Ils en parlent – Face aux désastres

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Le site LibreSens a publié une recension du livre Face aux désastres – Avec Jacques Ellul, penser la crise et choisir l’espérance paru aux Éditions Mennonites :

 

Petit livre (moins de 100 pages) de grand intérêt, fait de trois conférences magistrales et de huit textes émanant des divers ateliers qui suivirent, lors d’une journée sur la pensée de Jacques Ellul. Philosophe, sociologue et théologien, ce dernier a élaboré une œuvre originale tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, toujours d’une grande actualité avec les crises, menaces et violences de toutes sortes de notre époque. Il y dénonce l’esclavage que la technologie fait courir à notre société, en déshumanisant la vie sociale, économique, politique ou culturelle. Et il appelle à choisir l’espérance à l’encontre des faux espoirs de tous ordres qui surgissent ici et là.

La première conférence présente la critique de J. Ellul à l’égard de l’idole envahissante de la technologie. Assortie du mythe du progrès elle a gagné nos sociétés et nos cultures. D’instrument, elle est partout devenue la norme globalisante de toute activité. La créativité et la liberté de la personne humaine disparaissent pour n’être plus qu’objet quantifiable (pouvoir d’achat, statistiques, croissance, niveaux de vie etc.) dans une société de consommation et de rapports de forces. Ainsi naissent les peurs, les désespoirs et les violences, face à un avenir dépourvu de sens.

La deuxième intervention traite d’une libération possible au-delà de l’enfermement des faux espoirs fondés sur tel ou tel pouvoir, qui échouent les uns après les autres dans notre histoire. Les défis sociaux, économiques, ou écologiques contemporains créent un malaise général, et sont sources de désespoirs. Le monde ne sait pas où il va. Si bien que beaucoup (surtout parmi les jeunes) s’engagent dans la bonne volonté de faire quelque chose pour changer les choses, pour plus de justice. Mais, suite au peu de résultats obtenus, se produit souvent un désengagement une démobilisation. En contrepartie, l’Évangile et la foi chrétienne proposent l’espérance de la « non-puissance », qui vient d’une transcendance dépassant nos pouvoirs et nos limites. Ainsi, Ellul propose une troisième voie qu’il nomme « dégagement », ou « engagement dégagé ». Choix à faire dans une vraie reconversion personnelle et collective. C’est le rôle de la communauté chrétienne. « Pas d’espérance sans foi, ni foi sans espérance » pour une vie « dans le monde sans être du monde » (Jn 17,14-18). Le Christ Jésus a instauré un nouveau monde avec sa mort sur la croix ; et on peut en être les vrais témoins.

La dernière conférence évoque la référence de J. Ellul à la figure du prophète Jonas. Comme bien d’autres témoins de la Torah juive, celui-ci annonce la fin d’un monde qui s‘effondre à Ninive, capitale de la toute-puissance assyrienne à son époque. À sa grande surprise, la ville s’ouvre à la révolution de la transcendance. Tout est possible. Survivre ou ressusciter ? …

Impossible de rendre compte du travail de chacun des huit ateliers. Notons au moins les sujets de leurs débats. Les trois premiers ont été animés par chacun des trois conférenciers. – Parole et propagande : comment avoir une parole juste et libre dans une société technicienne ? – Face aux défis écologiques, quelle parole et quelle présence J. Ellul nous inspire-t-il ? – Ellul et la Grande Ville (notre société !), lieu maudit ou lieu d’espérance ?

Les cinq autres ont travaillé avec divers spécialistes : bibliste, sociologue, économiste, climatologue, ingénieur civil, industriel, universitaire en science des religions, dont certains avec une formation théologique et une expérience pastorale. Quelques questions d’intérêt majeur y ont été abordées. -Comment vivre la non-puissance, personnellement et collectivement ? – Quelle prière face à la crise environnementale, même si Dieu se tait ? – J. Ellul, précurseur de l’encyclique pontificale Laudato si’. – L’être humain face au système technicien et à l’idéologie du progrès ; Ellul et l’intelligence artificielle. – Ses apports au dialogue avec Israël et le judaïsme, et avec l’islam.

Dans une conclusion très concise (2 pages !), le Docteur Michael Gonin, doyen de la Haute École de Théologie protestante, de Saint-Légier (Vaud – CH), rapproche la pensée de Jacques Ellul de celle du livre de l’Ecclésiaste déclarant qu’il n’y a « rien de nouveau sous le soleil » (Ec. 3,22). Le rêve que les humains maîtrisent les choses de la vie est vain et mensonger ; tous les systèmes succèdent les uns aux autres, sans succès. Reste le défi de chercher le Royaume de Dieu ici et maintenant, de vivre, avec les autres, l’espérance de la non-puissance, de la voie ouverte par le Christ libérateur. « Que Dieu nous vienne en aide ! » sont ses derniers mots.

Un compte rendu de Gilbert Charbonnier, pour LibreSens

 

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