Quand la foi déplace les transports
On connaît « bison fûté ». Que serait un « chrétien fûté » en matière de transport, de déplacement régulier ou occasionnel ? La foi et l’éthique chrétiennes changent-elles quelque chose à notre manière de nous déplacer ? La foi déplace les montagnes, dit-on… Déplace-t-elle nos habitudes de transport ?
Nous avons été incroyablement gâtés en matière de transport ces dernières années ! TGV, compagnies aériennes à bas prix, deux-roues confortables adaptés à la ville, tramways modernes et rollers… Comment faisait-on avant ? Les voitures ont toujours quatre roues et un moteur, mais quels progrès en confort, sécurité, facilité de conduite !
Souvent, nos déplacements quotidiens nous semblent pénibles et coûteux (argent et temps). En voiture, nous pestons contre les bouchons, la difficulté du stationnement, les radars et l’incivilité (des autres…). Dans les transports en commun, ce sont les retards, les grèves et l’obsession sécuritaire qui nous énervent. Et il nous faudrait en plus nous soucier de pollution et de la fin prochaine de pétrole ?
En tant que chrétiens, nous devrions être conscients des privilèges qui nous sont donnés, et en user avec reconnaissance et de manière juste. La sauvegarde de la nature nous concerne, car nous sommes en charge de la création de Dieu. Etre soumis aux autorités, respecter la personne et la vie d’autrui, c’est aussi nous conformer aux règles et contribuer à un bon état d’esprit dans les transports, sur la route en particulier. Enfin, vis-à-vis de tous ceux qui ne partagent pas notre privilège, nous ne pouvons pas agir comme s’il allait de soi.
Le contexte change, nous ne pouvons pas éluder les nouvelles questions qui se posent à nous !
Quels moyens de transport ?
Et pour commencer, celle du choix de nos modes de transport. L’automobile offre souplesse et liberté… mais, malgré ses progrès, elle consomme autant de carburant qu’il y a 40 ans ! C’est qu’elle a pris de l’embonpoint : structure renforcée, sièges devenus fauteuils, direction assistée, pot catalytique…. et d’autres choses bien moins utiles ! Nous manquons d’exercice physique, le pétrole se tarit et nos villes étouffent : pouvons-nous continuer, dans nos trajets quotidiens ou pour partir en vacances, à traîner avec nous cette masse de ferraille, de verre et de plastique, sans explorer les autres possibilités ?
Quand la voiture est incontournable
La voiture reste incontournable dans certains cas : d’accord ! Alors, utilisons-la au mieux ! Il est bien connu que la consommation (et donc la pollution) dépend beaucoup du style de conduite… Rouler en douceur, couper le moteur pour les arrêts de plus d’une minute, avoir des pneus bien gonflés, limiter l’usage de la climatisation… la liste des mesures simples et efficaces est longue. Les avons-nous adoptées ou au moins essayées ? Pensons-nous à nous regrouper pour emmener nos enfants à une même activité, pour les courses au supermarché, ou pour aller au travail ? A échanger nos véhicules pour qu’un trajet à 6 ou 7 se fasse avec une grande voiture plutôt qu’avec deux moyennes ?
Quelle voiture ?
Et quels sont nos critères quand nous achetons une voiture ? Les modèles de base ont déjà tout ce qu’il faut et bien plus… Plutôt que d’investir dans des perfectionnements inutiles, pourquoi ne pas choisir un modèle fonctionnant au gaz, au biocarburant, à l’électricité, ou à motorisation hybride ? Oser expérimenter des innovations, les faire connaître, susciter le débat à leur sujet, et ainsi contribuer à faire avancer les choses, c’est aussi notre vocation !
Témoignage : j’étais accro à l’essence…
En 2004, après quelques années de réflexions sur ma forme, sur le respect du code de la route, sur mon humeur vis-à-vis des autres usagers et sur mon rôle de gestionnaire de la création, j’ai vendu ma moto pour tester pendant au moins six mois la mobilité douce. Pédaler 8 km avec un vélo assisté électriquement et passer 25 minutes dans le train me paraissait alors être une grosse concession à accepter. Même avec une assistance, partir le matin dans une côte de 15 % fait plus transpirer que d’ouvrir les gaz de ma moto. J’étais désormais dépendant d’un horaire qui m’obligeait à utiliser un réveil et il fallait pédaler pour rattraper le retard pris aux tartines…
J’ai parfois raté le train, attendu le suivant ou pédalé 18 km de plus pour arriver au travail fatigué…
Mais Dieu fait bien les choses : mon corps de larve s’est adapté à cet exercice quotidien et les montées sont devenues moins dures, la transpiration plus rare et au bout d’un an, l’assistance électrique était devenue superflue.
A présent, je parcours par plaisir les 52 km par jour à vélo couché avec une liberté d’horaire retrouvée et sans fatigue ! Les loisirs sportifs ne m’occasionnent plus à chaque fois trois jours de courbatures, j’économise du carburant, suis plus patient avec mon entourage et moins stressé.
Qu’en conclure ? Pourquoi utiliser un moyen qui stresse, pollue et ruine la santé quand on peut en choisir un qui déstresse et maintient en forme sans polluer ? Le corps humain est si bien créé qu’il peut se passer de moteur dans bien des cas !
P. Wenger
MODES DE TRANSPORTS
En France, un adulte sur cinq ne dispose pas de voiture. Ceux qui en possèdent une ne sont que 12 % à ne pas la prendre pour aller travailler et 41 % ne peuvent s’en passer facilement. Seulement 27 % de ces mêmes automobilistes seraient susceptibles de modifier leur comportement en matière de transport. Dans les grandes agglomérations, on préfère la voiture aux transports en commun surtout pour sa plus grande rapidité et pour l’autonomie qu’elle procure.
Source : INSEE