ARTICLE 11 – LE BAPTÊME
Nous croyons que le baptême d’eau des croyants est un signe de la purification de leurs péchés. Le baptême est aussi un engagement d’alliance avec Dieu pris devant l’Église par le croyant qui promet de suivre Jésus - Christ par la puissance du Saint - Esprit. Les croyants sont baptisés en Christ par l’Esprit, l’eau et le sang et forment ainsi un seul corps.
Lorsque nous nous repentons et que nous nous tournons vers Dieu avec confiance, nous recevons le Saint - Esprit et nous sommes intégrés dans l’Église, corps du Christ1. Ce baptême du Saint - Esprit permet aux croyants de marcher en nouveauté de vie, de vivre en communion avec le Christ et l’Église, d’offrir la guérison et le pardon du Christ, de témoigner avec hardiesse de la Bonne Nouvelle du Christ et d’attendre avec confiance et espérance son retour glorieux. Le baptême d’eau exprime ce don du Saint - Esprit par Dieu, et l’œuvre continuelle de l’Esprit dans la vie des croyants.
Par le baptême d’eau, une personne atteste que, par la grâce de Dieu en Jésus - Christ, elle s’est repentie, a reçu le pardon, a renoncé au mal et est morte au péché2. Purifiés, les croyants sont intégrés dans l’Église, le corps du Christ. Par le baptême d’eau, nous nous engageons aussi à aimer et servir le Christ et, en tant que membres de son corps, à remplir les services qui correspondent aux dons accordés à chacun. Jésus lui - même a demandé à être baptisé au début de son ministère et, avant son départ, a envoyé ses disciples en leur disant : « Faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint - Esprit »3. Le baptême est pratiqué par obéissance à ce commandement de Jésus, comme engagement d’une bonne conscience envers Dieu4. Il est aussi un acte public d’identification au Christ, non seulement par rapport à son baptême d’eau mais aussi à sa vie dirigée par l’Esprit et sa mort par amour.
L’expression « baptême du sang », ou « baptême de souffrance », signifiait dans la tradition anabaptiste offrir sa vie, même jusqu’à la mort. Jésus a parlé du don de sa vie, par son sang qui a coulé pour tous, comme d’un baptême5. Il a également évoqué la souffrance et la mort de ses disciples comme étant un baptême6. Celui qui passe par le baptême d’eau atteste qu’il accepte son union et son identification avec le Christ sur le chemin de la croix et de la résurrection7.
Le baptême chrétien est destiné à ceux qui confessent leurs péchés, s’en repentent et acceptent Jésus comme leur Sauveur et Seigneur. Ils s’engagent à suivre le Christ dans l’obéissance et en qualité de membres de son corps, sachant qu’un membre reçoit et prodigue à la fois soins et conseils dans l’Église. Le baptême est donc pour ceux qui sont en âge de s’engager en toute conscience et qui demandent sans contrainte à être baptisés sur la base de leur confession de foi en Jésus - Christ.
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Enjeux
• L’article insiste sur le fait que le baptême est la réponse humaine à la grâce de Dieu, et pas d’abord notre œuvre.
• L’article insiste également sur le caractère personnel du baptême tout en maintenant sa dimension communautaire. Le baptême ne concerne pas que l’individu ; il concerne aussi toute la communauté.
• L’article lie le baptême à la vie de disciple : le baptême n’est pas seulement le signe du salut éternel, mais aussi l’engagement à suivre Jésus.
• L’article lie étroitement le baptême d’eau et le baptême d’Esprit.
• L’article insiste sur la pratique du baptême d’adulte sur confession de foi. Il intègre également la priorité de la foi et de la conversion. Cela explique que certaines Églises acceptent d’accueillir une personne comme membre sur témoignage de sa foi sans exiger d’elle un « re - baptême ».
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Commentaire
I- Certaines Églises se réfèrent au baptême et à la cène comme à des symboles, des sacrements ou des ordonnances. Dans cette Confession de foi, ces actes sont appelés des signes plutôt que des sacrements, à cause du sens donné à ce dernier terme d’un acte conférant en lui - même la grâce qu’il signifie.
Dans le langage biblique, Dieu pose des signes : par exemple les signes et miracles réalisés en Egypte (Ex 10,1 ; Nb 14,11), les signes donnés aux prophètes (Es 7,14 ; 55,13), et les signes accomplis par Jésus (Jn 2,11 ; 12,37 ; 20,30). En Jn 2,18 - 22, la mort et la résurrection de Jésus sont également présentées comme des signes.
