ep 4,15 - 16
3- Jn 15,5 - 8 ; Ps 1 ; Ga 5,22 - 26
4- 1 Tm 4,7 - 8
5- Rm 8,35 - 39
6- Mt 5,1 - 12 ; Ps 119,67
7- Col 1,27
8- 1 Co 13,12