Partir ? Rester ?

 Dans Christ Seul, Stimuler

Pour qui a le privilège d’avoir un emploi, il arrive que l’employeur ait des pratiques qui posent problème au chrétien. Si les clignotants de la conscience s’allument parfois au travail, c’est plutôt bon signe. Mais que faire alors ? Partir ou rester ?

Nous rencontrons tous, tôt ou tard dans notre activité professionnelle, des situations qui interpellent notre conscience ou notre foi. Du « petit » mensonge apparemment insignifiant (« dites que je ne suis pas là ! ») jusqu’à l’événement aux conséquences tragiques (malfaçons volontairement camouflées entraînant des accidents), l’éventail est riche ! Face à ces situations, beaucoup se sont posés, ou se posent, cette question : « Dois-je ou non rester à ce poste ? »
Partir ? Cette alternative me préserverait de toute compromission. Mais est-ce seulement possible ? Mon profil, l’emploi dans ma région ou dans mon activité me le permettent-ils ? Quelles seront les conséquences pour mon conjoint, mes enfants, mon assemblée (disponibilité, revenus du foyer, déménagement) ? Dois- je partir en gardant avec moi mon « secret » ? Une situation identique ne risque-t-elle pas de se reproduire dans mon prochain poste ?
Rester ? C’est en effet en ce moment que mes collègues ont besoin de vérité : « Brillons, brillons bien, toi dans ton coin sombre et moi dans le mien » dit le chant. Mais il me faudra affronter la moquerie, l’hostilité ou même des sanctions. Et comment rester motivé à mon poste, si je me sens étranger à « l’esprit de l’entreprise ? ».

UN PSAUME COMME REPÈRE

Le Psaume 1 pourra être une piste de réflexion utile. Il parle d’abord d’implication (verset 1 : marcher, s’arrêter, s’asseoir). Suisje spectateur involontaire ? Par ma position dans l’organisation, est-ce que je risque des pressions pour faire de moi un complice, voire même un acteur ? Ces éléments peuvent être des critères de décision.
Le psaume parle ensuite de ma relation à Dieu (verset 2). C’est un point essentiel, car discerner la volonté de Dieu demande de la persévérance (« méditer jour et nuit »). Le soutien dans la prière de la famille et de l’assemblée sera certainement une aide précieuse.
Quelle que soit l’alternative choisie, elle implique des défis hors de portée sans la grâce divine : demeurer honnête et vigilant si je reste en poste, avoir l’humilité et la persévérance de recommencer une carrière si je pars. Et dans tous les cas, savoir que l’hostilité et l’amertume de ceux dont je dénonce la conduite pourront resurgir, même si je les avais oubliées. Malgré ces difficultés, la fidélité à Dieu est promesse d’épanouissement et de succès (verset 3) !

AU TRAVAIL EN EXIL !

Aux déportés qui étaient à Babylone, en territoire païen, et qui aspiraient à retourner à Jérusalem, Dieu a recommandé de rester sur place et de travailler. Avec la promesse que cette situation n’était pas définitive, « car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance » (Jérémie 29,11). Que ces paroles nous encouragent, quelle que soit la place que Dieu nous aura réservée.

 

J’AI QUITTÉ MON TRAVAIL POUR DES RAISONS ÉTHIQUES – TÉMOIGNAGE
Après avoir suivi de longues études et après neuf mois au chômage, je « décroche » enfin mon premier poste en tant que technicocommerciale au sein d’une petite entreprise de l’Est de la France. Dans un contexte de conjoncture économique défavorable et après plusieurs mois difficiles, on a l’idée de rester quelques années pour pouvoir « se forger » une expérience et valoriser son CV pour la suite de sa carrière professionnelle.
Malheureusement, après un mois dans cette société, je me rends vite compte que plusieurs points sont en désaccord avec mes convictions : malhonnêteté vis-à-vis des clients, pression psychologique sur les salariés, passe-droits, licence de moeurs…
Vous pensez sans doute qu’il n’existe pas d’environnement professionnel « parfait » ; certes, mais ils en existent qui peuvent être plus « malsains » que d’autres… Quitter son travail pour des raisons éthiques n’est pas chose simple.
À ce moment-là, j’ai cette réflexion : faire le choix de rester pour témoigner de ma foi auprès de mes collègues ou partir, car je ne supporte pas d’être « tiraillée » entre mes convictions profondes et devoir, quelque part, adhérer à des pratiques qui sont en désaccord avec l’enseignement de la Bible. Faut-il persévérer ou faut-il abandonner ?
Ne supportant plus ce combat dans mon for intérieur, je prends finalement la décision de partir après seulement six mois dans cette société. Cela implique de me retrouver à nouveau en recherche d’emploi et de revivre une situation difficile. Mais je me sens soulagée, en paix et intègre par rapport à ma foi.
À ce jour, je ne sais toujours pas pourquoi Dieu a permis que je passe par ces voies, mais je peux affirmer qu’il a vraiment conduit la suite de ma vie professionnelle.
« Ne t’irrite pas contre les méchants ! Ne jalouse pas ceux qui font le mal ! C’est à l’Eternel qu’il te faut remettre tout ton avenir. Aie confiance en lui et il agira. » (Ps 37, 1 et 5, version Semeur).
JULIE, ÉGLISE DE SAINT-GENIS POUILLY

 

POUR ALLER PLUS LOIN…
Robert Somerville, L’éthique du travail, coll. Alliance, Méry-sur-Oise, Sator, 1989, 190 p.

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