Article 7 – Le péché

 In Confession de foi

Nous confessons que, depuis Adam et Eve, l’humanité donne prise au tentateur et choisit de pécher en désobéissant à Dieu. Les conséquences du péché sont multiples : nous passons à côté de l’intention initiale du Créateur; nous altérons l’image de Dieu selon laquelle nous avons été créés ; nos relations à autrui sont perverties ; la création entière est perturbée. A cause du péché, l’humanité a été livrée à l’emprise des puissances du mal et à la mort1.

Pécher, c’est se détourner de Dieu, et c’est faire de la création et de nous - mêmes des dieux. Nous péchons en négligeant individuellement et collectivement d’agir avec droiture et justice2. Nous péchons en omettant de faire le bien et en refusant de donner à Dieu la gloire qui lui revient en tant que Créateur et Rédempteur. Pécher, c’est trahir l’alliance que Dieu a faite avec l’humanité, corrompre les relations, abuser du pouvoir et user de la violence. Tout ceci nous sépare de Dieu. Ainsi, nous sommes dans l’incapacité d’honorer Dieu comme il convient3.

Par le péché, les puissances de domination, de division, de destruction et de mort se sont déchaînées sur l’humanité et sur toute la création. Elles ont, par conséquent, aggravé l’asservisse­ment de l’être humain au pouvoir du péché et du mal, rendu le travail pénible et même affecté le repos. Plus nous péchons, plus nous nous enlisons dans le péché et nous nous exposons aux puissances du mal4. A cause du péché et de ses conséquences, les efforts de l’être humain pour faire le bien et connaître la vérité sont constamment corrompus5.

La nature asservissante du péché est visible dans les puissances du mal qui se manifestent tant au niveau individuel que collectif, dans tout l’ordre de la création. Ces puissances, principautés et forces spirituelles de l’univers, tiennent souvent des gens captifs et agissent au travers des systèmes politiques, économiques, sociaux et même religieux, afin de détourner les hommes de la justice et de la droiture6. Nous remercions Dieu qui n’a pas permis à ces puissances de régner totalement sur la création et qui n’a pas laissé l’humanité sans espérance.

 

————————–

Enjeux

• Le péché est de l’ordre de la responsabilité humaine et affecte toutes les sphères de l’existence humaine individuelle et collective. L’humain est touché dans son intégrité et divisé entre des aspirations multiples et contradictoires.

• Le monde invisible et spirituel en est aussi affecté.

• Dans cette chute, l’humain a tendance à devenir sa propre fin.

• L’article utilise des termes réalistes, concrets, historiques, et non d’abord abstraits ou exclusivement intériorisés.

• La grâce, à cause de l’initiative bienveillante de Dieu, permet le choix de l’alliance.

 

————————–

Commentaire

I-  Le péché est une réalité, et non une illusion. Nous ne pouvons pas justifier notre péché en prétextant nos limitations, la maladie, ou en prétendant que nous sommes victimes des circonstances ou du mal. Le péché implique une responsabilité personnelle et a des conséquences réelles. Dans les Écritures, la responsabilité du péché et du mal n’est pas imputée seulement à l’homme et à la femme. Elle est aussi attribuée à un pouvoir personnalisé qui porte divers noms : « le serpent » (Gn 3,1 ; 2 Co 11,3), « le tentateur » (Mt 4,3), « Satan » (Za 3,1), « le père du mensonge » (Jn 8,44), « le malin » (Mt 6,13) et « le diable » (Jc 4,7)…

II- En outre, les « puissances », les « principautés », les « dieux des nations », bien qu’ils ne soient pas forcément sataniques, sont marqués par le péché et sont donc enclins à dévoyer la volonté de Dieu à leur égard. Ils peuvent corrompre l’humanité et l’asservir (Es 42,17 ; 45,20 ; Ga 4,9 ; Ep 2,1 - 3 ; 6,12 ; Col 2,15). Le péché est donc plus qu’une affaire personnelle, il affecte aussi les groupes, les peuples et les structures.

