Toute la misère du monde
Au début des années 1990, un homme politique français avait déclaré que la France ne pouvait pas « accueillir toute la misère du monde ». L’affaire en son temps avait fait couler beaucoup d’encre : la France, patrie des droits de l’Homme, terre d’accueil depuis des siècles, pouvait-elle fermer la porte à des populations fuyant la guerre ou l’oppression ?
QUEL RÔLE POUR LE CHRÉTIEN ?
Les années ont passé, mais les crises récentes en Syrie, en Afghanistan ou encore au Soudan ont déclenché des exodes de populations qui suscitent toujours les mêmes réactions de la part de nombre de nos concitoyens. Et nous, en tant que chrétiens, comment réagissons-nous ? À moins d’occuper des fonctions dans le domaine juridique, notre rôle n’est pas de décider qui peut rester sur notre territoire, ni de déterminer si les raisons qui ont
poussé ces migrants à quitter leur pays sont légitimes ou non (même si cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir, voire d’agir sur les causes), mais de leur manifester l’amour de Christ.
Nous connaissons bien le commandement que Jésus place en seconde position dans la hiérarchie des commandements : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22.39). Mon prochain ? Quelles que soient sa nationalité, son origine, sa religion ? Oui, Jésus n’y ajoute pas d’exception, il n’y a pas d’astérisque renvoyant à une petite note en bas de page. D’ailleurs les évangiles nous montrent que le Fils de l’homme avait l’habitude de fréquenter ceux qui n’étaient pas très fréquentables (aux yeux des hommes) ; il n’a pas hésité à s’adresser à des étrangers, quand bien même ils faisaient partie des « ennemis » de son peuple.
COMMENT ACCUEILLIR ?
Comment pouvons-nous mettre cela en pratique aujourd’hui ? Le numéro de ce mois-ci nous propose des pistes de réflexion sur « comment accueillir l’autre avec sa différence » (p. 8), même s’il est « très différent » (p. 10). Si vous cherchez des actions concrètes, plusieurs ont été mises en oeuvre dans nos Églises, mais vous trouverez ici l’exemple de ce qui se fait au Geisberg depuis 2015 (p. 12). Il me semble d’ailleurs que cet article apporte un élément de réponse à notre question de départ : on ne peut peut-être pas « accueillir toute la misère du monde », mais l’essentiel, pour un chrétien, n’est-il pas d’accueillir ceux que le Seigneur nous envoie ?
Bonne lecture !