Les Églises victimes des violences dans l’est de la RDC – Appel à la prière
Alors que les conflits armés ravagent l’est de la République Démocratique du Congo, les chrétiens, parmi lesquels les communautés mennonites implantées dans les villes de Goma, Bukavu et Uvira, subissent de plein fouet les conséquences de l’insécurité et des violences. Déplacements massifs, pertes matérielles, peur omniprésente : malgré cette situation dramatique, les Églises font preuve de solidarité pour soutenir les familles touchées.
À l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) est implantée la Communauté des Églises des Frères Mennonites au Congo (CEFMC), membre de l’Église du Christ au Congo (ECC). Ses différentes implantations rassemblent environ 1500 chrétiens.
Une Situation humanitaire alarmante
Depuis 2022, la crise humanitaire s’est considérablement aggravée dans l’Est de la RDC, en particulier dans la province du Nord-Kivu. Le 28 janvier 2025, la prise de Goma par les rebelles du M23 et leurs alliés de l’Alliance Fleuve Congo a empiré une situation déjà critique. De violents affrontements ont fait des milliers de victimes et détruit des infrastructures civiles essentielles.
La population vit dans une peur et une angoisse constantes. La paralysie des activités génératrices de revenus et la flambée des prix aggravent la précarité. Les petits commerces et services sont à l’arrêt. Le coût des denrées alimentaires de base, comme les haricots, a triplé.
Des communautés frappées par la guerre
Les chrétiens subissent les conséquences dramatiques des conflits qui frappent la région. De nombreuses familles mennonites ont été déplacées et sont hébergées par des familles d’accueil, souvent mennonites elles-mêmes. Certaines Églises comptent des membres directement touchés par les violences.
Les activités des Églises ont également été fortement perturbées. À Goma, les cultes ont été suspendus du 23 janvier au 9 février 2025, à Bukavu, du 10 au 23 février et à Uvira, du 16 au 23 février. Les programmes reprennent peu à peu mais la peur subsiste car la situation sécuritaire reste fragile et le nombre de personnes participant aux activités a chuté.
Depuis 2022, les chrétiens de Rutshuru ont dû fuir vers les camps de déplacés pour échapper aux hostilités. Leurs églises ont été détruites, et ils vivent aujourd’hui dans des conditions précaires, marquées par le chômage et la violence, notamment des agressions sexuelles dont ont été victimes certaines femmes en allant chercher du bois en brousse.
Les Églises durement éprouvées
Sept familles de l’Église Miseituni ont perdu plusieurs proches dans ce conflit. Dans les villes de Goma, Bukavu et Uvira, beaucoup de personnes parmi les membres sont déplacées. Certaines familles restent confinées chez elles par peur des enrôlements forcés dans les groupes armés. Plusieurs ont perdu leurs biens. Le toit de la maison d’une femme membre de l’Église mennonite de Bethsaïda de Goma a, par exemple, été détruit par une bombe lors des affrontements du 28 janvier à Goma. Elle est hébergée par une autre famille mennonite.
Les Églises ne sont pas épargnées : le bâtiment de l’Église Bethsaïda a été pillé, plusieurs instruments de musique et des chaises ont été dérobés. L’église de Miseituni a subi plus de 15 pillages par des hommes armés, emportant des chaises, du matériel de sonorisation et des instruments de musique. À Uvira, bien que la ville ne soit pas occupée par les rebelles, les violences liées aux affrontements affectent aussi la communauté. Le 22 février 2025, l’église Emmaüs, dans la commune de Kamvivira, a été vandalisée lors de combats entre l’armée et des groupes armés. De nombreuses personnes ont fui vers le Burundi voisin.
L’entraide face à la précarité et l’insécurité
Plusieurs Églises, comme Mizeituni et Moria dans le territoire de Nyiragongo, mais aussi à Bukavu, hébergent des déplacés dans leurs locaux. Le pasteur Charles Mbuyi Kabinda, responsable de l’Église Adonaï, loge par exemple une famille de huit personnes. Assurer la subsistance de tous est devenu un défi quotidien.
Des proches de Mulanda Jimmy Juma comptent parmi les victimes de ces violences : après la prise de Goma, son frère aîné et son neveu ont été violemment agressés par des hommes armés, qui ont tiré sur eux et les ont frappés avec une machette, leur infligeant de graves blessures.
Sources : Mulanda Jimmy Juma, PhD, coordinateur régional de Paix et Plaidoyer de MCC en Afrique Australe, Centrale et Nigeria – 4 mars 2025
Jimmy Muhima, bénévole et coordinateur de l’organisation Healing and Rebuilding Our Communities, Partenaire MCC RDC – 7 mars 2025
Sujets de prière transmis par Mulanda Jimmy Juma :
- l’Église et la population du Congo en souffrance,
- la fin des violences,
- l’arrivée de l’aide humanitaire et la prise en charge des victimes et des déplacés,
- la réconciliation et le rétablissement d’une paix juste et durable.
Sujets de prière transmis par Jimmy Muhima :
- les communautés en difficulté : certaines sont en location et ne disposent plus des moyens pour payer leurs loyers en cette période de crise.
- la reconstruction des églises détruites, notamment celle de Tongo, Kibirizi (Rutshuru).
- l’assistance aux chrétiens déplacés : Beaucoup vivent sans ressources et nécessitent un soutien matériel et psychologique.
- la reconstruction des habitations détruites : Que Dieu vienne en aide aux familles qui ont perdu leur maison et leur permette de se réinstaller dignement.
Photo : Lac Kivu – Crédit : Alain Vick