Certaines organisations ont un « esprit » qui peut inciter des personnes à faire le mal qu’elles n’auraient pas choisi de faire de leur propre gré. Des gouvernements, des forces armées, des systèmes économiques, des institutions éducatives ou religieuses, des structures familiales, des régimes construits sur la discrimination nationale, sociale, raciale ou sexuelle sont susceptibles d’être animés par la puissance du mal. La violence de l’homme contre son prochain, l’hostilité entre les peuples, l’asservissement de la femme à l’homme, la maltraitance des enfants, les conditions pénibles de la vie et du travail dans le monde, sont autant de manifestions du péché, au sein de l’humanité et de la création tout entière (Gn 3,14 - 19 ; 4,3 - 16 ; 6,11 - 13 ; 11,1 - 9 ; Rm 8,21).

III- L’homme ne pèche pas seulement en transgressant certaines lois divines, mais plus fondamentalement en étant infidèle ou en refusant la relation avec Dieu. Cette dernière se vit sur le mode de l’alliance, dont Dieu prend toujours l’initiative (Jos 24,16 - 18 ; Jr 7,23 ; 31,31 - 34 ; Os 2,18 - 23 ; Lc 22, 20 ; 1 Co 11, 25). Foi et fidélité viennent d’un même terme, tant en hébreu qu’en grec. Ils signifient vivre selon la relation établie par l’alliance. Par conséquent, le péché est fondamentalement une infidélité à notre relation avec Dieu et une désobéissance à la volonté de Dieu. Tout péché est iniquité et injustice, mots équivalents pour la traduction des termes bibliques. Par ailleurs, ni l’hébreu ni le grec, contrairement à la langue française, ne dissocient la dimension individuelle et collective du péché.

IV-  Le péché d’Adam et d’Eve nous affecte tous (Rm 5,12.19), car le péché est inhérent à la condition humaine ; en même temps, nous sommes tenus pour responsables de notre propre conduite.  Comme l’a écrit le dirigeant anabaptiste Pilgram Marpeck, quel que soit l’héritage que nous avons reçu de nos premiers parents, cela ne nous prive pas de notre propre responsabilité devant Dieu (cf. Ez 18). Même si l’être humain est doué d’un certain libre arbitre, son choix est limité. Par la grâce de Dieu, nous avons reçu la liberté de choisir d’entrer dans la relation d’alliance avec Dieu ou d’être esclave du péché (Rm 6,16 - 18), qui à terme conduit à la séparation finale d’avec Dieu. Les Écritures mettent sévèrement en garde ceux qui, ne craignant pas Dieu, persistent dans la colère, la débauche, l’abus de pouvoir et autres choses semblables : ils s’exposent à l’enfer (Mt 5,22.29 ; 18,9 ; cf. article 24 : « Le règne de Dieu »).

V- Le péché affecte l’être humain dans toute sa personne. Aucune dimension de l’être humain telle que sa raison, sa sexualité ou son corps physique ne devrait être désignée comme seule coupable. Laisser libre cours à ses penchants naturels conduit à une diversité d’attitudes et de comportements pécheurs (Rm 13,14 ; Ga 5,19 - 21 ; 1 Co 11,18 - 30 ; Ph 3,3 - 7).

VI- Tout comme le péché a perturbé les relations entre les humains, ses effets ont affecté le travail et le repos de l’être humain. Le travail n’a pas été maudit par Dieu (Ps 104,23 - 24), mais il ne doit pas non plus être idéalisé. Le travail a été prescrit à l’homme avant la chute (Gn 2,15). A cause du péché de l’être humain, il devient pénible et source de souffrances (Gn 3,17), Dieu ayant maudit « le sol », c’est - à - dire les conditions de travail dans un monde affecté par le péché et le mal.

Notes

1-  Gn 2,17 ; 3,22 - 24 ; 6,11 - 12 ; Rm 1,21 - 32 ; 6,23
2-  Da 9
3- Es 1,12 - 17
4- Rm 6,12 - 18 ; Ep 6,10 - 12
5- Ps 14,2 - 4 ; Rm 3,9 - 18
6- Ep 2,1 - 3 ; Ga 4,1 - 3

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Not readable? Change text. captcha txt
0

Start typing and press Enter to search

Share This