Quel avenir pour les mennonites en Europe ?

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Une fois par année, les présidents et responsables des unions d’Eglises (ou conférences) mennonites en Europe se retrouvent. Lors de leur dernière rencontre à Elspeet (Pays-Bas), l’intérêt pour la création d’un poste de coordination a été confirmé. Les responsables des conférences ont aussi réfléchi au renouvellement du témoignage de paix et aux perspectives d’avenir des assemblées.

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Au début de la rencontre, qui a eu lieu à la fin de l’année 2012, le responsable des réunions, Otto Blecker, a souligné la vocation des assemblées mennonites européennes à être des Eglises de paix et il a esquissé l’approbation de Dieu pour une paix durable selon Michée 4.3. Pour Blecker, les assemblées mennonites sont appelées à être des communautés radicales et non-violentes.

Pour approfondir le sujet de la paix, Fernando Enns de Hambourg a fait un exposé sur le défi lancé aux Eglises européennes par le contexte social et sur l’importance d’un témoignage de paix vécu. Le nombre des membres des Eglises européennes continue de diminuer et la voix de l’Eglise devient de plus en plus faible. Pourtant, chez les gens, les aspirations à la paix restent intactes. Mais dans l’identité des Européens, la religion ne tient plus aujourd’hui la place centrale qu’elle occupait au 16e siècle, lorsque le mouvement anabaptiste est né. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’être un mouvement d’opposition, comme en ce temps-là, parce qu’aujourd’hui beaucoup des valeurs fondamentales des anabaptistes sont acceptées dans la société. Enns voit les mennonites européens placés devant le défi de redéfinir l’identité mennonite : quelle est la vocation des assemblées mennonites dans l’Europe d’aujourd’hui ? Qui y travaille et quelle plate-forme s’attelle à cette tâche ? Il n’y va pas uniquement de la question de la paix, mais de la question du rôle de l’assemblée, de l’Eglise aujourd’hui. Le « shalom » de Dieu pour l’assemblée et le monde tient une place centrale dans la vocation des mennonites. La paix n’est pas une option, mais le cœur même de l’Evangile.

Au cours des échanges, il est apparu qu’il y aurait pour les assemblées et les conférences beaucoup de possibilités d’oeuvrer pour la paix dans la société et de rendre ainsi notre vocation visible et bénéfique pour la société. Etre artisans de paix, que ce soit dans un cercle d’amis, dans le quartier ou dans l’Eglise, c’est notre chance et en même temps notre tâche ; ce fut là l’idée maîtresse. Malgré cette prise de conscience, on a renoncé pour le moment à définir des mesures concrètes. C’est là que le poste, annoncé, de coordinateur pour les conférences mennonites européennes pourrait aider à avancer.

Un poste à 20 % pour les 69 000 mennonites ?
Depuis l’accord pour la création d’un poste de coordination à temps partiel lors de la dernière rencontre en 2011, pour les quelque 69 000 mennonites d’Europe, aucune démarche supplémentaire n’a encore pu être entreprise. L’intérêt pour ce poste a été confirmé aussi par la Conférence Mennonite Mondiale et le Comité Central Mennonite en Europe. Maintenant, le profil élaboré de poste à 20 % et son financement doivent encore être discutés par les conférences de chaque pays.

