Fêtes et reconnaissance dans l’Ancien Testament

 In Christ Seul

Le calendrier des fêtes dans l’Ancien Testament a deux ancrages : l’année agricole et l’histoire. Chacune d’elles oriente le croyant vers la reconnaissance et en fournit le motif. Reconnaissance pour l’action de Dieu dans l’histoire de son peuple, reconnaissance pour les bénédictions de Dieu reçues au cours de l’année.

TROIS TEMPS FORTS

L’année est marquée par trois périodes de fête : au premier mois (mars-avril), au troisième mois (mai-juin) et au septième mois (septembre-octobre). Ces trois nombres, un, trois et sept, ont déjà une valeur symbolique forte. Les fêtes qui y sont célébrées correspondent, soit à un événement particulier de l’histoire – la sortie d’Égypte, pour la fête de Pâque au premier mois –, soit à une étape agricole – la fin de la moisson au troisième mois, la fin de toutes récoltes au septième mois. Ces deux dernières fêtes sont ainsi désignées « moisson » et « récoltes » dans le bref calendrier d’Exode 23 (v. 16).

AU RYTHME DES SAISONS

Crédit : Mathieu Bigard

Il ne faudrait pas penser pour autant que l’histoire et l’agriculture se partageraient entre elles les fêtes. L’histoire, référence de la fête de la Pâque et des pains sans levain, se retrouve encore au septième mois avec la fête de la récolte, appelée aussi fête des huttes ou sukkot, puisqu’on y rappelle la traversée du désert en vivant une semaine dans des cabanes (Lv 23.42-43). Ainsi, les deux références, histoire et année agricole, se trouvent réunies dans cette fête de la récolte et des huttes.

D’autre part, la fête de la Pâque, ancrée dans l’histoire, a aussi un rapport avec le cycle agricole. En lien avec cette fête, on offre une première gerbe de la moisson (Lv 23.10-11). Et c’est à partir de cette offrande de la gerbe qu’est calculée la fête de la moisson ou des semaines, appelée en grec Pentecôte, puisqu’elle a lieu cinquante jours après la Pâque.

Ainsi les trois fêtes s’inscrivent-elles dans le calendrier agricole : début de la moisson (Pâque), fin de la moisson (Pentecôte), fin des récoltes (huttes). Et les deux fêtes qui ouvrent et terminent le cycle annuel, Pâque et huttes, rappellent de manière concrète l’intervention de Dieu dans l’histoire. Chacune d’elles est marquée par une semaine de fête, ce qui n’est pas le cas de la fête de la moisson ou Pentecôte.

CÉLÉBRER POUR SE SOUVENIR

Avec l’ancrage de la fête dans l’histoire, l’orientation vers la reconnaissance est évidente. On se souvient de ce que Dieu a fait. On reproduit les gestes du passé, le sacrifice de l’agneau, le repas de la Pâque, les pains sans levain, le campement sous des huttes, tout cela pour ne pas oublier, pour marquer la mémoire des enfants et les instruire.

Il en va de même avec le cycle agricole. La période de la fête correspond à la période heureuse de l’année, où on récolte les fruits de la bénédiction divine et de son travail. Certes, les moissons et les récoltes peuvent être plus ou moins bonnes, parfois désastreuses, ce qui peut accentuer ou amoindrir la joie de la fête, mais elle vient toujours après l’événement, jamais avant, comme dans ces fêtes païennes où l’on tente de provoquer par des incantations et des rites la fertilité du sol. La fête intervient toujours dans le temps de la récolte et de la reconnaissance.

Dans toutes ces fêtes, la reconnaissance s’exprime par l’offrande à Dieu et la générosité envers le prochain selon le principe rappelé dans le Deutéronome : « On ne se présentera pas les mains vides devant le Seigneur » (Dt 16.16).

UNE SOURCE D’INSPIRATION

Dans l’élaboration du calendrier de nos fêtes chrétiennes, l’ancrage dans l’histoire a joué un rôle quasi exclusif, favorisé par le fait que les événements fondateurs se sont produits au moment des fêtes de la Pâque et de Pentecôte. Certaines communautés ont eu cependant la bonne idée de puiser aussi dans l’Ancien Testament l’exemple de fêtes calées sur le cycle agricole. La diversité des activités professionnelles dans la plupart de nos communautés actuelles peut rendre l’élaboration d’un calendrier commun difficile. Mais le principe reste pertinent et pourrait inspirer d’heureuses initiatives.

Émile Nicole est professeur émérite de la faculté de théologie de Vaux-sur-Seine.

 

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Not readable? Change text. captcha txt
0

Start typing and press Enter to search

Share This