ACTES DES APÔTRES : COMMENT L’ÉGLISE EST NÉE… JALONS POUR AUJOURD’HUI !
Cet article est une introduction à deux voix au thème de l’année pour cette rubrique : « Naissance et développement des Églises selon les Actes des Apôtres. » Ce thème a été retenu pour accompagner les projets d’implantation d’Eglises en cours au sein des Églises mennonites en France.
Les « Actes des Apôtres » se présentent comme la seconde partie d’un seul ouvrage, écrit par Luc, le médecin (Ac 1.1 ; Col. 4.14).
Elle raconte les événements qui ont suivi la résurrection de Jésus, jusqu’au moment où la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, atteint Rome, la capitale de l’empire.
Luc s’implique lui-même dans le récit par des passages en « je » à partir du chap. 16 et se présente comme un compagnon de Paul.
NAISSANCE DE L’ÉGLISE
Le récit commence à Jérusalem, dans le contexte compliqué du judaïsme du premier siècle : l’attente du Messie est exacerbée par l’occupation romaine. Après une tentative de soulèvement contre l’occupation grecque (2 e siècle av. J.-C.), le peuple juif se résigne mal à l’occupation. Pour les uns, il faut collaborer ; pour les autres, il faut s’exiler au désert ou se réfugier dans la rigueur d’une piété légaliste ; romaines. Le livre des Actes se fait l’écho des voyages missionnaires de Paul et de son équipe, et de la naissance des Églises en Asie Mineure.
Une première persécution (chap. 8) contraint les disciples à s’éloigner de Jérusalem et à se disperser, hors de Jérusalem : la Judée, la Galilée, la Samarie, et peu à peu tout l’Empire romain sont atteints par le message de l’Évangile.
ÉLARGISSEMENT
La tâche des apôtres ne sera pas aisée. Confiée par Jésus, la mission d’aller et de prêcher la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre et de mettre en place des communautés de croyants, s’accomplit avec l’aide du Saint-Esprit, malgré l’opposition des synagogues juives et des autorités romaines. Le livre des Actes se fait l’écho des voyages missionnaires de Paul et de son équipe, et de la naissance des Églises en Asie Mineure.
DÉFIS DES PREMIÈRES ÉGLISES
De grands défis mettent à l’épreuve ces jeunes Églises qui cherchent à pratiquer l’enseignement de Jésus-Christ :
– annoncer la nouveauté de l’enseignement de Jésus et son rapport avec la loi de Moïse ;- intégrer les païens ;
– savoir résister à l’hostilité et des juifs et des Romains ;
– résoudre les questions éthiques, sociologiques et théologiques posées dans des groupes multiculturels ;
– formuler et articuler la foi chrétienne pour des personnes d’origines différentes.
Le livre des Actes se termine par le procès de Paul, dont l’issue n’est pas connue. L’Évangile est arrivé « jusqu’aux extrémités de la terre », sous la direction et avec l’aide du Saint-Esprit.
CONTEXTES RAPPROCHÉS
Le monde d’aujourd’hui ressemble au premier siècle de notre histoire. Tandis que les disciples de Jésus vivaient à l’ère de la pré-chrétienté, la période actuelle, dite de post-chrétienté, est celle d’une Église distincte du pouvoir politique où l’homme n’est plus chrétien par naissance.
La post-chrétienté a pourtant accouché d’un scepticisme latent à l’égard de la foi chrétienne, héritage de la philosophie des Lumières et d’un clergé dogmatique, à l’image écornée par l’ornement des cathédrales ou certaines affaires de mœurs récentes.
Aujourd’hui, la quête de spiritualité, essentiellement personnelle, demeure et prend des formes variées : outre les « religions » dominantes (bouddhisme, islam, athéisme), l’individu est tenté par la réalisation de soi, le culte du bien-être, l’attrait des nouvelles formes de méditation orientales.
La plupart des personnes qui nous entourent possèdent peu de culture biblique et se montrent critiques envers l’institution « Église ». L’indifférence voire la défiance à l’égard de l’Évangile rappelle de fait l’hostilité et la persécution du contexte des Actes.
DISCIPULAT ET PARTAGE DES RESSOURCES
Tandis que notre communauté anabaptiste poursuit l’implantation d’Églises en France, il importe de considérer la manière dont la première Église est née, quels Actes… elle a posés, pour que le témoignage rendu à Jésus reste fidèle et lisible. L’Église primitive, loin d’être parfaite, a prêché et pratiqué une vie de disciple dans sa manière de gérer l’argent, de rejeter les distinctions de statut social et toute forme de violence.
Le témoignage rendu à Jésus envers l’extérieur émanait d’abord de la vie à l’intérieur des murs : le partage des biens par souci de générosité envers les plus pauvres (Ac 2. 45) doit interroger notre pratique de la justice économique et notre manière de posséder en 2014.
L’Église dont nous suivons l’exemple avait une organisation collégiale. Comme le montre la teneur des débats lors de la conférence de Jérusalem, l’enseignement n’était pas la tâche d’un seul, mais plusieurs personnes réfléchissaient ensemble au sens des Ecritures (Ac 15.6-21).
La rencontre de Corneille avec Pierre est une vibrante illustration de la réconciliation prêchée par Jésus, entre un citoyen romain représentant la force d’occupation ennemie et un juif (Ac 10.1-35).
Enfin, le livre des Actes évoque dès son entame la survenance de l’Esprit Saint qui répand dans nos cœurs l’amour de Dieu. Le miracle de la Pentecôte exprime l’idée d’un partage communautaire dans l’action du Dieu trinitaire, puisque tous ceux qui étaient en ce lieu, et non les seuls apôtres, furent remplis de l’Esprit (Ac 2.1-3). Une nouvelle fois, Luc ne met pas en exergue l’expérience individuelle, mais il décrit d’abord un événement qui revêt de puissance tout un groupe et le prépare ainsi à la mission.