Devoir se retrouver à deux en vacances

Les vacances ont pour effet de rompre l’équilibre habituel de la vie de couple. Que va-t-il se passer ? Est-ce toujours simple ? Réflexions et témoignage.

C’est le temps des vacances ! Après un quotidien chargé de stress, de corvées domestiques, de coups de téléphone, de courses pour les enfants, de surcharge de travail, de soirées, chacun aspire à un repos, une coupure réparatrice, un temps pour se retrouver, pour se remettre en question. C’est un temps où les couples misent sur cette période « spéciale » où tout semble s’arrêter, pour vivre des moments inoubliables.

VACANCES À DEUX : CRISE OU CHANCE ?

Les vacances sont un « révélateur » de la détérioration de la relation, qui va amener le couple à une prise de conscience et lui permettre de prendre des résolutions ; elles sont aussi activateur de crises. C’est une période, certes, où le temps n’est plus compté, mais qui reste cependant très dense et risquée, idéale pour les dissensions, mais aussi propice aux réconciliations. Les vacances pour le couple, sont source d’évasion, de rêve, d’intimité, de rupture avec la vie quotidienne. C’est une « saison » pour faire le point, pour désamorcer les conflits, y voir plus clair dans la relation conjugale. C’est un temps où tout est différent, où le regard de l’autre change, où le coeur se « métamorphose ». C’est le temps favorable aux promenades, à l’écoute, au partage. Les vacances conditionnent aux « lâcher prise », aux « laisser tomber tout ce qui a été tenu en haleine ». C’est le temps perdu qui n’existe plus !

ATTENTES DIFFÉRENTES

C’est aussi le moment de prendre conscience de ses attentes et d’analyser si elles sont réalistes. Mais ces attentes sont quelques fois divergentes : pour la femme, le temps des vacances sera un temps privilégié où elle aimera se retrouver avec son mari, pour lui parler, poser les tensions qu’elle aura enfouies durant toute l’année. Alors que l’homme préfèrera peut être retrouver des moments affectifs, sexuels, comme lorsqu’il « n’y avait pas les enfants », et pratiquer un sport…Alors, si la femme rêve de balades romantiques et que le mari aspire à des matchs entre copains, le conflit semble imminent !
Mieux vaut alors s’entendre et faire en sorte que chacun puisse se donner du temps pour soi, et laisser du temps à l’autre.

SAISIR L’OCCASION

Bien que la relation conjugale se construise toute l’année, les vacances sont des moments favorables pour s’accorder du temps ensemble, se manifester un peu plus d’affection, de soutien, s’amuser – pourquoi pas ! Avouer ses difficultés, ses ressentis émotionnels, passer des moments complices, se laisser surprendre, s’entendre sur l’essentiel.
« Ainsi donc, vous qui êtes choisis par Dieu, revêtez-vous d’une tendresse magnanime, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous l’un et l’autre, et faites-vous grâce… Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien parfait » (Col 3,12-13).
Et si les besoins du couple en vacances ne sont pas complètement satisfaits, sachant que ce couple est peut être parti « avec une solitude à deux », on peut être quasiment sûr que ce même couple reviendra « avec une liberté à deux » !

A DEUX, C’EST MIEUX… – TÉMOIGNAGE
Se retrouver en couple en vacances : embarquement pour Cythère ou grosse galère en vue ?
La question se posa à Liliane mon épouse et à moi lors d’une descente en canoë d’une partie du cours de l’Ardèche. A l’époque, si la forme physique était au rendez-vous, la pratique de ce sport nous était totalement étrangère et à 25 ans de distance, les spectateurs de notre départ chevauchant nos esquifs à l’envers sont peut-être encore en train d’en rigoler…
L’esquif remis dans le bon sens et appliquant à la lettre les instructions de Paul, je m’instituai chef de manoeuvre. Erreur fatale, j’avais beau agiter dans tous les sens la rame qui constituait mon dérisoire bâton de commandement et m’époumoner à crier des consignes à mon épouse placée à l’avant, la rivière n’en faisait qu’à sa tête. A leur guise, courants et remous nous drossaient sur les rochers ou faisaient chavirer le bateau. Difficile après le X et unième bain forcé, la vidange répétée de centaines de litres d’eau embarqués et le sentiment de panique quand, plaqué au fond de l’eau, on a du mal à remonter…, difficile dans ces conditions de rester « zen ». Comme c’est forcément l’autre qui a mal réagi et que quand on est deux l’autre devient trop facilement identifiable, se crier dessus devient pratiquement inévitable…
Rassurez-vous, notre couple a résisté à l’épreuve de l’eau. N’empêche au jour d’aujourd’hui où, dit-on, même chez les chrétiens les liens sacrés du mariage tendent plutôt à avoir la fragilité du cristal que la solidité de l’acier, je recommanderais l’usage de ce ban d’essai aquatique de l’amour et de la patience réciproque plutôt avant qu’après cet engagement solennel…
JEAN-CLAUDE MULLER, ÉGLISE DE MONTBÉLIARD

POUR ALLER PLUS LOIN…
Guy Bodenmann, Une vie de couple heureuse, Paris, Ed. Odile Jacob, 2003, 196 p.
Un livre plein d’action pour tous les couples stressés ! L’auteur, au moyen d’exercices pratiques, nous aide à différencier toutes sortes de stress, les quotidiens ou les exceptionnels, les inutiles ou les inévitables.