À quoi sert une commémoration ?

 In Edito

Le massacre de Srebrenica est considéré comme le dernier génocide sur le continent européen. Il a eu lieu il y a 30 ans, en juillet 1995. Depuis, les deux camps construisent des mémoires opposées de l’histoire, les nationalistes serbes niant les faits alors que les Bosniaques organisent des cérémonies de commémoration. Le déni évite une mise en cause délicate en termes d’honneur et de responsabilité financière. Mais sans reconnaissance de l’événement, le travail de mémoire est difficile.

Les violentes persécutions des anabaptistes d’il y a plusieurs siècles ne sont pas comparables à un génocide mais étaient organisées par les autorités. Pour nous, héritiers du mouvement anabaptiste, le travail de mémoire est grandement facilité par le fait que les Églises protestantes et catholique, ainsi que les autorités du canton de Berne, ont reconnu leur responsabilité, demandé pardon et engagé un dialogue.

Pour autant, la question demeure de l’attitude à adopter face à cette histoire lourde. Faut-il se souvenir, oublier, tourner la page, raconter, raconter même l’horreur… ? Certains mennonites n’auraient manqué pour rien au monde le rassemblement du 29 mai à Zurich, tandis que d’autres n’étaient pas du tout intéressés. Combien de mennonites français ont-ils fait le déplacement : 10 % d’entre eux, peut-être 15 % ? La manière dont les 500 ans ont été commémorés, à Zurich et lors des autres événements cette année, peut aussi être interrogée : quelle en est la finalité ? Quelle impulsion cela nous donne-t-il pour aujourd’hui ?

Comme chrétiens, nous savons que l’histoire n’est pas juste une succession d’événements humains, mais qu’elle est aussi un lieu où se révèle la présence, la patience et le plan de salut de Dieu – parfois aussi son silence. Les regards vers le passé sont des occasions de reconnaître son action, sa fidélité, d’exprimer notre reconnaissance, ils nous poussent aussi à questionner notre vie de foi et l’Église que nous construisons aujourd’hui. Comme l’a dit Claude Baecher lors de sa prédication du dimanche 6 juillet au Geisberg : « Une commémoration, ce sont des moments importants d’activation de la mémoire… avec certains éclairages historiques sur la base desquels on peut même décider de s’améliorer1 ! »

MARC ANDRÉ WIDMER
président des Éditions Mennonites
et SYLVIE KRÉMER
rédactrice de Christ Seul

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