Identité ou appartenance ?

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imagesVoici un avis remarquable sur un sujet qui agite actuellement la France, à savoir la question de l’identité nationale.

Dans la perspective des élections régionales, le gouvernement, fidèle à lui-même, relance le débat sur l’immigration mais cette fois par un autre biais. Il s’agit aujourd’hui de définir ce qu’est notre identité nationale. Bien malin qui pourra le dire !

Avant nous, des chercheurs ont tenté d’en donner une définition sans jamais parvenir à s’entendre. C’est que l’identité nationale n’est pas un concept mais une expression du langage politique.

En France, ce n’est pas la première fois qu’une telle question est posée et le plus souvent dans des heures assez sombres et pour des motifs pour le moins douteux. Mais la France n’a pas l’apanage en la matière : ainsi en 1995, la Côte-d’Ivoire a tenté de définir l’ivoirité dans le but non avoué d’écarter de la présidentielle Alassane Ouattara et l’on connaît les dérives violentes auxquelles cela à conduit. Définir une identité nationale aboutit logiquement à l’exclusion, puisqu’elle tend à établir une différence entre les individus qui peuplent le même territoire à partir du mot «nation», dont la connotation guerrière n’est plus à démontrer. Un pays n’a pas besoin de se définir, il est en mouvement et parle de lui-même.

La mondialisation de l’économie, de l’information et de la communication contribuent bien plus que l’immigration à l’évolution de l’identité nationale. Elle ne peut être fixée une fois pour toutes. Elle se construit, au grès de l’histoire, jour après jour, elle est en marche, en devenir.

Il y a tellement de manières d’être Français qu’on se demande si le gouvernement n’a pas l’intention de nous dicter quelle est la bonne ? Est-ce à dire qu’on pourrait aller jusqu’à retirer la nationalité à ceux qui n’entrent pas dans le moule ? On peut être d’un pays sans nécessairement souscrire à l’ensemble de ses caractéristiques, valeurs et options. Ainsi Française, je refuse d’adhérer aux paroles de notre hymne national. En suis-je pour autant moins Française ?

Une fois pour toutes, est Français celui qui est titulaire de la carte d’identité, qui, elle, n’a aucune prétention à la définition mais est le signe d’une appartenance de choix mais surtout de fait. Rares sont ceux qui, nés sur le territoire, se sont un jour posé la question de changer de nationalité.

Certaines de nos appartenances, relevant du choix individuel, peuvent avoir pour nous bien plus d’importance que notre nationalité. Ainsi nos appartenances sont multiples, multiple aussi la façon de les harmoniser en nous. On naît Français, comme on naîtrait Javanais ou Italien et en cela nous n’avons aucune responsabilité. Puisque nous sommes nés, il faut bien que soit quelque part ! Notre éducation familiale et scolaire nous porte à être fiers d’un passé dont nous ne sommes en rien la cause. Ce qui est de notre responsabilité c’est de construire le présent.

Et pour moi, monsieur Besson, le présent, c’est tendre la main à l’autre, faire tomber les murs de séparation que sont les inégalités, les discriminations et la peur de l’autre.

Marie Boudier
Bulletin d’information de la branche française du Mouvement international de la Réconciliation, novembre-décembre 2009

 

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