Liberté et diversité

 Dans Christ Seul, Stimuler

Lors du Congrès Mennonite Européen à Barcelone en mai 2006, l’étude biblique d’ouverture traitait de la liberté et de la diversité. Des réflexions utiles quand on connaît la diversité présente au sein des mennonites d’Europe… Extraits.

Le texte sur lequel on m’a demandé de prêcher (Ja 1,25 – voir ci-dessous) semble inviter à célébrer la diversité qui provient de la liberté à laquelle nous parvenons en Jésus-Christ.
Néanmoins, en scrutant le texte de manière plus approfondie, je note qu’il ne dit rien sur la diversité en tant que telle. Il en dit par contre suffisamment sur la nécessité de persévérer dans la loi parfaite, l’accomplissant par nos oeuvres. Je présume que le comité qui m’a chargé de prêcher sur la diversité et qui m’a donné ce texte, a supposé que la relation du texte à la diversité se déduit de la qualification de la loi parfaite comme loi de la liberté.

LIBERTÉ POUR…

La liberté dans la pensée apostolique – ici chez Jacques et de manière typique chez Paul – n’est pas tant liberté de la loi, mais liberté pour la loi. S’il y a une chose qu’établit clairement notre verset, c’est la nécessité d’accomplir par des œuvres la loi parfaite, au contraire des sots qui l’oublient dès qu’ils cessent de la lire. La libération que célèbre l’ensemble du Nouveau Testament, c’est la libération de l’esclavage du péché ; une libération qui nous confère une nouvelle capacité que seul le mot liberté peut décrire, une liberté pour aimer Dieu, servir le prochain et vivre dans la sainteté, chacune de nos œuvres étant agréable à Dieu. …

DES ACTES D’AMOUR

Ce n’est pas en vain que Jacques poursuit, dans les versets qui suivent, en nous rappelant que l’unique religion valide, c’est celle qui nous enseigne à réfréner notre langue, à nous occuper des veuves et des orphelins, à traiter les pauvres avec la même déférence que les riches. Il ne s’agit pas d’exemples sans importance, interchangeables avec n’importe quel autre exemple que l’apôtre aurait pu imaginer. Il s’agit des valeurs fondatrices du Royaume de Dieu : quiconque vit conformément à la loi parfaite, la loi de la liberté, ne juge plus son prochain avec des paroles injurieuses et impatientes, des paroles dénigrantes qui manifestent l’arrogance de celui qui se considère supérieur à son frère. Au contraire, quiconque vit conformément à la loi parfaite, la loi de la liberté, consacre, dès à présent, sa vie et ses moyens à améliorer la vie de ceux que la société marginalise et détruit.
Dès lors, notre énergie ne vise plus à démontrer, par nos paroles, l’infériorité de la doctrine des autres, mais cherche à démontrer, par des actes et des œuvres d’amour, que Jésus est le Seigneur, que le Messie est arrivé et que le Règne de Dieu est présent au milieu de nous.

HYMNE À LA LIBERTÉ !

Oh, magnifique liberté ! Oh, loi parfaite ! Oh, admirable « Père des lumières », qui depuis les plaies d’Égypte et jusqu’à présent ne cesse de promouvoir son saint et ferme projet de transformation de la société humaine ! Vivons ainsi à jamais, libres et victorieux dans la tentation, les yeux fixés vers le but, remplis d’énergie et de vision pour réaliser, sans jamais nous décourager, les merveilleuses oeuvres de perfection que Dieu tient en réserve pour nous aussi, au milieu de notre génération perverse, idolâtre et réduite en esclavage !

ET LA DIVERSITÉ ?

Maintenant, si c’est là la liberté, qu’en est-il alors de la diversité ?
La diversité se trouve partout et dans chaque aspect de nos vies en tant qu’individus et en tant que communautés différentes, avec leurs histoires, leurs perspectives et leurs visions particulières.
Si nous avons eu recours au contexte des versets autour de Jacques 1,25 afin de saisir sa signification, il est nécessaire de recourir au contexte sociologique de l’épître pour découvrir l’étonnante diversité que furent capables de tolérer – au moins durant la génération apostolique – les communautés chrétiennes naissantes.

DIVERSITÉ RÉVOLUTIONNAIRE…

Trop facilement, trop légèrement, nous tendons à oublier le caractère révolutionnaire et la difficulté que représentait la proposition apostolique d’accepter, dans les dignes et respectables synagogues composées de familles juives de haute extraction, nos ancêtres païens. Pour les familles païennes, il était normal de pratiquer la superstition, le polythéisme, l’idolâtrie ; dans leur sein abondaient toutes sortes de péchés et d’abominations. Et néanmoins, la division entre le judaïsme et le christianisme a été lente et progressive ; et selon les dispositions des personnes de chaque lieu, la séparation s’est faite en quelques décennies, pour certaines communautés, et en un ou deux siècles, pour d’autres. Durant l’ère apostolique, comme on peut l’observer dans les Actes, un rabbin chrétien comme Paul se sentait parfaitement autorisé à prêcher dans toutes les synagogues juives de la diaspora. L’épître aux Galates nous montre que d’autres rabbins qui n’étaient pas chrétiens exerçaient le même droit et prêchaient dans les synagogues où tous les membres se considéraient disciples de Jésus. …

ET CONFLITS

Cela signifie que durant les premières décennies de l’Église – et en particulier durant la génération apostolique – tant les juifs que les chrétiens devaient être tolérants à l’égard de la diversité. Cela n’était pas toujours le cas ! Le Nouveau Testament recense un certain nombre de conflits ponctuels, à Jérusalem et dans les différentes villes de la diaspora. Là où le dialogue fut brisé, on parvint même à la persécution et au martyre. Mais il n’est pas nécessaire d’imaginer que cela était inévitable, ni même typique.

AGAPÈ

Le Nouveau Testament nous indique le contraire : tous les apôtres investirent une grande part de leur énergie à promouvoir une coexistence pacifique et harmonieuse, une coexistence dont le trait principal était l’agapè, un amour semblable à celui de Dieu lui-même.

BIOGRAPHIE
Dionisio Byler est né en Argentine de parents missionnaires nord-américains. Avec son épouse Connie, il est missionnaire en Espagne depuis 1981 avec Mennonite Mission Network. Il a été pasteur de l’Eglise mennonite de Burgos de 1986 à 1990 avant de devenir professeur au Séminaire Evangélique de Madrid. Il a écrit 8 livres sur les thèmes de la non-violence, de l’interprétation biblique et de la vie chrétienne.[/c]

Traduction de l’étude biblique par Philippe Gonzalez.

Différents exposés du Congrès Mennonite européen de Barcelone ont été regroupés dans le dossier « La liberté qui engage« , disponible dans notre boutique.

LA LOI DE LA LIBERTÉ
« Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’oeuvre, celui-là sera heureux dans son activité. »
JACQUES 1,25

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