César Garcia, le nouveau secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale, a transmis les salutations et les encouragements de la communauté mennonite mondiale et a souligné l’importance des frères et sœurs européens pour le reste du monde. D’après lui, le besoin d’une communauté mondiale se fait sentir tout particulièrement dans les temps d’affliction et de persécution, lorsqu’on a tout spécialement besoin de Dieu et des autres et que des gens vous disent : « Vous n’êtes pas seuls en chemin. » comme les frères et sœurs au Vietnam, au Zimbabwe, au Panama ou aux Philippines en font l’expérience en ce moment. César Garcia a invité les européens à participer nombreux au prochain rassemblement mennonite mondial en Pennsylvanie (USA) en juillet 2015.
« On comprend le mieux l’importance de la communauté mondiale si on en fait l’expérience », a-t-il dit aux responsables des conférences.
Compte-rendus des divers pays : partout les assemblées sont encouragées
Tous les participants au Congrès Mennonite Européen (CME) à Sumiswald (Suisse) en 2012 ont beaucoup apprécié ce congrès et ont considéré comme un plus la présence de nombreux frères et sœurs du monde entier.
Henk Stenvers a noté dans son rapport devant les responsables des conférences comme l’une des leçons du CME : « Si nous regardons uniquement ce que nous n’avons pas, nous n’organiserons plus des rassemblements aussi importants qu’un CME. Mais si nous prenons conscience de ce que nous avons et si nous avançons en toute confiance vers ce dont nous avons besoin, ceci nous sera donné, et même un CME. »
Après les nombreuses fêtes anniversaires de 2012, les assemblées des Pays-Bas  ont investi dans la communication : elles ont créé un nouveau journal, une lettre d’information par informatique et renouvelé le site informatique. Elles ont décidé aussi que dans les cinq à sept prochaines années, les thèmes de la paix, de la justice et de l’identité seraient primordiaux.
Depuis les années 1980, il n’y a plus de conférence en Belgique, mais seulement une assemblée. Longtemps le Centre Mennonite de Bruxelles a joué un rôle important dans la sensibilisation à la question de la paix et à la médiation. Après l’arrêt du soutien venant d’Amérique du Nord, le Centre situé près des institutions européennes a été fermé. Il existe des projets de fonder une assemblée dans la région de Bruxelles.
On a aussi regretté la fermeture du Centre Mennonite de Londres qui a été dans les années passées un foyer et un lieu d’inspiration pour beaucoup de frères et sœurs.
En France, il règne beaucoup d’enthousiasme parmi les jeunes. On engage des pasteurs pour jeunes et on crée de nouvelles assemblées. Des assemblées réfléchissent à la manière d’être en contact avec des musulmans.
En Suisse, l’année 2012 a été marquée par deux grandes rencontres internationales, le Congrès Mennonite Européen à Sumiswald et le rassemblement des délégués de la Conférence Mennonite Mondiale à Bâle. La vie des assemblées a été enrichie par les nombreux visiteurs et par les échanges. A l’intérieur de la conférence, un processus de renouvellement est en cours, on est à la recherche d’une nouvelle direction et on travaille au remaniement des structures.
En Allemagne, les différentes conférences sont occupées à des tâches diverses. Comme dans d’autres pays, les ressources en personnes et en finances manquent. Pendant que certaines assemblées ont pour thème principal l’identité, d’autres parlent avant tout avec les musulmans et les étrangers. La présence accrue des militaires allemands dans les écoles pour s’adresser aux jeunes préoccupe les assemblées. La conférence qui chapeaute plusieurs conférences a décidé de prendre dorénavant ses décisions par des procédures de consensus.

 

Pour terminer, les responsables se sont retrouvés pour un culte à la Singelkerk d’Amsterdam, une des églises mennonites les plus anciennes au monde ; depuis 1530 déjà, des mennonites se réunissaient là pour un culte en commun dans la métropole hollandaise. La méditation, lors du culte, du psaume 146 : « Dieu est le secours et l’espérance de son peuple » a donné à la fois le résumé de la rencontre et les perspectives d’avenir. Les visiteurs ont reçu le prospectus de l’assemblée qui se terminait par la question suivante : « Aimeriez-vous avec un contact avec une assemblée mennonite ? » Bonne question !

Markus Rediger, membre du Comité exécutif de la Conférence Mennonite Mondiale, Berne, traduction de l’allemand par Frieda Manga

 

Légende photo : les présidents et responsables des conférences mennonites en Europe dan la nouvelle chapelle du Centre de congrès Mennorode à Elspeet, Pays-Bas.

De g. à dr. debout : Frieder Boller (Allemagne), Henk Stenvers (Pays-Bas), Markus Rediger (Suisse), Peter Crossman (Belgique), Silke Brohl (Allemagne), Otto Blekker (Pays-Bas), Roland Nussbaumer (France), Jean-Victor Brosseau (MCC Europe), Heinrich Klassen (Allemagne), John R. Klassen (Allemagne), Max Wiedmer (France).

De g. à dr. assis : César Garcia (CMM et Colombie), Doris Hege (Allemagne), Rainer Burkhart (Allemagne), Annie Brosseau (MCC Europe), Andreas Martin (Suisse), Liesa Unger (CMM, Allemagne).

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