De même, Dieu demande à l’homme de poser des signes. Dans l’Ancien Testament, par exemple, il demandait de manger du pain sans levain à la Pâque (Ex 13,9), de lier les paroles de la loi sur la main (Dt 6,8), ou encore de respecter le sabbat (Ex 31,13 ; Ez 20,20). Dans l’alliance nouvelle, le baptême d’eau est le signe de l’engagement d’une personne à suivre Jésus - Christ. Ce baptême devient alors la réponse humaine à la grâce divine, occasion de confesser publiquement sa foi en Jésus - Christ. Cette réponse est une véritable « prédication audiovisuelle ». Comprendre le baptême d’eau comme une réponse humaine n’empêche cependant pas de considérer que Dieu y soit à l’œuvre. Nous croyons en effet que lors d’un baptême réalisé dans la foi, l’Esprit est bel et bien présent et agissant. Le signe est un acte dont la portée dépasse l’événement en lui - même.
II- S’appuyant sur 1 Jn 5,7 - 8, les anabaptistes ont distingué trois aspects du baptême : l’Esprit, l’eau et le sang. Ce passage fait tout d’abord référence au baptême de Jésus, mais le Nouveau Testament déclare aussi que les croyants doivent s’identifier à Jésus. Ils sont baptisés du Saint - Esprit lors de leur conversion.
Le baptême du Saint - Esprit : selon le Nouveau Testament, le baptême d’eau et le baptême de l’Esprit sont liés mais pas toujours de la même manière. Quand Jésus a été baptisé, le Saint - Esprit est descendu et a demeuré sur lui (Mt 3,13 - 17 ; Jn 1,33). Dans le livre des Actes, les croyants recevaient le Saint - Esprit avant, pendant ou après leur baptême d’eau (Ac 2,38 ; 8,16 - 17 ; 10,44 - 48 ; 19,1 - 7).
Le baptême d’eau a pour racine une pratique de l’Ancien Testament qui consistait à laver, selon le cérémonial en usage, tout ce qui était considéré impur par la maladie, le péché, ou toute autre cause (Lv 14,1 - 9 ; 16,24 - 30 ; 17,15 - 16). Par un baptême spécifique (le baptême pour les prosélytes), les Gentils (Non - juifs) étaient intégrés au peuple élu. De la même manière, le baptême d’eau des chrétiens signifie qu’une personne est purifiée de tout péché, et qu’elle est admise dans la nouvelle communauté de foi. Le baptême devient ainsi l’expression extérieure, visible et publique, d’un changement intérieur, en même temps qu’il signe l’entrée dans la communauté des croyants. Pour cette dernière raison, il est aussi un engagement à vivre une vie de disciple – ce que confirme l’Écriture quand elle s’y réfère comme à un engagement à la fidélité et au service (Rm 6,1 - 11) ou à une alliance envers Dieu (1 P 3,21). Lorsque le croyant passe par les eaux du baptême, il s’engage au sein de la communauté à donner et à recevoir des conseils, à vivre et à œuvrer selon la « règle de Christ » (Mt 18,15 - 21). Dans la pensée anabaptiste, le baptême d’eau est intimement lié à la question de la discipline (cf. article 14, « La discipline dans l’Église »).
Étant donné ce que représente le baptême d’eau, les nouveau - nés et les enfants n’en ont nul besoin car ils sont au bénéfice de la grâce de Dieu (Ez 18,20 ; Mc 10,14 ; 16,16). Lorsqu’ils seront capables d’être responsables de leurs propres actions, ils seront à même de s’approprier la foi de l’Église de façon personnelle. Le baptême doit être réservé à ceux qui ont assez de maturité pour contracter un tel engagement. Un discernement bienveillant et une ouverture seront cependant nécessaires dans certains cas particuliers, comme ceux par exemple de personnes en situation de handicap mental ou psychique.
Quant à la forme du baptême, si l’immersion symbolise mieux l’ensevelissement et la résurrection avec Christ (Rm 6,3 - 4 ; Col 2,12), elle n’est cependant pas la seule pratique possible : plus que la forme de l’acte, c’est le signifié qui importe. Le baptême peut par conséquent aussi être pratiqué par aspersion ou par effusion (Ez 36,25).
Le baptême de sang, enfin, rappelle que ceux qui acceptent de passer par les eaux du baptême s’engagent à suivre Jésus en donnant leur vie pour lui et les autres, en aimant leurs ennemis et en renonçant à la violence, même lorsque cela implique la souffrance voire la mort.
Notes
1- Ac 2,38 ; Rm 8,9 ; 1 Co 12,13
2- Rm 6,1 - 4 ; Ac 2,38 - 39
3- Mt 28,19
4- 1 P 3,21
5- Lc 12,50 ; 1 Jn 5,7 - 8
6- Mc 10,38 - 39
7- Rm 6,5 - 11 ; Phi 3.10 - 11