Le dernier patriarche mennonite européen ?
Samuel Gerber « du Bienenberg » nous a quittés. Oncle Samy est entré dans la maison du Père qu‘il a servi avec passion..
Comment évoquer ce frère sans trahir sa mémoire ? Instituteur dans le Jura, il a répondu à l‘appel des assemblées mennonites et servi pendant 29 ans en tant qu‘enseignant, puis directeur de l‘Ecole Biblique du Bienenberg et pendant une durée similaire comme ancien dans l’assemblée du Schänzli près de Bâle.
Une « personnalité »
Sa personnalité était contrastée, parfois déroutante, haute en couleur et impossible à enfermer dans une formule simple… On admirait son autorité – ou on la redoutait. Son énergie semblait sans faille – parfois difficile à suivre pour les collègues. Sa puissance de travail était étonnante – même si je me levais très tôt, la lumière brillait déjà dans son bureau – ainsi que sa capacité à reprendre des forces (son secret, livré lors d’une réunion de profs : une sieste de quelques minutes seulement!). Sa théologie : à la fois piétiste et anabaptiste, il était attaché à un enseignement fondé sur l‘Ecriture sans tomber dans le littéralisme. L‘auditeur de ses messages pouvait un jour le trouver trop conservateur et s‘étonner le lendemain de son ouverture. Prédicateur infatigable qui considérait son ministère comme un combat, il était fidèle à une annonce de l‘Evangile centrée sur la personne de Jésus et sur l‘importance de l’assemblée locale.
Pour moi, la plus jeune de ses collègues au Bienenberg, ce n’était pas toujours facile de travailler en harmonie avec Oncle Samy, mais au fil des ans une estime réciproque a grandi et j‘ai appris à apprécier un homme de conviction qui connaissait la souffrance.
J’ai sous les yeux sa réponse à notre lettre annuelle ; elle est comme il était : intéressé par notre cheminement, reconnaissant des soins apportés par ses enfants et petits-enfants, en souci au sujet de l’un d’eux, remettant tout au Seigneur et soulignant la communion qui nous unit au-delà des années. Merci Oncle Samy !
Samuel Gerber : une présence encourageante
J’avais 22 ans, et en 1977-78, Samuel Gerber avait accepté que je donne le cours sur « Evangélisation/mission » au Bienenberg comme assistant de Daniel Graber. Ma première expérience d’enseignement ! C’était il y a trente ans. Aujourd’hui, je m’étonne de la confiance qu’il accordait au jeune que j’étais. J’ai le souvenir d’un homme très ouvert, avec une foi clairement centrée sur Jésus-Christ.
Derrière tout homme de Dieu, il y a une femme de Dieu… A chacune et à chacun des membres de sa famille, un merci pour la disponibilité de leur mari et père, pour laquelle ils ont eu à payer un prix certain. Merci au Seigneur d’avoir suscité ce ministère d’encouragement et de maintien d’un bon cap.
Claude Baecher, directeur du département francophone, CeFoR Bienenberg