En Suisse, une Syrienne confectionne des quilts pour son pays d’origine
Un groupe de quilteuses en Suisse accueille une réfugiée syrienne pour participer à ses travaux. Récit.
Pour le choix des couleurs, les opinions diffèrent dans le groupe de confection de quilts de l’Église mennonite de Brügg en Suisse. Pour Gulschin Ibrahim, la tendance suisse à choisir des tons et des couleurs proches est un peu monotone. En Syrie, d’où Gulschin Ibrahim vient, les gens aiment des tons plus lumineux, et plus nombreux
« Elle nous dit que nous faisons faux avec les couleurs », explique Margrit Amstutz en riant. Elle est dans le même groupe de confection de quilts.
Bien entendu, le désaccord sur les couleurs est une plaisanterie – cela n’empêche pas le groupe de coudre et de donner des quilts (couvertures piquées) au Mennonite Central Committee, actif par ses partenaires en Syrie. En effet, c’est l’envoi de couvertures à la Syrie qui a incité Gulschin Ibrahim, qui avait quitté ce pays avant la guerre, à rejoindre le groupe.
Même si elle ne fréquente pas l’Église mennonite, Gulschin Ibrahim a été invitée à rejoindre les couturières après avoir rencontré Thérèse Broglie lors d’une manifestation en faveur des immigrants et des réfugiés sans papiers.
« Thérèse m’a dit qu’elles faisaient des choses pour la Syrie », a déclaré Gulschin Ibrahim. « La Syrie est mon pays et j’aimerais aider mon peuple. »
Ce groupe est l’un des trois en Suisse qui confectionnent des quilts pour la Syrie, où plus de 7,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et où plus de 12 millions ont besoin d’aide. Des Églises mennonites suisses ont collaboré avec des communautés de France pour envoyer un conteneur de matériel d’aide vers la Syrie en janvier 2013 par l’entremise du MCC. Cet envoi comprenait 1 500 trousses d’hygiène, 65 quilts faits main, 294 couvertures achetées, 791 trousses humanitaires et 144 paires de chaussettes tricotées à la main, ainsi que d’autres fournitures comme des serviettes et des draps. Ces Eglises rassemblent du matériel pour un prochain envoi.
Mais comme la confection de quilts n’est pas un artisanat traditionnel en Suisse, des personnes se sont demandées pourquoi le groupe utilisait des petits carrés pour la fabrication de ces couettes au lieu de se contenter de faire des couvertures plus simples. « Les gens pensaient que nous étions folles », dit Margrit Amstutz. D’autres ont dit qu’il suffisait de « prendre juste une housse de duvet ou une couverture de laine e de t l’assembler avec du tissu polaire, en assemblage grossier. »
Mais elle a répondu que les petits détails sont significatifs. « J’ai dit qu’il était important pour des personnes qui souffrent de la guerre que nous leur fassions de belles couvertures », déclare Margrit Amstutz. « C’est important qu’elles réalisent que c’est quelque chose de beau que des personnes ont fait pour eux. »
Durant tout le processus de couture, les couturières pensent souvent à la Syrie et à la raison pour laquelle ces couvertures sont nécessaires. Ces pensées demeurent avec Thérèse Broglie, même lorsqu’elle ne coupe pas de tissu ou qu’elle n’assemble pas de quilts. « Ce qui renforce particulièrement les pensées à ce sujet tout au long de la semaine est la présence de Gulschin dans notre groupe, elle qui vient de Syrie, et nous savons ce que signifie cette guerre pour cette famille et pour elle et, même à distance, nous constatons leur souffrance », dit-elle.
Faire des quilts est un moyen par lequel Thérèse Broglie peut manifester de la compassion pour ceux qui souffrent, même depuis son domicile en Suisse. « C’est une occasion de vivre ma foi. Ce n’est pas seulement une construction théorique, c’est quelque chose de pratique. Permettant de vivre l’amour dont nous parlons. »
Emily Loewen, Mennonite Central Committee