« Mennonites d’hier et d’aujourd »hui, par Neal Blough, à commander en ligne
Ecrit par Neal Blough, ancien de l’Eglise de Châtenay-Malabry, directeur du Centre Mennonite de Paris et professeur d’histoire de l’Eglise à la Faculté de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, ce Dossier traite en 88 pages, avec illustrations et citations, de cinq siècles d’histoire et des développements en cours au sein de la fraternité mennonite dans le monde.
Ou alors s’abonner aux Dossiers de CHRIST SEUL (trois petits livres par an).
Et pour donner envie, voici un extrait de ce Dossier « Mennonites d’hier et d’aujourd’hui ».
Assimilation ou non-conformité ?
Le début du 20e siècle place les mennonites devant plusieurs réalités nouvelles. Dans de nombreux endroits, et souvent par la force des circonstances, les mennonites avaient maintenu leur identité par la constitution de communautés ethnico-linguistiques plutôt fermées et séparées. Ce qui, au début, était un principe théologique (la non-conformité au monde, d’après Romains 12) pour répondre à un contexte hostile, était devenu avec les siècles une réalité ethnique et sociologique. Dans le Jura bernois, les mennonites devaient par exemple vivre au-dessus de mille mètres et ils continuaient à parler le bernois tandis que leurs voisins parlaient le français. En Russie, la vie mennonite se déroulait dans des colonies et des villages constitués entièrement de mennonites germanophones qui ne parlaient pas le russe. L’émigration constante avait reproduit ce même phénomène dans bien d’autres contextes en Amérique du nord. L’exemple peut-être le plus connu pour beaucoup aujourd’hui est celui de l’évolution des Amish en Amérique du nord. Ces anabaptistes conservateurs, s’habillant d’une certaine manière, refusant certaines évolutions technologiques et parlant toujours un dialecte distinct, rendent de manière très visible leur principe de non-conformité.
Tout au long des siècles, en divers lieux, les mennonites finissent par s’installer et s’acculturer. Ils deviennent citoyens des pays divers où ils se trouvent et parlent leurs langues. Comment rester fermes aux convictions traditionnelles ? Comment rester séparés, à l’écart du monde ? Ou bien est-on obligé de rester différents ? Pourquoi ne pas être comme les autres ? Etre membre d’une communauté qui est différente par principe est en effet « fatigant » et le désir d’assimilation se manifeste tôt ou tard. N’était-ce justement pas cette question-là qui avait provoqué le schisme amish à la fin du 17e siècle ?
Les Néerlandais avaient commencé le processus d’assimilation très tôt, dès la fin du 16e siècle. Ailleurs, le processus commence à des moments différents. Depuis leurs origines membres d’un peuple « à part » et « différent », les mennonites connaissent une crise d’identité récurrente. Sont-ils d’abord mennonites, protestants ou évangéliques, ou désormais Néerlandais, Allemands, Suisses, Français, Canadiens ou Américains ? Doivent-ils, comme les mennonites français au début du 20e siècle, adopter la langue du pays ou garder tel dialecte allemand ? Doivent-ils se rapprocher d’autres chrétiens dont les convictions semblent voisines ? Doivent-ils entrer dans le mouvement missionnaire moderne qui a commencé à la fin du 18e siècle et partager leur foi avec d’autres, comme ils l’avaient fait au début de leur mouvement ? Et surtout, la question la plus difficile, peuvent-ils, doivent-il participer aux guerres que se font les nations modernes ? Les réponses à toutes ces questions n’ont jamais été unanimes et sont souvent à l’origine des différences et des schismes au sein de la grande famille mennonite. Comment être « dans le monde » sans être « du monde » comme le préconise l’Evangile de Jean ? C’est l’une des questions principales qui traverse toute l’histoire des mennonites.
La première moitié du 20e siècle a vu plusieurs efforts de réponse à ces questions difficiles et nous voulons en décrire plusieurs dans les paragraphes qui suivent.
Neal Blough, Mennonites d’hier et d’aujourd’hui », p. 47-49.