La bombe nucléaire est-elle has been ?

 Dans Christ Seul

Pour les gens de ma génération, nés après la chute de l’URSS, et après la guerre froide, la bombe nucléaire n’est qu’un bout d’histoire. Nous avons tous vu dans les livres la photo d’un champignon atomique, et nous avons entendu en cours d’histoire le récit des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, mais c’est du passé. Je ne me suis jamais inquiété d’une attaque nucléaire, pas plus que d’une invasion nazie ou d’un soulèvement monarchiste, toutes des menaces d’un ancien temps, celui de l’Histoire, avec un grand H.

LA PORTÉE LIMITÉE DES TRAITÉS INTERNATIONAUX

D’ailleurs, le 22 janvier 2021, les armes nucléaires ont été interdites ! Avec l’entrée en vigueur du Traité pour l’Interdiction de l’Arme Nucléaire (TIAN), la bombe et autres missiles atomiques sont devenus illégaux au niveau international. Oui mais… ce traité, bien que signé par 88 États de l’ONU, ne s’appliquera pas aux États qui ne l’ont pas ratifié, c’est-à-dire à ceux qui possèdent effectivement une arme nucléaire. Ces quatorze nations, possédant des arsenaux atomiques, restent convaincues que les mesures prises jusqu’ici sont suffisantes, par exemple le traité de non-prolifération. Celui-ci les engage à ne pas vendre ni acheter d’armes nucléaires à d’autres pays, à coopérer sur les applications pacifiques de l’énergie nucléaire, et à se diriger vers une procédure de désarmement.

PILIER DE LA DÉFENSE FRANÇAISE

Crédit Museums Victoria

Vous serez ravis d’apprendre que la France a suivi ces engagements, du moins en partie. Si on s’arrête en particulier sur le troisième point, il semblerait que, bien qu’elle ait effectivement réduit le nombre d’armes nucléaires en sa possession par rapport aux années 1980, la France n’a pas l’intention de se débarrasser de son arsenal. Bien au contraire, le président Hollande, puis le président Macron, ont tous deux rassuré les industries de la défense en rappelant, à plusieurs reprises, leur intention de maintenir à long terme leur stratégie de dissuasion nucléaire, et de moderniser leurs missiles, ainsi que les véhicules capables de les déployer. Et le gouvernement ne craint pas de mettre la main au portefeuille pour s’en assurer. Les plans de dépenses militaires étant renouvelés tous les cinq ans, le dernier en date, 2019-2025, annonce, en plus d’une augmentation générale de 23 % par an par rapport aux cinq ans passés, 25 milliards d’euros pour la dissuasion nucléaire. Bien loin de vouloir l’abandonner, et aller progressivement vers sa diminution, Emmanuel Macron a déclaré, lors d’un discours en février 2020, son ambition d’étendre l’arsenal et la « protection » atomique française aux autres États de l’Union Européenne.

PRÊTE À L’USAGE

En somme, il n’est pas étonnant que la France, et les autres pays détenteurs du feu nucléaire, aient balayé du revers de la main ce traité d’interdiction. Bien qu’une bonne partie de la planète s’inquiète du fait que des armes de destruction massive sont entreposées, et prêtes à être lancées, ceux qui ont le bouton à portée de main sont bien moins préoccupés. La pandémie n’aura pas mis à l’arrêt cette machine infernale puisque le 31 mars 2020, en plein confinement, l’armée de l’air s’est exercée à un raid nucléaire en simulant un lancement de notre plus gros missile, capable d’une explosion 25 fois supérieure à celle d’Hiroshima. Je vous laisse enfin avec cette pensée rassurante : dans la politique de dissuasion française, notre pays n’hésitera pas à lancer en premier la bombe. Selon notre doctrine de « l’Ultime avertissement », décrite par Valéry Giscard d’Estaing, « si l’adversaire, passant outre à toutes ces menaces, décidait de nous attaquer, l’atome tactique lui donnerait très vite le dernier et solennel avertissement qui conviendrait, avant l’apocalypse. »

Entre modernisation de l’équipement, volonté d’étendre les armes à plus de pays, et augmentation du budget alloué, la menace atomique reste, malheureusement, toujours d’actualité.

LE SECRET DÉFENSE

Ce que nous savons de notre arsenal nucléaire ne vient que des bribes d’information que les représentants militaires et politiques veulent bien lâcher lors des discours. Le secret défense couvre ce sujet – comme beaucoup d’autres, relatifs à l’armement – et, une fois de plus, empêche un regard extérieur et un contrôle démocratique de ces questions. Tous ces dossiers sont sous secret et plusieurs questions restent sans réponse : Quelle est notre politique de lancement ? Quand a-t-elle déjà été activée ? Y a-t-il eu des accidents ou de fausses alertes ? Aucune de ces questions, essentielles pour pouvoir analyser notre politique nucléaire, ne peut être posée. « Circulez, il y a trop à voir ? »

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