Le troisième Congrès de Lausanne et la question du souci des pauvres
Après un premier article de Daniel Hillion, responsable des relations publiques du S.E.L., sur Lausanne III (voir l’entrée en date du 17/12/2010), voici un second article sur le Congrès qui s’est tenu en octobre 2010 au Cap en Afrique du sud.
Le congrès du Cap (2010) a été l’occasion de confirmer l’attention portée par le mouvement de Lausanne à l’engagement sociopolitique des chrétiens, notamment aux côtés des pauvres.
Dans la partie « Déclaration de foi », l’Engagement du Cap souligne : que Dieu veut prendre soin des besoins des pauvres « en passant par des êtres humains qui se consacrent à de tels actes [soutenir la cause des opprimés, nourrir les affamés, etc.] » ; que nous sommes appelés non seulement à des actes de compassion, mais aussi à rechercher la justice pour ceux qui sont exploités.
Il résume une vision « intégrale » de la tâche que Dieu nous a confiée : « Le contexte de toute notre mission est le monde où nous vivons, le monde de péché, de souffrance, d’injustice et de désordre créationnel, dans lequel Dieu nous envoie pour aimer et servir pour l’amour du Christ. Toute notre mission doit donc refléter l’intégration de l’évangélisation et l’engagement convaincu dans le monde, les deux étant commandés et poussés par la totalité de la révélation biblique de l’Évangile de Dieu. » (Partie I, §10 c)
Dans la partie « Appel à l’action », différents sujets plus précis liés à la pauvreté sont abordés notamment :
– L’esclavage et le trafic d’êtres humains, y compris le scandale du commerce sexuel. « Les esclaves du monde interpellent l’Église mondiale du Christ : ‘Libérez nos enfants. Libérez nos femmes. Soyez notre voix. Montrez-nous la nouvelle société que Jésus a promis.’ »
– Les Objectifs du Millénaire pour le Développement, en appelant à participer à des efforts comme ceux de la campagne du Défi Michée.
– L’un des intérêts du texte est également de remettre en cause l’idolâtrie du consumérisme. Un long passage est consacré à l’« Évangile » de la prospérité, condamné comme un « faux évangile ». « Là où cet enseignement sur la prospérité se produit dans le contexte de la pauvreté, nous devons le contrer par une compassion authentique et une action pour apporter justice et transformation durable pour les pauvres. Par-dessus tout nous devons remplacer l’intérêt personnel et la cupidité par l’enseignement biblique sur le sacrifice de soi et la générosité dans le don comme des marques d’un véritable discipulat envers le Christ. » (Partie II, V, 5, A)
L’appel à l’humilité, à l’intégrité et à la simplicité comme marques distinctives du chrétien et de l’Église a certainement été l’un des aspects marquants de ce congrès.
On peut relever, comme une preuve de l’équilibre du texte, mais aussi comme un encouragement pour les chrétiens plus aisés, la mention suivante : « … nous nous réjouissons de ce que l’Évangile inclut les riches dans son appel à la repentance, et les invite à rejoindre la communion de ceux qui sont transformés par la grâce qui pardonne. »
Cette vérité ne serait-elle pas l’un des fondements d’une action sociale chrétienne ? Trouver la raison d’être de notre engagement dans « la grâce qui pardonne »…
Daniel Hillion, responsable des relations publiques au S.E.L.
A noter : le texte anglais de l‘Engagement du Cap est disponible ici.