Construire l’Eglise : le travail de tous, par Frédéric de Coninck

Le prochain Dossier de CHRIST SEUL, des petits livres 3-4 fois par an en plus du mensuel, est sous presse. Ecrit par Frédéric de Coninck, il est la version d’un cours biblique donné à l’Eglise d’Altkirch en novembre 2007.

La table des matières se présente ainsi :

– Dis-moi comment ton Eglise est structurée, je saurai mieux qui tu es

– L’Eglise, une nouvelle société

– La croissance de l’Eglise par la mise en oeuvre des dons de chacun

– Des conflits pour apprendre

– L’Eglise, un lieu pour guérir et grandir : une école de miséricorde

Des questions d’appropriation terminent chaque chapitre. Et voici, en avant-première et pour vous donner envie, un extrait :

« L’Eglise est donc un lieu où les groupes sociaux se pardonnent les uns aux autres les souffrances qu’ils se sont infligés les uns aux autres. Le pardon concerne les juifs et les grecs en tant que groupes et pas uniquement les membres d’Eglise en tant qu’individus (mais cela concerne aussi les individus, bien sûr). Ce pardon entre groupes veut dire que nous sommes capables de vivre les différences culturelles comme une source de richesse. Que pensons-nous de la musique que les autres aiment, des chants qu’ils chantent à tue-tête ? Comment jugeons-nous la manière dont les autres s’habillent ? J’ai vu, déjà, des chrétiens se heurter à cause de la quantité de sucre dans une boisson aux fruits : il y a les partisans des purs jus de fruit et ceux qui boivent volontiers des sodas ou des nectars ! Tout peut devenir prétexte à tensions. L’un n’a pas l’habitude d’exprimer ses émotions en public ; l’autre pleure facilement. L’un emploie un vocabulaire recherché, l’autre le trouve « vieille France ». L’un prêche à la manière Africaine : en gardant pour la fin l’explication d’ensemble. L’autre prêche à la manière Nord-Américaine : en exposant tout de suite les trois points qui vont structurer son discours. Comment vivre tout cela comme une richesse ?

Ce pardon que nous accordons aux autres et aux autres groupes sociaux vient de la croix. Christ a « dans sa chair annulé la loi avec ses commandements et ses observances. Il a voulu, ainsi, à partir du Juif et du païen, créer en lui un seul homme nouveau, en établissant la paix, et les réconcilier avec Dieu, tous les deux, en un seul corps, au moyen de la croix ; là il a tué la haine » (v. 15-16). C’est devant la croix que nous pouvons nous réconcilier les uns avec les autres. C’est parce que nous sommes réconciliés avec Dieu que nous laissons tomber la haine à l’égard des autres. Devant la croix, en effet, nous sommes tous à égalité car, devant la croix, nous sommes tous pécheurs. Qui peut se dire supérieur à l’autre ? Qui a encore le droit à l’arrogance ? Qui peut dire qu’il n’a jamais été que victime et qu’il n’a, lui-même, jamais blessé les autres ? Devant la croix nous reconnaissons que nous avons tous, en tant qu’individus et en tant que groupes, besoin du pardon de Dieu. « Tous ont péché » (Rm 3.23). A partir du moment où nous reconnaissons que l’autre, avec sa culture, avec sa position sociale, avec son histoire, a autant besoin du pardon que moi, avec ma culture, avec ma position sociale, avec mon histoire, nous pouvons entamer avec lui d’autres relations. Cela « tue la haine » pour parler comme Paul. C’est le début de la nouvelle société. »

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