Quelle salade !

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Peut-être avez-vous aussi suivi en direct à la télé le 20 janvier dernier l’investiture du 46e Président à Washington.

Quand l’Amérique est fiévreuse… l’Europe se sent mal. Le thermomètre de ces quatre dernières années n’arrivait pas à descendre et l’Uncle Sam était agité. Important donc de savoir quels remèdes le nouveau locataire de la Maison Blanche annoncerait pour réconforter ses compatriotes… et, indirectement, rassurer le « Old continent ».

Des séjours de différentes natures aux USA m’avaient aidé, je pensais, à me faire une petite idée de la culture de ce pays. Pourtant cette cérémonie officielle… m’a laissé pantois !

Sur le papier il y a séparation de l’État et de l’Église chez nos voisins d’outre Atlantique. Mais ma télé, ce jour-là, diffusait les longues prières du prêtre et du pasteur pour le nouveau « Commander in chief ». Thomas Jefferson*, un des Pères Fondateurs, écrivait en 1802 à une association baptiste du Connecticut que le 1er Amendement de la constitution « construit ainsi un mur de séparation entre l’Église et l’État ».  Apparemment il parlait d’une murette. Mais un avocat américain m’a assuré que les libertés d’expression et des cultes (également inclues dans le 1er Amendement) protégeaient doublement le lobby religieux auprès des Autorités. Et le même juriste m’a fait remarquer que l’initiative du Président Macron selon laquelle la foi musulmane doit être au diapason des valeurs de la République serait inconstitutionnelle aux USA car interventionniste.

La métaphore de Jefferson semble avoir deux effets, suivant de quel côté du « mur » vous vous trouvez. Pour Washington, l’État doit, sans s’immiscer, respecter la religion. Pour Paris, la religion doit, sans s’immiscer, respecter l’État. Aux États-Unis les Églises sembleraient donc être plus à l’aise que leurs sœurs de l’Hexagone. Mais le flirt de nombreux leaders évangéliques américains avec les pouvoirs politiques est risqué. Le soutien public au 45e Président par des personnalités comme Franklin Graham (le fils de Billy) a suscité des remous.

« Rendez à César ce qui est à César » est le rappel, en la matière, d’une coexistence respectueuse réciproque et sans clin d’œil. Une bonne recette pour éviter toute salade.

J.-J. de Francfort  

* Ambassadeur à Paris (1785-1789), 3e Président des USA (1801-1809)

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