Les mennonites congolais fêtent 100 ans d’existence

Daniel Geiser-Oppliger de Suisse a participé aux festivités du centenaire comme délégué du Comité Européen du Réseau Mennonite Francophone. Echos.

La célébration du centenaire de la Communauté Mennonite du Congo (CMCo) avait pour thème : 100 ans d’évangélisation et de rencontre des cultures. Les festivités ont eu lieu du 16 au 22 juillet 2012 à Tshikapa, siège de la CMCo dans le nouveau centre bâti pour cet événement. La CMCo est la plus ancienne des trois communautés mennonites en République Démocratique du Congo. La célébration a été précédée par l’assemblée générale annuelle de la CMCo. Les membres du bureau et du comité ont tous été renouvelés dans leur fonction, Adolphe Komuesa Kalunga comme président. Une décisions clef a marqué cette assemblée générale : les femmes théologiennes peuvent dorénavant être consacrées au ministère pastoral.

Chants et danses

Pour participer à ces célébrations, une chorale de plus de 50 jeunes chanteuses et musiciennes ont parcouru près de 145 kilomètre à pied avec leurs bagages, leurs instruments, quelques-unes des mamans portant un enfant sur le dos. Elles sont venues de Djoko Punta, un des premiers lieux où la mission a commencé en 1912. Pour exprimer notre bienvenue et nous saluer le 16 juillet comme hôtes venant de l’étranger (USA, Canada, Europe), elles ont dansé et chanté pendant 40 minutes. Parfois, elles étaient habillées de jolies robes roses qu’elles avaient cousu elles-mêmes. Lors d’autres présentations, elles portaient des robes jaunes ou bleues. Chaque matin lors du culte à 9 heures et à d’autre réunions, elles étaient présentes avec une contribution de chants et de danses…

Reconnaissance pour les missionnaires

Le président Adolphe Komuesa a annoncé lors de l’ouverture de la célébration: « Notre festivité du centenaire sera joyeuse et bruyante » : cela s’est confirmé ensuite !  Dans son discours, Adolphe Komuesa a exprimé sa gratitude et sa reconnaissance au nom des mennonites congolais envers les missionnaires qui sont venus au début du 20e siècle dans des circonstances climatiques difficiles, une politique instable et des infrastructures précaires. Ces hommes et ces femmes ont apporté l’ l’Evangile de notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, selon la confession anabaptiste. De pair avec l’évangélisation, ils ont bâti des écoles pour l’enseignement des enfants et des hôpitaux pour soigner les malades et les accidentés. Adolphe Komuesa a souligné que dès le début les missionnaires ont travaillé avec les Congolais. Ils ont partiellement déjà pratiqué ce que l’on appelle aujourd’hui le partenariat. La majorité des hôtes de l’Amérique du Nord qui étaient présents aux célébrations sont des descendants de missionnaires ou ont eux-mêmes travaillé comme médecin, enseignant, infirmière, comptable plusieurs années en République Démocratique du Congo. Adolphe Komuesa nous a priés de nous lever pour un moment de silence, signe de commémoration pour les sœurs et les frères qui ont sacrifié leur santé et leur vie pour l’œuvre de Jésus-Christ.
Les thèmes tels que : l’histoire de la mission (Congo Inland Mission, maintenant African Inter-Mennonite Mission ; l’implantation autonome des Eglises par les Congolais ; l’identité anabaptiste congolaise ; la promotion de la femme et le sacerdoce féminin dans la CEMCo ; l’action et l’impact dans le développement économique et social de l’Eglise ont été traités. Au programme, il y avait aussi des présentations théâtrales, des danses de jeunes et de femmes, des concerts de chants et des expositions de photos. Avec un hôte des USA, l’animateur des jeunes a préparé des jeux pour six équipes de football.

Le deuxième centenaire commence !
Dimanche 22 juillet, près de 400 participants célébraient la clôture des festivités. Dans ses paroles finales, le président A. Komuesa a dit : « Frères et sœurs, le second centenaire commence aujourd’hui. Nous rendons grâce à Dieu pour sa fidélité envers nous. Nous sommes reconnaissants pour la grâce qu’il nous a accordée pendant ces 100 ans. Allons au travail et soyons fidèles dans le service que Dieu nous confie. » La chorale évangélique mennonite de Dibumba a interprété le chant composé pour la célébration : « Aujourd’hui, nous sommes ici pour rendre grâce à Dieu, nous sommes maintenant beaucoup de mennonites. Puissions-nous œuvrer dans l’unité et l’amour pour témoigner [de] la bonne nouvelle de Jésus-Christ. »

Seconde festivité
La Communauté Évangélique Mennonite (CEM) a célébré elle ses 50 ans d’existence du 23 au 26 juillet à Mbuji Mayi. A l’origine, des membres de la CMCo ont dû quitter le Kasaï Occidental à cause de troubles violents et sanglants contre certaines ethnies et ont fui au Kasaï Oriental. Sous l’influence de politiciens véreux, les fidèles d’une même Eglise (la CMCo) ont dû se séparer. Avec l’aide de Congo Inland Mission et du Mennonite Central Committee, le pasteur Matthhieu Kazadi Lukuna et quelques anciens ont fondé alors la Communauté Evangélique Mennonite le 1er septembre 1962 à Mbuji Mayl dans le Kasaï Oriental. L’ex-président de la CEM, le pasteur Pascal Misakabu, a fait un excellent rapport de cette histoire émouvante.

Consécration d’une femme pasteur

L’un des points forts de cette célébration a sans doute été la consécration de la première femme au ministère de pasteur. La sœur Mimi Kanku (mère de deux enfants) de Kinshasa a été consacrée à ce ministère avec 15 frères. Le président pasteur Benjamin Mubenga et quelques pasteurs ont prié et béni les frères et la sœur pour leur nouveau ministère en imposant les mains sur chacun d’eux.

Comme lors des célébrations à Tshikapa, les festivités se sont terminées par l’intervention de plusieurs chorales d’ethnies différentes (Tshokwe, Lulua, Pende). Un moment fort, touchant les cœurs: Soli Deo Gloria !
Daniel Geiser-Oppliger, Tolochenaz (CH)