La maturité chrétienne

 Dans Christ Seul

PIERRE

L’apôtre Pierre est certainement un personnage biblique bien placé pour nous parler de ce thème. Son parcours est extraordinaire : de pêcheur d’une petite entreprise familiale, il se retrouve trois ans plus tard leader majeur de la première Église comptant plusieurs milliers de personnes. Sans compter qu’à peine née, celle-ci connaîtra des temps de persécution, des crises internes, de croissance et théologiques. Ce sont autant d’éléments qui ont conduit cet homme à avoir une grande expérience de la vie chrétienne et de l’Église. Il a de ce fait une légitimité pour traiter ce sujet.

L’ÉVANGILE DE MARC

L’évangile de Marc est significatif à ce propos puisque, selon la tradition chrétienne, Marc est le rapporteur de Pierre ; son évangile n’est rien d’autre que la transcription de ce qu’il a entendu de la bouche de celui-ci. Ainsi, lorsque nous lisons l’évangile de Marc, nous entendons non seulement Pierre nous raconter l’histoire de Jésus, mais aussi son propre cheminement et celui des autres disciples. Il n’est pas anodin que, dès le premier chapitre, nous y trouvions l’appel à suivre Jésus, c’est-à-dire à devenir disciples. Et plus que dans tous les autres évangiles, celui-ci nous présente Jésus avec les disciples. Pierre a le souci de former des disciples et il transmet, par l’évangile de Marc, son propre cheminement de maturité comme disciple de Jésus.

UNE SURPRISE

Crédit photo Alexander Milo

Quelle surprise lorsque nous lisons ce qui est écrit à leur propos : le récit n’est pas très élogieux à leur égard. On nous décrit des disciples qui ne comprennent pas (4.13 ; 6.52 ; 7.17 ; 8.14 ; 8.21 ; 9.31), qui ont peur (4.41 ; 6.49 ; 10.32 ; 14.50 ; 14.68), que Jésus reprend et corrige à plusieurs reprises (8.32 ; 9.38 ; 10.13), leur disant qu’ils manquent de foi (4.40), qu’ils sont sans intelligence (7.17 ; 8.16), que leur cœur est endurci (6.52 ; 8.18), de sorte que les disciples n’osent pas toujours interroger leur maître (9.31) par peur de sa réaction. On nous raconte encore des disciples qui se chamaillent (10.41), qui discutent entre eux pour savoir qui est le plus grand parmi eux (9.31), qui essaient de négocier avec Jésus pour recevoir des places privilégiées (10.32).

Si l’évangile commence par la description des disciples qui se mettent promptement à suivre Jésus-Christ (Marc 1.17-18,20 ; 2.14), leur dernière mention relate leur fuite après l’arrestation de Jésus, ainsi que le reniement de Pierre. Ainsi, les disciples sont les grands absents des événements de la crucifixion et de la résurrection de Jésus.

Pierre, encore plus que les autres, n’est pas épargné dans cet évangile. Il apparaît comme celui qui veut « réprimander » Jésus qui vient d’annoncer sa passion (8.32), qui refuse une prophétie de son Maître (14.27), qui se révèle incapable de veiller alors que Jésus demande son soutien (14.32), qui renie trois fois (14.66-72) et enfin, dans sa dernière apparition, celui qui est en larmes après ses reniements (14.72). Finalement, les disciples apparaissent sous des traits défaillants, à l’opposé de héros.

ÊTRE UN DISCIPLE

Nous remarquons que Pierre ne cache pas ses défaillances et que l’intention de ce récit n’est pas de ridiculiser les disciples, mais plutôt de nous enseigner la maturité. Une des premières leçons est certainement de nous faire comprendre que suivre Jésus relève davantage de la grâce que de ses propres capacités. Le disciple ne place pas sa confiance en lui, mais en Dieu lui-même. C’est même là, dans cette faiblesse et fragilité humaines, que Jésus choisit d’agir.

LA MATURITÉ CHRÉTIENNE

Partant de ce constat, nous pouvons nous aussi suivre Jésus avec l’évangile de Marc. Cela sous-entend par exemple de :

• Ne pas avoir peur de reconnaître son non-savoir, ses doutes.

• Être confronté à sa fragilité, sa vulnérabilité et défaillance.

• Reconnaître ses zones empreintes de jalousie, d’envie, de rivalité, bref ces lieux de résistance à l’œuvre du Christ.

• Reconnaître ses peurs et ses carences de foi là où elles se révèlent.

Cet évangile nous invite véritablement à découvrir que, malgré nos défaillances, Jésus reste là et chemine avec le disciple. Ce point de rencontre, entre cette fragilité humaine et la perfection de Jésus, révèle que personne ne peut suivre/imiter Jésus en ce sens que lui seul est Sauveur et Seigneur. Il y a donc un paradoxe : suivre Jésus tout en découvrant son incapacité. Serait-ce cela, le suivre avec la grâce de Dieu ?

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