L’édito : De Hesston à Pâques
Le 25 février 2016 à Hesston au Kansas (USA), un homme a tué trois personnes et en a blessé 14 autres dans une entreprise (tenue par des mennonites), avant d’être abattu par un policier (mennonite). D’après la compagne de Cedric Ford, celui-ci était alcoolique, violent et dépressif. Le geste du policier a peut-être sauvé la vie d’autres employés présents.
L’événement a suscité l’émotion dans cette petite ville paisible et au sein des Églises et de l’université mennonites du lieu. Dans les jours qui ont suivi, on a prié pour les victimes, mais aussi pour la famille du malfaiteur. Les survivants ont exprimé leur reconnaissance, tout en pensant à ceux qui ont été tués ou blessés. Le geste du policier, dans le cadre de ses fonctions, a pu empêcher pire encore, mais on a prié pour son vécu certainement douloureux. Selon une professeur de Hesston College, Michele Hershberger, il n’est pas suffisant de dire que justice a été faite, car la justice-shalom s’inquiète des personnes (toutes !) et non de ce qu’elles méritent. Elle a déclaré : « D’une certaine manière, les chrétiens de Newton et de Hesston n’avaient pas assez de relations avec Cedric Ford pour l’aider à trouver une autre issue. Je n’accuse personne. Mais c’est ainsi que nous aimerions vivre en tant que communauté. » Elle a aussi encouragé à ne pas s’enfermer dans la prison de la peur, mais à continuer à marcher en ville et à saluer tout le monde.
Cette situation suscite des émotions contrastées. À moindre échelle, on retrouve ce qui a pu être vécu et ressenti lors des attentats de Paris en novembre dernier. Les réactions des mennonites de Hesston montrent, sans gommer la complexité des choses, une volonté de s’interroger sur soi (plutôt que d’accuser tel ou tel), de nommer le mal commis et la réponse apportée (mais aussi de reconnaître le péché par omission), de prier pour tous (pour les victimes, mais pas seulement). Un chemin d’honnêteté et de paix.
Pour ne pas céder à la haine ou à la peur, notre secours est en Jésus- Christ. Consacrées à Pâques, nos pages « Grand angle » (8-12) nous orientent vers lui. Son chemin devient le chemin de ses disciples, lui qui a souffert du mal des hommes au point d’en mourir, tout en pardonnant. Mais il est ressuscité, en signe de vie nouvelle et d’espérance pour tous. Alléluia !