Les Rêves des jeunes Suisses pour l’église

 Dans Christ Seul, Explorer

Cet article marque le début d’une série d’articles présentant les réponses des jeunes de Suisse, de France, du Québec, de la République Démocratique du Congo et du Burkina Faso aux questions suivantes: « Quelle vision les jeunes ont-ils pour l’Eglise ? Qu’en attendent-ils ? Que rêvent-ils pour elle ? ».

Wagner Hadlich, membre d’un groupe de jeunes d’une paroisse luthérienne au Brésil, s’est exprimé en ces termes:  » Personne n’est opposé à nos activités, mais nous devons toujours rappeler au conseil paroissial : «Ne nous oubliez pas! Nous existons et nous avons besoin de votre soutien.» Cette affirmation reflète certainement une réalité vécue ailleurs qu’au Brésil… Avant de parler de vision et de rêve des jeunes pour l’Eglise, peut-être faut-il que l’Eglise s’interroge sur sa vision des jeunes… »

Au risque de caricaturer, on peut dire que les générations précédentes ont été tour à tour rigoureuses voire légalistes dans l’éducation, puis très permissives. Où se situe-t-on aujourd’hui entre ces deux pôles ? L’Eglise est-elle très différente de la société qui l’environne sur le plan de la relation avec les jeunes? N’y a-t-il pas surtout de l’indifférence envers eux ?

 

DIFFÉRENTES CULTURES, MÊMES ASPIRATIONS

je ne peux pas parler au nom des jeunes, le champ est trop vaste et mon âge ne me le permet pas. Cependant, j’ai interviewé quelques jeunes âgés de 18 à 25 ans. Leurs propos ne sont bien sûr pas la vérité absolue, mais ils contiennent certainement une part de vérité.

Ayant travaillé auprès des jeunes depuis presque 20 ans dans différents pays, je réalise que plusieurs éléments culturels changent au gré des pays et des générations qui passent. Cependant, les aspirations fondamentales des jeunes envers l’Eglise restent les mêmes…

 

ATTENTES DÉÇUES

Olivier Bangerter, ancien animateur aux Groupes Bibliques des Ecoles et Universités de Suisse romande (GBEU), a écrit un article fort intéressant sur les « backsliders »1. « Diverses études montrent qu’un jeune chrétien sur deux abandonne sa foi entre 15 et 25 ans ! Et je parle de chrétiens engagés pas des jeunes qui se désolidarisent de la foi de leurs parents. »2

Olivier Bangerter mentionne que cet abandon a quatre causes différentes: les attentes déçues ; un copain ou une copine pas chrétien(ne) ; une pensée profane ; l’absence de contacts avec des chrétiens.

Je me concentre ici sur la question des attentes déçues qui révèlent à l’inverse ce que les jeunes souhaitent et rêvent pour l’Eglise. Bien sûr, l’Eglise n’est pas responsable de toutes les attentes déçues. Mais certaines attentes déçues révèlent des lacunes de l’Eglise et à travers elles les espoirs des jeunes.
Par exemple, à la question : « Quel regard vos amis non-chrétiens portent-ils sur l’Église ? », certains jeunes répondent : « Les amis non-chrétiens trouvent que les chrétiens ne vivent pas ce qu’ils disent. » Les jeunes, chrétiens ou non, souhaitent que l’Eglise progresse dans la cohérence entre le dire et le faire.

 

DÉVELOPPER UNE DYNAMIQUE DE CONTACT

Les jeunes ont soif de relations authentiques et vraies. ils souhaitent que l’Eglise soit un lieu où l’on peut dire ce que l’on pense. Une jeune fille interrogée me disait: «J’aimerais savoir ce que le pasteur pense vraiment».

Pour Olivier Bangerter, les Eglises devraient progresser dans deux domaines, pour mieux répondre aux aspirations des jeunes : les relations fraternelles et l’enseignement.

Concernant les relations fraternelles, l’une des jeunes filles interviewées a dit: « Il est important que l’Église développe des contacts en petits groupes pour pouvoir partager la foi d’une manière plus personnelle et pour s’encourager les uns les autres. » Olivier Bangerter ajoute: « En tant que membres de l’Eglise, il nous incombe d’aider les plus jeunes à prendre leur place, à vivre une dynamique d’Eglise et à montrer notre intérêt pour eux. »

Les relations au sein de l’Eglise peuvent parfois être la cause de déceptions, mais c’est surtout l’absence de relations authentiques qui déçoit les jeunes. A l’inverse, il est beau de savoir que nous pouvons être les uns pour les autres, en partie en tout cas et avec l’aide de l’Esprit Saint, la réponse à notre soif de relations.

 

FOURNIR UN ENSEIGNEMENT UTILE

Concernant l’enseignement: il faudrait que l’on transmette aux jeunes un enseignement plus solide. Selon Olivier Bangerter, « trop de chrétiens ont une idée floue de la foi chrétienne. »

Une jeune chrétienne me disait: « C’est facile de dire : « C’est écrit dans la Bible », mais ça ne m’est pas tellement familier. »

Les jeunes et particulièrement les étudiants sont souvent confrontés, de la part du corps enseignant ou de leurs camarades de classe, à des critiques vis-à-vis de la Bible et du christianisme. Pour Olivier Bangerter, il est donc primordial d’avoir « de la bonne littérature chrétienne et des aînés dans la foi. »

En guise de conclusion, je dirai qu’en tant que corps du Christ, il nous faut progresser dans les relations les uns avec les autres et nous décider, non à parler DES jeunes, mais à parler AUX jeunes!
Notes
1 Le terme anglais « backslider » désigne une personne qui a abandonné la foi. En français, on dirait « rétrograde ».
2 BANGERTER, Olivier, S.O.S backsliders, Bulletin de nouvelles des GBEU, juin 1999, n° 163, p. 9-10.

 

CET ARTICLE ET LE RÉSEAU MENNONITE FRANCOPHONE
Cet article paraît conjointement dans quatre publications mennonites: « Perspective », mensuel des Eglises mennonites de Suisse « Courrier », journal de la Conférence mennonite mondiale, distribué entre autres dans les pays francophones d’Afrique; « Le Lien » pour les Eglises de Frères mennonites au Québec; « CHRIST SEUL», mensuel des Eglises mennonites de France. Jean-Paul Pelsy coordonne la publication de ces articles.

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