Un précurseur du commerce éthique

 Dans Christ Seul, Explorer

A l’occasion de l’apposition d’une plaque souvenir à Strasbourg, gros plan sur les Frères moraves et en particulier sur Abraham Dürninger, précurseur du commerce éthique et équitable avant l’heure… !

Fils d’un commerçant et conseiller municipal de Strasbourg, Abraham Dürninger (1706-1773) est membre de l’Eglise luthérienne. Tout comme son père, il veut vivre en chrétien et devenir un « bon commerçant ». Après ses années d’apprentissage dans l’entreprise de son père, il complète sa formation en voyageant à travers l’Europe. Il veille à garder la foi, tout en ressentant le fossé entre ses convictions et la réalité de la vie du commerçant orienté vers le profit.
Vers 1740, de retour dans sa ville natale, il fait la connaissance d’un petit groupe fondé par des étudiants en théologie qui avaient rencontré le Comte Nicolas Louis de Zinzendorf (1700-1760) à Iéna. Ce dernier avait auparavant eu contact avec des réfugiés de Bohème et de Moravie – héritiers de Jan Hus mort en 1415 – à un moment où il cherchait lui-même à affermir sa foi. En 1722, la communauté formée de ces réfugiés venus de Moravie s’était établie sur les terres de Zinzendorf à Herrnhut, en Saxe.
Ces étudiants alsaciens maintiennent le contact avec les « Frères moraves ». Tout en restant membres de l’Eglise luthérienne, ils se rencontrent régulièrement au 10 quai des Bateliers (devenu le 34) à Strasbourg, s’entraident pour vivre en chrétiens responsables. Abraham Dürninger trouve là accès à une foi plus personnelle ; il rend visite à une autre communauté morave près de Francfort-sur-le-Main et découvre un groupe de chrétiens vivant ensemble de l’artisanat et de l’agriculture, célébrant les cultes et les fêtes. Il a l’occasion de rencontrer L.N. Zinzendorf et devient membre de l’Eglise morave en 1744. Il quitte alors définitivement l’entreprise de son père.

DÉGOÛT POUR LE COMMERCE

La plaque apposée au 34 quai des Bateliers à Strasbourg rappelle la carrière de ce marchand de draps strasbourgeois qui, après sa conversion, éprouva une « aversion profonde » pour son métier de commerçant.
Abraham Dürninger met son expérience et ses capacités au service de la communauté des Frères moraves à Francfort-sur-le-Main, puis à Herrnhut jusqu’à la fin de sa vie.
« Il fut un pionnier des principes éthiques en matière commerciale » en instaurant des prix fixes, explique Hans Michael Wentzel, administrateur de la Fondation Abraham Dürninger qui gère encore aujourd’hui les entreprises des Frères moraves à Herrnhut.
A travers les changements de société, de régimes politiques et les évolutions du siècle dernier, le témoignage de ces entreprises est remarquable : gestion protégée pour des emplois réservés aux handicapés, expérience de résistance aux régimes totalitaires par des pratiques justes envers les partenaires et les employés.

FRÈRES MORAVES DANS L’EST DE LA FRANCE

A Strasbourg, la petite communauté morave subsiste longtemps ; d’autres groupes se forment en Alsace et dans la région de Montbéliard. Dès 1845, la communauté déménage au n° 20 quai St Nicolas. Pour la petite histoire, l’Eglise Evangélique de la Bonne Nouvelle de Strasbourg a loué au lendemain de la Seconde Guerre mondiale cette salle de culte des Frères moraves inoccupée depuis 1919. Tout était resté en place, bancs rustiques en bois, gros poêle rond, orgue à soufflet, recueils de cantiques en allemand, lustres d’époque et… un service de sainte cène !

L’ÉGLISE MORAVE AUJOURD’HUI

Descendants directs de la réforme de Jan Hus, les Frères moraves (ou Frères tchèques) s’en détachent sous l’influence de Petr Chelciky (1390-1460). Parmi ses idées, notons la nonrésistance au mal et la fraternité à l’intérieur de petits groupes.
Forts de 850 000 membres répartis dans 19 régions ou provinces unies par une communion fraternelle tout en maintenant la liberté de chaque province, on trouve les moraves en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud. En Tchéquie, les descendants des Frères ont joué un rôle crucial dans la culture nationale et politique.
Proches des luthériens et des réformés, les Frères moraves font preuve d’une grande ouverture aux autres Eglises chrétiennes en essayant de vivre des signes de paix et de justice dans des pays en guerre, de bâtir des ponts là où des conflits ont creusé des fossés, par exemple entre la France et l’Allemagne après les trois guerres qui ont finalement contraint la communauté morave à cesser ses activités en Alsace et à Strasbourg. Dans les territoires palestiniens, ils ont commencé un travail parmi les enfants handicapés.

BEST-SELLER

Leur influence sur le développement des divers mouvements évangéliques est indéniable. Par leur attachement à la lecture de la Bible, au chant choral, par leur vie communautaire, leur vision de l’évangélisation, ils sont proches des mennonites et les ont sans doute influencés, même si l’on n’a pas encore pu décrire de manière précise les relations exactes entre les deux communautés dans l’Est de la France.
Le best-seller des Frères moraves, « Paroles et Textes pour chaque jour », traduit en 50 langues, un petit recueil qui paraît depuis 1731, crée chaque jour un lien vivant entre plus de deux millions de chrétiens à travers le monde entier.

Deux anniversaires en 2007
L’église morave célèbre deux anniversaires en 2007 : 550 ans de l’église morave et 275 ans de la mission morave.

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