Article 8 – Le salut
Nous croyons que Dieu nous sauve du péché et nous offre une nouvelle vie grâce à la mort et à la résurrection de Jésus - Christ. Nous recevons le salut de Dieu lorsque nous nous repentons et acceptons Jésus - Christ comme Sauveur et Seigneur. En Christ nous sommes réconciliés avec Dieu et introduits dans la communauté réconciliatrice du peuple de Dieu. Nous plaçons notre foi en Dieu afin que, par le même pouvoir qui a ressuscité Jésus de la mort, nous soyons sauvés du péché pour suivre le Christ ici - bas et connaître la plénitude du salut dans les temps à venir.
Dès le commencement, Dieu, dans sa grâce et sa miséricorde, nous a apporté le salut, par des signes et des miracles, en délivrant le peuple de Dieu et en instaurant une alliance avec Israël1. Dieu a tant aimé le monde que, lorsque les temps furent accomplis, il a donné son Fils. Celui - ci, par sa fidélité jusqu’à la mort, a donné à tous l’accès au salut2. Par son sang versé pour nous, le Christ a instauré la nouvelle alliance3. Selon sa puissance souveraine il nous guérit, pardonne nos péchés et nous délivre des liens du mal et nous soutient dans la détresse4. Par sa mort et sa résurrection, il libère de la puissance du péché et de la mort5, efface la dette de notre péché6, nous rachète et nous ouvre la voie à une vie nouvelle7. Nous sommes sauvés par la grâce de Dieu et non par notre propre mérite8.
Lorsque nous entendons la bonne nouvelle de l’amour de Dieu, le Saint-Esprit nous pousse à accepter le don du salut. Sans contrainte, Dieu nous introduit dans une vraie relation avec lui. L’accepter signifie alors vivre de la grâce de Dieu, placer notre entière confiance en Dieu seul, nous repentir de nos péchés, nous détourner du mal, nous joindre à la communauté des rachetés et manifester l’obéissance de la foi en paroles et en actes9. Nous qui étions auparavant ennemis de Dieu sommes réconciliés avec lui par le Christ et nous expérimentons la réconciliation avec les autres, particulièrement au sein de l’Église10. Par le baptême, nous témoignons publiquement de notre salut et nous nous engageons envers le seul vrai Dieu et son peuple, l’Église. Alors que nous expérimentons la grâce et la nouvelle naissance, nous sommes adoptés par Dieu dans sa famille et nous cherchons à devenir de plus en plus semblables à Christ11. C’est donc par la foi que nous répondons au Christ et cherchons à le suivre fidèlement.
Nous croyons que le salut, que nous expérimentons déjà, n’est autre qu’un avant - goût du salut à venir, lorsque le Christ manifestera pleinement sa victoire.
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Enjeux
• Le salut par la foi est l’un des concepts - clés de la Réforme du 16e siècle. Dans cet article, nous voyons que les mennonites se placent résolument dans cette perspective. Contre le légalisme que notre tradition a pu produire, nous devons nous rappeler sans cesse que notre salut est un don que nous ne pouvons pas acquérir par nos propres efforts.
• En même temps, la perspective anabaptiste s’est élevée contre une « grâce à bon marché », contre une foi facile qui ne produit pas de fruits. Cet article cherche à présenter les deux aspects du salut : la gratuité de l’œuvre de Dieu en Jésus - Christ et l’exigence d’une vie de disciple. L’une des manières dont cette articulation peut se comprendre se trouve dans la notion d’alliance. Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, la relation de Dieu avec son peuple se décrit comme une alliance. Par grâce, par élection et par amour, Dieu agit en faveur de son peuple, en le libérant de l’esclavage, par la venue de Jésus - Christ. Cette grâce fonde l’existence d’un peuple : « Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple » (Ex 6,7). En réponse à cette initiative de grâce, dans une attitude de reconnaissance, le peuple s’engage dans une vie de disciple. Ainsi formulé, le salut découle toujours de l’initiative de Dieu, fonde la vie du peuple, et appelle à la fidélité aux commandements. La notion d’alliance nous rappelle aussi que le salut se vit dans le contexte de l’Église, c’est - à - dire le peuple de Dieu, et notamment dans l’Église locale.
• Cet article reflète les manières différentes dont le Nouveau Testament décrit le salut (pardon, guérison, délivrance, vie nouvelle). Ceci nous rappelle la richesse des images bibliques et nous invite à dépasser certaines conceptions réductrices du salut.
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Commentaire
I- Dans l’histoire de la pensée chrétienne, nous trouvons trois interprétations majeures de l’expiation. Chacune d’elles se base sur les Écritures et contribue à notre compréhension du salut. En annulant le pouvoir du péché et de la mort, le Christ est vainqueur du mal (interprétation dite du Christ vainqueur). En annulant la dette de notre péché, le Christ, en tant que sacrifice, paie la rançon à notre place (interprétation dite de l’expiation substitutive). En ouvrant la voie à la vie nouvelle, le Christ montre l’amour de Dieu, nous poussant à accueillir cet amour et à aimer Dieu et les autres en retour (interprétation dite de l’influence morale).
