Le MCC (Mennonite Central Committee – Comité Central mennonite) soutient des Congolaises qui appellent à la fin de la violence contre les femmes

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MamaFifiPhoto : Fifi Pombo Madikela, pasteure des Frères Mennonites et dirigeante féminine à Kinshasa, la capitale du Congo, partage son expérience de la Marche Mondiale des Femmes. (Photo du MCC par Suzanne Lind)

 

Par solidarité avec les milliers de femmes qui ont été sexuellement agressées dans la République Démocratique du Congo, cinq mennonites congolaises ont participé à une marche internationale de femmes qui demandent la paix, la démilitarisation et l’arrêt de la violence contre les femmes.

Ce groupe international de femmes s’est rassemblé le 17 octobre à Bukavu, capitale de la province congolaise du Sud-Kivu, pour la Marche Mondiale 2010 des Femmes. Dans cette région du Congo oriental, les miliciens violent les femmes dans leur lutte pour le contrôle de ces terrains riches en minéraux stratégiques.

Le MCC a apporté son soutien à la participation de ces femmes à cette marche ainsi qu’à sa semaine préparatoire comprenant des discours, des séminaires, des rencontres culturelles et de multiples occasions de partage entre femmes. L’Église du Christ au Congo, une union d’églises protestantes, a hébergé les rencontres.

Le MCC a parrainé la participation de ces femmes afin d’encourager leur engagement et leur intérêt envers l’église au sens large, pour les contacts œcuméniques et dans les questions de paix et de justice, dit Suzanne Lind, qui représente le MCC au Congo, avec son mari Tim. L’occasion a également permis à des femmes mennonites de l’est et de l’ouest du Congo de mieux se connaître pendant qu’elles étudiaient les questions qu’elles pourraient partager dans leurs églises.

Même si les séminaires préliminaires ont étudié les effets des problèmes économiques, des exploitations minières, des services de santé, de formation et de démilitarisation sur les femmes congolaises, la question des violences contre les femmes a été au premier plan.

On estime qu’en 2009, 15 000 femmes ont été violées au Congo oriental, une région disputée entre de multiples groupes rebelles et les forces de sécurité nationales. Ces groupes luttent pour pouvoir accéder aux richesses minières de la région : or, étain, coltan, diamants, dont beaucoup sont nécessaires aux usines de produits industriels et électroniques dans le monde.

En 2010, la plus grande attaque contre les femmes et aussi la plus médiatisée a eu lieu du 30 juillet au 2 août. Environ 250 femmes, de 16 à 75 ans, dans une douzaine de villages du Nord-Kivu ont été violées en bande, souvent devant leurs enfants ou leurs maris. Les malfaiteurs ont également pillé les villages.

Au Sud-Kivu, des femmes et des enfants traumatisés ont raconté des histoires similaires aux cinq mennonites et aux autres femmes qui se sont rendues, le jour précédent la marche, à Mwenga, ville située à l’épicentre du conflit armé.

La route qui mène à Mwenga était bordée de femmes et d’enfants assis sur le sol, habillés de noir, et désirant raconter leur histoire. Dans chaque village, la délégation de femmes protestantes, dont les cinq mennonites, s’est arrêtée pour discuter et consoler les femmes.

« Ce qui avait été des choses uniquement entendues était devenu très réel pour nous, » dit Fifi Pombo Madikela, pasteure des Frères Mennonites et leader féminine à Kinshasa, la capitale.

« Nous avons parlé avec beaucoup de femmes qui ont été violées, battues, contrainte de fuir leurs maisons. Nous avons visité un hôpital où leur terribles blessures sont traitées. Nous avons entendu de première main des histoires de massacres et de meurtres horribles. Nous savons que maintenant nous devons travailler dur pour enseigner la paix aux enfants et aux jeunes afin que cette forme vicieuse de guerre disparaisse, » dit Madikela.

Au Congo oriental, le viol est devenu une « terrible maladie » dit Suzanne Lind. Cette maladie est la conséquence, selon elle, de 200 ans d’exploitation violente du peuple congolais, de la pauvreté et de la convoitise mondiale pour les abondantes ressources naturelles du pays.

« Le but premier de ces viols est de détruire les forts liens de solidarité à l’intérieur des communautés, afin de les déplacer et les contrôler facilement, » dit Lind. « Ainsi le terrain devient rapidement disponible pour l’exploitation minière et forestière du groupe dominant. Motivés par les grosses sommes obtenables par la vente des minéraux, des chefs de tous niveaux (militaire, gouvernemental local et national) encouragent et tolèrent cette violente anarchie comme moyen de faire de l’argent et de rester au pouvoir. »

Les femmes mennonites qui ont participé à la Marche Mondiale des Femmes sont retournées chez elles, à l’est et à l’ouest du Congo, déterminées à résister aux puissances de la convoitise et du chaos en affermissant leurs actions visant à enseigner la paix et la non-violence.

La rencontre de femmes du monde entier a permis à ces mennonites congolaises de prendre conscience qu’elles n’étaient ni seules, ni ignorées. « Mon cœur a été profondément touché par les récits de femmes d’Haïti, » dit Lambertine Mubanda, présidente de l’association féminine de l’Église Mennonite du Congo. « Elles ont tellement souffert. »

Madikela, qui a fait des investigations étendues sur la violence contre les femmes dans son pays, dit vouloir utiliser cette expérience pour inspirer ses écrits et ses enseignements à l’Université Chrétienne de Kinshasa.

« Nous n’oublierons jamais la joie de se tenir ensemble pour résister au mal, » dit-elle, « et nous continuerons d’agir. »

Emily Will, nouvelles du MCC, décembre 2010

 

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