Lettre pastorale sur la guerre au Moyen-Orient
Par Henk Stenvers, président de la Conférence mennonite mondiale
Sœurs et frères bien-aimés,
L’escalade de la guerre au Moyen-Orient aujourd’hui est une source de peur et de chagrin pour notre famille anabaptiste dans le monde entier. Pour certains, il s’agit d’une nouvelle réalité, pour d’autres, elle s’ajoute au fardeau de la violence portée pendant des années ou des décennies par les conflits locaux. Nous voyons tous ceux qui sont écrasés par les machinations des puissants ; nous pleurons et nous demandons la présence miséricordieuse de Dieu parmi eux. Nous condamnons toute justification de la guerre comme faisant partie de la volonté de Dieu.
Nous invitons nos prières à nous pousser à l’action. Et nous invitons nos actions à être nos prières.
Notre allégeance ne va pas aux présidents ou aux rois, mais au Prince de la Paix. En tant que membres d’une Église historique de paix — c’est-à-dire d’une Église dédiée aux voies de la paix — nous suivons Jésus, le Prince de la paix, qui nous appelle à l’amour radical de l’ennemi.
- Cet amour forme nos cœurs à voir Dieu dans « l’autre » humain, qu’il soit ennemi ou ami.
- Cet amour nous donne le courage de rechercher la justice.
- Cet amour nous appelle à rechercher des relations justes entre les personnes, au niveau des organisations, entre les États et les peuples, et avec le reste de la création — qui subit tous les dommages causés par les conflits.
La puissance de l’amour du Christ nous incite non pas à l’orgueil qui défend les nations ou la pureté idéologique, mais à la compassion pour ceux qui souffrent — indépendamment de l’identité nationale ou de l’affiliation politique.
Les enseignements de Jésus nous rappellent que l’ennemi n’est pas l’autre personne, mais notre propre instinct qui nous pousse à créer des barrières et à être victimes de l’inimitié elle-même. Nous prions pour qu’en trouvant le courage d’aimer, la puissance transformatrice de Dieu brise les cycles de violence qui divisent, oppriment et tuent.
La justice doit accompagner la paix. En effet, la paix ne peut être présente que lorsque la justice, qui est réparatrice, qui recherche la vérité et qui est orientée vers la réparation, est incarnée. Nous confessons notre incapacité à rechercher une paix juste. Nous demandons à l’Esprit Saint de nous enseigner l’humilité et de nous donner le courage d’aimer. Nous demandons la sagesse de reconnaître et de dire la vérité avec une clarté prophétique et un amour généreux. Nous demandons l’audace d’affronter l’injustice en dépit des risques que nous courons.
Nous prenons la résolution de nous exprimer — que ce soit auprès des gouvernements ou de nos concitoyens — pour remettre en question le soutien aveugle aux sources de la violence et de la mort.
En tant que communion anabaptiste mondiale, nous renonçons à la violence — comme Jésus l’a fait. Nous nous engageons, en tant que disciples de Jésus, à transformer les systèmes injustes par la non-violence active. Nous appelons les États à cesser d’investir dans la guerre et à commencer le dur travail de recherche des voies de la paix — une paix qui ne vient pas par les armes, les missiles ou la force violente — afin que tous puissent s’épanouir.
Nos mots semblent petits et inadéquats face à la crise, mais nous réaffirmons notre conviction que
L’Esprit de Jésus nous donne le pouvoir de faire confiance à Dieu dans tous les domaines de la vie afin que nous devenions des artisans de paix qui renoncent à la violence, aiment leurs ennemis, recherchent la justice et partagent leurs biens avec ceux qui sont dans le besoin. (Conviction commune 5 de la Conférence mennonite mondiale)
Seigneur, dans ta miséricorde, écoute notre prière.
Au nom de Jésus, Prince de la Paix.