L’édito : Philoxénie ou Xénophobie

 Dans Christ Seul, Edito

C’est en Syrie que le mot « hospitalité » est devenu le plus concret dans ma vie. Avec des collègues étudiants en théologie, nous sillonnions le pays, visitant sites historiques et archéologiques. Arrivés dans un village pas vraiment touristique, une famille musulmane syrienne nous a proposé d’abord des boissons fraîches, puis le repas du soir, ensuite une douche et une djellaba pendant que nos habits poisseux passaient à la machine à laver, enfin l’hébergement pour la nuit, le tout se terminant par le petit-déjeuner avant les aurevoir… Lorsque l’on a bénéficié d’un tel accueil de la part de musulmans syriens, on n’est plus tout à fait le même…

Plusieurs articles de ce numéro abordent ce thème de l’hospitalité : en grec (la langue du Nouveau Testament), la philoxénie, littéralement, l’amour de l’étranger. L’hospitalité, c’est l’action de recevoir chez soi un étranger. Accueillir un ami serait plutôt de la philophilia.

OBJECTIONS ET RÉPONSES

Dans nos pays, les structures étatiques et associatives gèrent l’accueil des étrangers. On peut avoir l’impression que la question ne nous concerne pas. Que nos pays sont envahis par les migrants.

Qu’accueillir est trop compliqué du point de vue relationnel ou administratif. Que… Mais des associations cherchent des familles d’accueil. Mais les migrants fuient la pauvreté et la mort à petit feu.

Mais ceux qui s’engagent en faveur des demandeurs d’asile vibrent au fil des situations.

À côté des associations, les chrétiens et les Églises ont un rôle à jouer dans l’accueil des étrangers. Cela implique un sursaut devant l’indifférence, et un travail sur soi : sur le démon du racisme qui est tapi à sa porte (voir la lettre pastorale des évêques méthodistes en p. 22-23) et sur la xénophobie (peur et rejet de l’étranger), l’exact contraire de la philoxénie.

Au sein des Églises, il arrive que l’on reste étrangers les uns aux autres, à cause de différences qui éloignent ou de différends qui séparent. Accueillir à sa table, en ouvrant son chez soi, permet d’aller plus loin que les affinités, de dépasser les replis, de surmonter les préjugés, bref de se rencontrer.

C’est d’ailleurs ce que nous célébrons lors de la cène, ce repas d’hospitalité:accueillis par le Christ comme hôte invisible, ceux qui sont étrangers les uns pour autres – qu’ils soient étranges, d’ailleurs ou d’ici – deviennent… des frères et des soeurs. Philoxénie en Christ.

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