ARTICLE 19 – LA FAMILLE, LE CÉLIBAT ET LE MARIAGE
Nous croyons que, dans le projet de Dieu, la vie humaine prend racine et s’épanouit dans la structure familiale. Nous croyons que Dieu désire également que tout être humain fasse partie de l’Église, famille de Dieu. De même que, dans l’Église, célibataires et mariés apportent et reçoivent enrichissement et guérison, les relations au sein de la famille chrétienne conduisent à l’épanouissement voulu par Dieu.
Nous affirmons que Dieu a créé l’être humain comme être de relation. Dieu veut bénir la vie humaine dans le cadre familial, tout particulièrement dans la famille de la foi. Tous les chrétiens doivent s’intégrer à la famille de Dieu où les membres se reconnaissent comme frères et sœurs1. C’est notre conviction que dans l’Église le mariage et le célibat doivent être considérés avec respect2. Nous encourageons l’Église à une bonne intégration des célibataires dans sa vie et ses activités. Une telle communauté de foi est source de bénédiction pour toutes les familles de la terre3.
Nous croyons que, dans la volonté de Dieu, le mariage est une alliance à vie entre un homme et une femme4. Un mariage se traduit par un engagement contracté devant un officier d’état civil. Pour les chrétiens, le mariage est également fondé sur une relation mutuelle dans le Christ5 ; il est normalement célébré au sein de l’Église. Les relations sexuelles sont réservées, selon l’enseignement de l’Écriture, aux seuls liens du mariage6. Le mariage a pour but de partager sa vie avec son conjoint, de vivre une intimité sexuelle, d’accueillir des enfants au sein de son foyer, par naissance ou adoption, et de les élever dans la foi chrétienne.
Les enfants ont une grande valeur, car ils sont un don de Dieu. Ils doivent être reçus avec amour et reconnaissance. Ils ont leur place dans la famille et dans l’Église7. Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Ces derniers, en retour, apprennent à les honorer et à leur obéir8. De même dans l’Église, les jeunes sont invités à respecter leurs aînés9.
L’Église est appelée à aider les couples à consolider leur mariage. Dans la vérité et l’amour, elle encourage la réconciliation lorsque des personnes vivent des relations familiales difficiles. L’Église, famille de Dieu, est appelée à être un lieu privilégié, offrant espérance et guérison aux familles et aux personnes.
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Enjeux
• La famille n’est pas une instance sociale créée par les humains, mais par Dieu lui - même pour leur bonheur. La famille terrestre s’enracine dans la famille divine. Les humains sont faits pour une relation de communion.
• Le mariage est une alliance librement consentie entre un homme et une femme. Il fonde la famille, seul cadre où la vie commune, l’intimité du couple et le fait d’être parents trouvent pleinement leur sens.
• La communauté chrétienne constitue la famille à laquelle Dieu veut intégrer tous les êtres humains, quels que soient leur statut social ou leur catégorie d’âge, ainsi que toutes les familles. Grâce à l’adoption par le Seigneur, rendue possible en Jésus, des « étrangers » rejoignent la famille de Dieu pour en faire partie. Cette famille au sens large est le projet de Dieu et corrige la tendance de la famille biologique à se replier sur elle - même. Elle est un lieu de vie, de restauration et de promesse pour enfants ou aînés, célibataires ou mariés, veufs, divorcés, etc
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Commentaire
I- Bien que le mot « famille » se réfère généralement aux relations de sang, de mariage ou d’adoption, le Nouveau Testament décrit aussi l’Église comme une famille : nombreuses sont les références qui parlent des chrétiens comme frères et sœurs et comme enfants de Dieu (voir Rm 8,12‑17 ; Ga 4,5 - 7 ; Jc 2,15).
II- Plusieurs dans l’Église restent célibataires ou se retrouvent seuls. Jésus encourage certaines personnes à choisir le célibat à cause du Royaume de Dieu (Mt 19,12). Alors que l’apôtre Paul considérait le mariage comme un choix positif, il préféra volontairement le célibat pour se consacrer entièrement au Seigneur (1 Co 7,25 - 35).
III- Les Écritures voient l’intimité sexuelle comme une chose bonne, créée par Dieu (Ge 2,23 - 25). Seuls les liens du mariage permettent la relation sexuelle (Ex 20,14 ; Mc 10,11 ; Rm 7,1 - 3). Celle - ci est faite pour le plaisir (1 Co 7,2.5), l’intimité et la procréation. Par la procréation, la famille humaine se perpétue. L’unité qui existe entre un mari et sa femme est un mystère qui reflète l’unité divine (Ge 1,27) et celle de Christ et de son Église (Ep 5,31 - 32). Nous affirmons que les chrétiens qui se marient devraient se marier dans le Seigneur, en épousant un conjoint chrétien.
IV- Jésus affirme la sainteté du mariage (Mt 5,32) et dénonce la dureté du cœur comme la cause profonde des divorces (Mc 10,4 - 9). L’Église doit réaffirmer la pérennité du mariage, accompagner les couples et les aider à retrouver le chemin de la réconciliation lorsqu’ils sont en difficulté. L’Église se doit aussi d’entourer avec amour ses membres victimes de déviances et d’abus sexuels qui font du mariage et de la vie de famille un lourd fardeau pouvant conduire à une impasse, voire au divorce. Elle doit être attentive aux familles ou personnes en crise à certaines étapes de la vie familiale (naissance d’un enfant, difficultés économiques, maladie, handicap, crise du milieu de la vie, adaptation à la retraite). Ces difficultés ne justifient pas le recours à un divorce. L’Église doit être un lieu offrant des possibilités de consolidation, de guérison, de recommencement aux familles, aux couples, aux personnes seules.
V- L’homosexualité, au même titre que les injustices, les querelles, l’amour de l’argent, etc., participe au dérèglement introduit par le péché (Rom 1,25 - 31). Elle s’inscrit en faux contre le projet de Dieu orienté vers la vie et vers l’altérité. La communauté de foi est mise au défi de vivre en son sein l’œuvre rédemptrice de Jésus - Christ par le Saint - Esprit. Elle invite la personne homosexuelle à entrer au quotidien dans la dynamique de la grâce de Dieu et de sa sainteté, pour prendre un chemin de restauration de l’identité sexuelle. Nous reconnaissons que dans certains cas une pleine restauration de son identité sexuelle n’est pas possible. Il convient alors d’encourager la personne à vivre sa situation d’ambivalence dans la chasteté et de l’accompagner.
Notes
1- Ps 27,10 ; Lc 8,19 - 21 ; Ep 2,19
2- 1 Co 7,38
3- Ge 12,1 - 3 ; Ac 3,25
4- Mt 19,5 - 6 ; Mc 10,9 ; 1 Co 7,10 - 11
5- Ep 5,21 - 33
6- Ge 2,24 ; Ex 20,14 ; Ml 2,14 - 16 ; Mt 1,18 - 20 ; 1 Co 6,12 - 20
7- Mc 10,13 - 16
8- Ex 20,12 ; Ep 6,1 - 4
9- 1 Ti 5,1 - 2