Discerner dans un monde hyperconnecté

 Dans Christ Seul

Plus de trois milliards de personnes à travers le monde utilisent les réseaux sociaux et Internet. L’internaute moyen passe environ six heures par jour à utiliser des appareils et des services connectés, soit environ un tiers de son temps éveillé. L’outil en soi n’est ni bon ni mauvais. Seul l’usage de chacun peut se révéler positif ou négatif.

Devant les écrans, nous perdons la notion du temps. C’est si vrai que certains systèmes de gestion des smartphones proposent la fonction « Temps d’écran » qui fournit un rapport hebdomadaire du temps passé. Comme pour nous rappeler à la réalité. Et nous avons d’autres appareils ! J’ai toujours pensé que les chrétiens n’avaient pas un comportement très différent de l’internaute moyen. Je vous invite à évaluer votre consommation – contenu et temps consacré – ainsi que celle de vos enfants. Il est impossible que l’hyperconnexion n’exerce pas une influence sur votre vision du monde et votre spiritualité. Une vraie prise de conscience s’impose !

RETOUR AUX SOURCES

Vous ouvrez Internet, un réseau social, et vous êtes confronté à un flot d’informations dont il vous est impossible d’évaluer la valeur ou la pertinence. Le sociologue G. Bronner souligne : « Aujourd’hui, un anonyme anti-vaccin complotiste est en mesure de contester directement un Nobel de médecine.¹» Discerner réclame presque un travail de journaliste, pour vérifier la source ! Illustration : Un compte Facebook, qui s’affiche comme chrétien, relaie une info « Le premier confinement a-t-il ralenti l’épidémie ? » Par WhatsApp un ami me demande ce que j’en pense. J’utilise Google, et je trouve la source : l’article provient du site Sputnick bien identifié². Pour discerner, il est impératif de ne rien accepter sans un œil critique et un minimum de connaissance de la source. Nous n’avons pas le droit de simplement cliquer, liker ou partager ! Discerner appelle notre vigilance.

CONSCIENTS DE NOTRE CRÉDULITÉ

« La crédulité prendra toujours la rationalité de vitesse, car elle épouse la pente de nos intuitions. Le faux se diffuse donc bien plus vite que le vrai, qui, lui, n’est pas toujours vraisemblable ; intuitivement, la terre nous semble plus plate que ronde, et c’est le Soleil qui nous paraît tourner autour de la Terre, deux erreurs que la rationalité scientifique a dû corriger.³ » écrit Gérard Bronner. Il y a, pour nous évangéliques, un risque supplémentaire : celui de vérifier nos croyances, en particulier eschatologiques, à l’aune de l’actualité. Illustration : la marque de la bête. J’ai entendu dans le passé de nombreuses explications, qui se sont toutes démenties. Au début des années 80 j’animais une émission de radio locale. Je me souviens – et j’en rougis encore – avoir consacré une émission au code barre, aujourd’hui généralisé. Un frère, informaticien, expliquait que celui-ci était la marque de la bête. La preuve ? Les trois doubles barres plus hautes que les autres signifiant six ! Plus d’humilité et moins de certitudes mal placées, nous auraient éviter le ridicule ! Discerner réclame de l’humilité.

GUIDÉS PAR NOS ÉMOTIONS

Crédit photo : Nasa

Nous sommes en danger de réagir, voire de sur-réagir. Nos émotions sont sollicitées par l’avalanche d’informations. Souvent devant des événements violents, difficiles à expliquer. Et nous ne supportons pas l’absence de réponse. « Les théories du complot jouent sur notre peur en nous fournissant une émotion plus puissante : la rage. La peur peut si rapidement se transformer en colère parce qu’elle fournit un objet : ils sont à blâmer, ils ont causé cela, ils méritent d’être punis. » déclare Andrew McDonald . « De tous temps, les gens ont privilégié l’émotion comme source et critère de vérité, plutôt que la raison, l’expérimentation et les sources d’autorité. » formule le Pr. Felipe Fernandez. Il est indispensable de prendre du recul vis-à-vis de certaines informations. De ne pas réagir sur l’instant. Discerner réclame de se distancier de nos émotions.

MANQUE DE CONNAISSANCES BIBLIQUES

« La plus grande crise à laquelle l’Église évangélique mondiale est confrontée aujourd’hui est le manque croissant de connaissances bibliques dans le monde […] Notre plus grand problème est que la connaissance de la Bible s’estompe », a déclaré Thomas Schirrmacher, nouveau secrétaire général de l’Alliance évangélique mondiale. Impossible de ne pas comparer, opposer, notre consommation d’écrans avec notre fréquentation personnelle et assidue de la Parole de Dieu. Certes, Internet met à notre disposition des contenus bibliques d’excellente qualité. Cependant la question demeure : quelles sont les sources de ces contenus dits « évangéliques » ? Dans ce domaine aussi, tout et son contraire cohabitent ! Notre connaissance biblique est indispensable pour discerner.

NOS VALEURS

« Enfin, frères et sœurs, portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d’être aimé, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est synonyme de qualité morale et ce qui est digne de louange. » (Ph. 4.8). Nous avons un outil ultime pour discerner : nos valeurs ! Celles de l’Évangile, qui devraient diriger notre vie, nos choix, nos réactions. Qu’acceptons-nous de regarder, de consulter ? De consommer ? De croire ? Voilà sans doute le filtre le plus pertinent pour discerner.

Discerner dans ce monde hyperconnecté est très exigeant. À nous de prendre notre consommation en main, en termes de contenu et de temps consacré. Soyons conscients de l’influence des infos reçues, sur nos émotions, nos propres croyances. Et imposons nos valeurs en filtrant ce que nous consommons. Un défi essentiel, qu’il est vital de relever !

 

¹Télérama 3708 du 3 février 2021, auteur de Apocalypse cognitive, éd. PUF.
²  Dans les pays occidentaux, RT et Sputnik s’associent volontiers aux populismes de droite, voire d’extrême droite, souverainistes, eurosceptiques et opposés à la cohésion transatlantique.  Maxime Audinet chercheur à l’Ifri. https://www.liberation.fr/planete/2018/10/26/maxime-audinet-la-russie-n-est-pas-la-cause-mais-l-aiguillon-des-populismes_1688190
³ Ibid p.6
⁴ Directeur associé de l’Institut Billy Graham, Christianity Today.
In Truth – A History and a Guide for the Perplexed (Armesto)
⁶ https://worldea.org/en/news/biblical-illiteracy-utmost-problem-facing-global-evangelicalism-says-dr-thom

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