Pour assoiffés de justice

 Dans Christ Seul, Stimuler

Le dernier article de la série sur le livre d’Amos résume les interpellations à garder de ce prophète dérangeant. A repasser dans son coeur…

Amos, éleveur du royaume du sud (Juda), est envoyé par Dieu dans le royaume du nord (Israël) pour proclamer un oracle de jugement. A priori, on pourrait penser que les références du messager et la portée du message sont très limitées. Les huit précédents articles parus dans CHRIST SEUL ont montré que l’éleveur de Teqoa n’a en fait jamais cessé d’être d’actualité. Quelques glanures au fil de cette année 2008.
• Comme prophète de son temps et du nôtre, Amos délivre un message centré sur la justice sociale et l’économie. Il me rappelle qu’adorer Dieu, c’est avant tout me comporter de façon juste (2,8).
• Comme prophète des nations, Amos me questionne sur mon sens de la justice. N’ai-je pas souvent tendance à considérer les exigences de Dieu à mon égard moindres que celles que j’impose aux autres ?
• Face aux riches Samariotes, Amos se place en adversaire de l’Évangile de la prospérité (8,4-7).Les spasmes de l’économie mondiale contemporaine confirment que les leviers de la prospérité n’appartiennent qu’à quelques uns. Venir en aide à ceux qui sont dans le besoin est aussi un geste d’adoration.
• Face au culte de Dieu sans justice, Amos me propose un test pour évaluer ma spiritualité : le droit et la justice comme un torrent qui coule (5,24). Quel culte est-ce que je rends à Dieu ? Adorer et se ressourcer comme personne et comme communauté : d’accord medit Amos, mais toujours connecté aux besoins du monde.
• Comme prophète de l’urgence, « lorsqu’il est minuit moins cinq », Amos m’encourage, dans ma démarche de mémoire, à me souvenir des actes de Dieu, à déposer mes échecs et à retourner à Dieu dans la radicalité de la pratique de la justice, afin d’être disponible aux côtés des victimes d’aujourd’hui (5,14-15).
• Face à l’imposture des fausses sécurités, Amos me questionne sur ce qui fait ma sécurité (6,1). Ma foi en Jésus est souvent en concurrence avec ma carte bancaire, avec l’euphorie des victoires passées, avec un mode de vie générateur de violence, que ce soit au niveau de mon confort personnel ou de mon appartenance à l’une des premières nations productrices d’armes.
• Comme émissaire de Dieu en procès avec son peuple, Amos m’engage à méditer sur les ruines de Samarie qui ont préludé à celles du Proche Orient à partir du septième siècle de notre ère, puis plus récemment, celles de la chrétienté (6,11). Dieu peut très bien se passer de mon Église si le droit et la justice ne sont plus au centre de ses préoccupations.
• Comme messager de restauration, Amos m’encourage à porter mon regard au-delà des ruines de notre civilisation postchrétienne pour contempler le peuple de Dieu purifié par la croix et qui est libéré de toute frontière nationale ou ethnique (Ac 15,16-17 & Am 9,11-12).
Parmi les thèmes de la prophétie d’Amos, celui du jugement du peuple de Dieu traverse l’ensemble de l’oracle. Or, l’idée que Dieu commence par juger son propre peuple est commune à plusieurs prophètes de l’Ancien Testament et elle se retrouve dans les écrits intertestamentaires (cf. encadré). Elle n’est pas non plus étrangère au Nouveau Testament. Jésus promet la persécution à ses disciples (Mt 10,16ss).

ACCUEILLIR LA PERSÉCUTION

Si aujourd’hui afficher sa foi en Jésus provoque de plus en plus de réactions hostiles, nous ne sommes pas en Occident confrontés à des situations de persécution au même titre que celles et ceux qui dans, l’Église mondiale, souffrent au-delà de leurs forces. Soyons fidèles dans notre intercession pour eux ; que Dieu les garde intègres dans l’épreuve, et qu’il nous aide à l’accueillir le jour où elle vient à nous.

MANIFESTATIONS SPIRITUELLES

Et si Dieu devait entrer en procès avec son peuple aujourd’hui par l’intermédiaire d’Amos ? Et si nous prenions au sérieux ses paroles et questionnions notre spiritualité dans ses manifestations ?

EMPÊCHEURS DE TOURNER EN ROND

En lisant la prophétie d’Amos, on entend des échos de la voix de Martin Luther King, prophète de la justice sociale. Comme Amos, MLK a inspiré, par son radicalisme, de nombreux « empêcheurs de tourner en rond ». N’ayons pas peur, nous aussi, de démasquer ici tout ce qui peut générer de la violence ici comme au loin. Oscar Romero, archevêque de San Salvador, assassiné en 1980, avait écrit une lettre au président des États-Unis, Jimmy Carter. « Vous dites que vous êtes chrétien. Si vous êtes vraiment chrétien, s’il vous plaît, arrêtez d’envoyer de l’aide militaire à l’armée ici, parce qu’ils ne l’utilisent que pour tuer mon peuple. »

Les liens vers tous les articles de la série sont disponibles sur le blog.

 

UN JUGEMENT QUI JUGE DIGNE
« C’est pourquoi il n’a pas épargné d’abord ses propres fils… C’est pourquoi ils ont été punis afin qu’ils puissent être pardonnés. »
2 BARUCH 13,9-10 (ÉCRIT NON CANONIQUE)
« Car c’est le moment où le jugement commence par la maison de Dieu. »
1 PIERRE 4,17
Pour Pierre, la persécution est « jugement » dans la mesure où elle appartient aux temps de la fin caractérisés par « LE jugement ». Elle est un test de la foi, montrant si elle est authentique ou non (1 Pi 4,12). Elle est identification aux souffrances du Christ (1 Pi 4,13-14) et discipline, jugement (dans le sens de l’expression « juger digne ») qui montre à ceux qui souffrent qu’ils font partie de la famille de Dieu, et que leur Père les purifie afin de les rendre conformes au Fils (d’après P. H. Davids, Hard Sayings of the Bible).

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