Spectateurs ou acteurs ? – par Frédéric de Coninck
Voilà ! Nous sommes arrivés au congrès, dans cette Église d’Asuncion qui ressemble à un centre de conférence ultramoderne. Au moment où je prends la photo, 3000 personnes sont dans la salle. C’est peu comparé à la foule qui se presse au moindre match de football de deuxième division, mais cela paraît quand même beaucoup quand on y est.
Et puis ce n’est pas le même genre de foule que celle d’un stade. D’un certain côté l’effet est le même : nous communions dans une même ferveur au travers des chants ou des applaudissements. Mais nous ne sommes pas là pour assister à un combat entre deux équipes dont nous espérons que l’une vaincra. Je dirais même, au contraire, que la coopération est, ici, valorisée, à l’opposé de la compétition. La Conférence Mennonite Mondiale travaille depuis des années à faire entrer dans les faits un authentique multiculturalisme et le résultat est perceptible. Je n’ai pas fréquenté ce genre de conférence depuis 25 ans et je mesure le chemin parcouru. A l’époque, les orateurs masculins d’Amérique du Nord occupaient l’essentiel du temps de parole. Aujourd’hui les choses sont nettement plus équilibrées. Un Africain succède à une femme à la tête de la conférence mondiale. L’Amérique du Sud fournit la moitié des conférenciers (proximité oblige) et l’Inde et la République démocratique du Congo contribuent également.
Et puis il y a une autre différence entre cette foule et celle d’un match de football. Dans un match de football on assiste à une performance accomplie par quelques héros starisés. On vit par procuration une vie de gloire qui est hors de notre portée.
Ici, les deux femmes qui s’adressent à la foule, en haut à gauche de l’image, ne se posent pas comme des stars. Elles appellent chacun à se déterminer et à vivre pour soi-même la vie à laquelle le Christ nous appelle. Nous ne sommes pas en train de nous fondre passivement dans la célébration d’un événement dont d’autres sont les acteurs. Nous sommes encouragés à devenir acteurs nous-mêmes avec l’aide du Christ.
L’ambiance est différente : de l’enthousiasme, oui, mais aussi de la gravité et de la responsabilisation. Cela se voit-il sur l’image ? Il me semble, mais j’exagère peut-être.
A demain …
Frédéric de Coninck