II- Les expériences d’acceptation du salut sont diverses. Certains connaissent des conversions subites, tandis que d’autres entendent la proclamation du salut et s’y ouvrent progressivement dans le cadre de la communauté chrétienne avant de s’engager. Dans les deux cas, l’acceptation du salut émane d’une décision volontaire et personnelle. Le salut ne s’acquiert pas de manière automatique du fait que nous soyons nés dans une famille chrétienne ou du fait que nous ayons grandi dans l’Église.
III- Cette Confession utilise plusieurs termes différents pour exprimer le salut. Par exemple, le salut est souvent exprimé comme « justification par la foi ». La justification qui, pour nous, a valeur de salut (Rm 4,1 - 12) se vit dans une relation d’alliance avec Dieu. Une alliance est un accord qui engage deux parties l’une envers l’autre. Par sa grâce, Dieu prend l’initiative en opérant le salut par Jésus - Christ et nous offre sa justice. Le croyant est revêtu de cette justice. Se confiant dans la fidélité de Dieu, il cherche désormais, par la puissance du Saint-Esprit, à vivre dans cette relation d’alliance. La justification par la foi et une obéissance fidèle à cette relation d’alliance sont inséparables (Hé 11). Voir aussi article 17 (« Le discipulat et la vie chrétienne »).
La « nouvelle naissance » ouvrant à une « vie nouvelle » est une autre expression du salut. Les êtres humains ont été créés à l’image de Dieu. Lorsqu’ils ont péché, ils ont été asservis au diable. (1 Jn 2,29 - 3,10). Ils sont tous pécheurs et ne peuvent s’en sortir par eux - mêmes. Grâce à Dieu et par le moyen de la foi en Jésus - Christ, ils sont adoptés dans la famille de Dieu (Gal 3,23 - 4,7), ils sont « nés de nouveau » (Jn 3) ; il y a une « nouvelle création » (2 Co 5,17).
Le Nouveau Testament associe fréquemment notre salut avec la paix (Jn 16,33 ; Rm 5,1 ; 10,15). Il développe ainsi le concept du shalom de l’Ancien Testament. Par la mort de Christ sur la croix, nous avons à la fois la paix avec Dieu et la réconciliation au sein de l’Église entre des groupes autrefois antagonistes (Ep 2,14 - 17). Le Christ, qui a souffert sans chercher à se venger, nous donne son exemple : nous pouvons suivre ses traces, mener une vie qui plaît à Dieu et rechercher la justice (1 Pi 2,19 - 24 ; Lc 6,35 - 36 ; Mc 8,34). Voir article 22 (« La paix, la justice et la non - résistance »).
IV- Dieu opère son œuvre de salut pour l’individu dans le cadre de la communauté. Cette action salvatrice du Seigneur a englobé tout un peuple d’esclaves (Ex 15). Jésus a appelé un groupe de disciples. L’Église est le contexte privilégié où se vit ce message de salut (Ep 2,11 - 22 ; 1 Pi 2,1 - 10). C’est là que se prennent notamment les engagements avec le Seigneur en présence de témoins, dans une perspective de responsabilité mutuelle. L’alliance entre Dieu et les membres de l’Église implique de travailler à des relations justes, où les anciennes hostilités font place à la réconciliation.
V- En nous offrant le salut, Jésus - Christ ne nous pardonne pas seulement les péchés que nous avons commis, mais il nous affranchit aussi des puissances du mal dans lesquelles nous avons été pris au piège (1 Pi 2,24 ; Mt 26,28 ; Hé 2,14 - 15), nous délivre des ennemis qui nous font du tort (Lc 21,16 - 19 ; Ac 4) et nous guérit. Pour approfondir la question de la relation entre salut et guérison, voir l’article 10 (« L’Église en mission »). Le salut promis sera pleinement réalisé dans la puissance de la résurrection et la gloire à venir : telle est notre espérance (Rm 8,11.18.24 - 25).
Notes
1- Ps 74,12 ; Dt 6,20 - 25 ; Ex 20,1 - 17
2- Jn 3,16 ; Gal 4,4 ; Hé 1,1 - 3 ; Mt 26,28 ; 1 Co 11,25
3- Mt 26,28; 1 Co 11,25
4- Rm 5,1 - 5 ; Mc 2,1 - 12
5- Rm 8,2 ; Hé 2,14 - 15
6- Rm 3,24 - 25 ; Col 2,13 - 14 ; Mc 10,45
7- Rm 6,4
8- Ep 2,8 - 9
9- Rm 1,5 ; Lc 19,8 - 10
10- Rm 5,6 - 10
11- Rm 12,2 ; 2 Co 3,18